On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: chauve-souris homme • Editeur: Warner Brothers Interactive • Date de sortie: novembre 2011

Batman : Arkham City

Par • le 3/7/2012 • PC, PlayStation 3, Tests & previews, Wii U, Xbox 360 • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Lors de cette funeste nuit à l’asile d’Arkham, les investigations du détective masqué lui avaient permis de mettre à jour la démence et la mégalomanie de Quincy Sharp, directeur de l’établissement. Aussi, lorsque celui-ci est élu Maire de Gotham City et s’adjoint les services de Hugo Strange afin de construire un gigantesque pénitencier au sein de plusieurs quartiers de la ville après en avoir exproprié les habitants, la chauve-souris comprend que des affaires louches se trament…

Distribution des pains

Le terrain de jeux est vaste et ouvert

C’est dans la peau de Catwoman que l’aventure commence. Farfouillant dans le coffre de Double-Face, cette dernière est rapidement faite prisonnière… de même que Bruce Wayne, le richissime playboy de Gotham. Mains attachées, celui-ci doit se défendre contre des prisonniers pas mécontents d’avoir un riche bourgeois à fracasser. La première différence majeure avec Asylum saute aux yeux : même au niveau de difficulté le plus élevé, à moins de jouer en New Game +, les intentions belliqueuses des adversaires apparaissent systématiquement à l’écran lorsqu’ils sont sur le point de frapper. Un choix pas si aberrant étant donné que moult affrontements se feront contre au minimum six ou sept assaillants, et que leur résistance a été revue à la hausse ; même pour un vétéran du premier épisode, les bastons peuvent se révéler délicates et pour peu d’avoir direct démarré en Hard, il ne sera pas rare de se faire casser la gueule avant d’y retourner, un peu honteux, pour essayer de prendre sa revanche. Le système de combat a été étoffé : chaque affrontement gagné ou énigme résolue offre toujours son lot de points d’expérience et ces derniers permettent, en plus des techniques de base bien connues (coup de poing, parade, esquive sautée, coup de cape), de débloquer de nouvelles améliorations Waynetech telles que coups critiques, destruction des armes, finish instantané, et autres. De quoi refaire proprement le portrait aux différents vilains qui peuplent le nouveau terrain de jeux qu’est la ville-prison d’Arkham City.

Un justicier dans la ville

Catwoman en mauvaise posture

Cette ville est la principale nouveauté du titre : l’asile d’Arkham était limité à une île, un brin étriquée, séparée en secteurs, et où il était difficile de parler de réelle exploration. En basant l’action de ce nouvel opus au centre d’un environnement urbain, les développeurs de Rocksteady proposent une vraie liberté associée à un léger vertige au vu du contenu offert : dès les premières minutes il est possible d’entendre les discussions des prisonniers en piratant leurs transmissions, de voler de bâtiment en bâtiment en faisant usage du grappin pour prendre de la hauteur, de repérer une quantité astronomique de trophées abandonnés par Edward Nygma aka l’Homme-Mystère (ou Riddler pour les puristes)… la découverte de ce nouvel environnement a de quoi faire tourner la tête et franchement dérouter. Un objectif clairement indiqué par le bat-signal évite toutefois de trop se perdre et de suivre la trame principale de la storyline, laquelle est de nouveau l’œuvre de Paul Dini, auteur historique de comics et surtout créateur de la géniale série animée des 90s. C’est d’ailleurs de la série en question que proviennent l’essentiel des doubleurs des personnages du jeu, à quelques exceptions près et non des moindres : en VF, c’est le doubleur de Danny de Vito qui prêtera sa voix à Oswald Cobblepot, mieux connu dans les bas-fonds de Gotham sous le sobriquet de « Pingouin ». Il est d’ailleurs à noter que, cette fois encore, la VF a fait l’objet d’un soin tout particulier et qu’elle est tout bonnement excellente, la performance de Pierre Hatet en Joker n’ayant pas à rougir face à celle de Mark Hamill en VO.

Tu m’as laissé pour mort…

Et bim ! Dans ta face

Le Joker est en effet de retour malgré son overdose au Titan, mais en mauvais état, et Harley Quinn est résolument décidée à venger son bien-aimé. Elle ne sera pas seule à vouloir chercher des poux au Chevalier Noir, car si une belle quantité des personnages d’Asylum sont de retour, d’autres têtes connues font ici leur première apparition. Double-Face et le Pingouin livrent au clown psychopathe une farouche lutte d’influence, et contrôlent chacun une partie des territoires d’Arkham City. Épaulés par des voyous changeant de camp dès lors que le vent change de sens, ils voient d’un mauvais œil que Batman se mêle de leurs affaires et entendent bien s’occuper de son cas définitivement. Les side quests sont autant d’occasions d’enchaîner les caméos, c’est bien simple ils y sont quasiment tous, et pour le néophyte qui risquerait de se retrouver perdu devant une telle avalanche de personnages une galerie récapitulative avec abondance de biographies et bandes enregistrées est disponible… dès lors qu’on les rencontre. Le fan de Batman, lui, est aux anges, d’autant plus qu’une belle multitude de petites références plus ou moins appuyées sont disséminées ici et là, apportant encore un peu plus de dimension à l’univers, et pas nécessairement sous la forme d’une énigme du Riddler. Ces Easter Eggs sont notamment visibles dans cette playlist YouTube (attention: GROS spoilers) mais selon les dires des développeurs du jeu, certains d’entre eux n’auraient pas encore été trouvés… quiconque se souvient du bureau caché de Quincy Sharp dans Arkham Asylum sera tout disposé à les croire sur parole.

Des joujoux par milliers

Ce laser n'est pas là pour faire joli

Une ville à explorer, des ennemis comme s’il en pleuvait, tout ceci pourrait rapidement devenir un problème insurmontable si Batman n’était pas correctement équipé. Son arsenal se compose peu ou prou des mêmes objets que dans le précédent épisode mais ceux-ci ont parfois subi de subtiles modifications et des nouveautés ont fait leur apparition : la tyrolienne permet de changer de direction, la triple griffe a disparu, le pistolet électrique active certains mécanismes à distance, la grenade givrante gèle les arrivées d’air chaud… et tout ceci est bien entendu utilisable en combat afin de défaire plus facilement ses adversaires. Côté réalisation, c’est du tout bon avec un Unreal Engine 3 parfaitement maîtrisé (sur PC, PS3 et 360 tout du moins), des modélisations impeccables, des animations réussies, des environnements beaux et variés, une bande sonore épique à la mesure de la légende… et une durée de vie pas vilaine. Avant même de commencer à attaquer le moindre contenu additionel, il faudra bien une cinquantaine d’heures au minimum aux plus acharnés pour venir à bout de la campagne, des missions annexes, des énigmes et surtout des challenges de Nygma. Compter quelques heures de plus pour les « perfect » à coups de trois étoiles…

Oui, j’ai parlé de contenu additionnel. Alors que le jeu n’était pas encore sorti des DLC mettant en scène Robin et Nightwing ont été dévoilés, mais inutile d’espérer les voir arpenter la ville puisqu’ils n’entrent en scène que pour le mode challenge. Plus gênante, l’activation online nécessaire des chapitres liés à Catwoman, directement liés à la trame principale. Même si ces chapitres sont assez courts et pas indispensables, une partie du jeu est ainsi liée au premier acheteur : un achat d’occasion obligera le joueur désireux de s’y essayer à repasser à la caisse. Enfin, le DLC La revanche de Harley Quinn se déroule à 90% au sein de couloirs pas bien passionnants, à tel point qu’on ne sait plus trop si sa durée de vie de 90 minutes grand max est un défaut ou une qualité : une belle arnaque dont on peut se passer même si les quelques ajouts scénaristiques peuvent intéresser les plus grands fans. Plus sympa, les costumes alternatifs permettent de donner à Batman (et aux autres dans une moindre mesure) des looks distincts de certaines périodes clés de son histoire. Il sera ainsi possible de porter, entre autres, les costumes de Year One, de The Dark Knight Returns, de Batman Beyond, du récent Batman Incorporated ou même de la série animée citée plus haut. Les fans seront aux anges. En parlant de fanservice, terminons en remarquant que la modélisation des personnages féminins met largement en avant la plastique de ces dames et apporte donc une nouvelle brique au débat de la représentation des femmes dans les jeux vidéo.

À jeu exceptionnel, note exceptionnelle. Si la politique de DLC de Warner est plus que discutable, on ne peut que s'incliner devant l'immense richesse de ce nouvel opus. Amoureux du Chevalier Noir, les développeurs de Rocksteady transforment l'essai et livrent un titre long, généreux, au gameplay agréable et visuellement superbe. Rien à redire, c'est un chef-d'œuvre.

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est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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5 commentaires »

  1. Quand je jeux est sorti dans les bacs j’ai failli me ruer dessus.
    J’ai senti le vent venir pour les DLC…

    J’attendrais la version game of the year de septembre avec tout le contenu du jeu qui à mon sens était prévu dès le départ.

  2. Le jeu était en pack avec la 360 que j’ai enfin achetée en novembre dernier.

    J’ai été bizarrement complètement rebuté par le jeu, sans doute déformé par des années de jeu Nintendo ou Sega.
    Persuadé que ce type de jeux aux commandes complexes et contextuelles n’était pas pour moi, dérouté par la « découverte de ce nouvel environnement » comme tu dis, je l’ai revendu au bout d’une heure trente.

    A lire ton enthousiasme, je me dis que j’ai été un poil épidermique et que j’aurais peut-être dû lui laisser une seconde chance.

  3. « Un poil » :)

    Mais je comprends qu’on se sente complètement paumé ou perdu au début étant donné la multitude de choses à gérer entre l’environnement ouvert, les diverses missions secondaires, les énigmes du Riddler, le piratage des ondes radio des ennemis…

    Simplement j’avais pour moi un énorme avantage : l’année dernière j’ai terminé Deadly Premonition qui est dix fois pire là-dessus. Dans Batman même si des tas de choses sont disponibles, on est à peu près tenu par la main au début lors de la découverte (avoir fait le premier aide bien, il faut le dire). Dans Deadly Premonition rien du tout, on te jette dans la fosse aux lions et démerde-toi. C’est volontaire pour perturber le joueur et je peux te garantir que ça fonctionne.

  4. Hormis quelques petites faiblesses scénaristiques (je veux pas spoiler, mais disons juste que l’un des combats de boss au GCPD (le plus marrant, paradoxalement) aurait pu être évité) sans importance, le seul vrai défaut que je trouve à ce jeu, c’est le doublage de Double-Face. On dirait que le mec a des problèmes de sonotone, tantôt à marmonner, tantôt à hurler, parfois dans la même phrase.

    A part ça, jeu parfait. J’ai du le finir une douzaine de fois et j’en redemande. La fin m’a donné des frissons.

    Ah oui, et l’article est sympa, tout ça…

  5. Je ne m’étais pas autant amusé depuis Red Dead Redemption. Quel pied !
    Les quelques premières heures de jeu sont effectivement compliquées à avaler car c’est tellement riche qu’on ne sait pas où donner de la tête mais ensuite, quel bonheur.
    En revanche, j’ai trouvé les scènes avec Catwoman vraiment très moyennes, bien en-dessous du reste du jeu. Gameplay limité, épisodes peu intéressants, intérêt narratif quasi-nul : je regrette les 800 MS points que ça m’a coûté (ben oui, je l’ai acheté d’occaz…).
    Ca vient un peu entâcher ma vision de ce jeu qui, pour le reste (ambiance, mise en scène, histoires secondaires intelligentes et intéressantes), c’est du tout bon.
    Un 6 sur 5 mérité !

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