On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Beat'em all / Arcade-aventure • Editeur: Konami • Date de sortie: Octobre 2010

Castlevania: Lords of Shadow

Par • le 10/6/2011 • PlayStation 3, Tests & previews, Xbox 360 • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Oh, c’est peu de dire qu’il était attendu ce nouvel épisode de Castlevania. Après les contestés épisodes Nintendo 64 et un épisode PS2/Xbox en demi-teinte, les espagnols de Mercury Steam avaient une lourde tâche sur les épaules. Celles-ci ont-elles été assez larges, ou bien l’arrivée en catastrophe de Kojima Prod à la rescousse est-elle un signe annonciateur de désastre ?

Studio Gabriel

Gabriel Belmont n’est pas content : nous sommes en 1047 donc bien longtemps avant l’invention du DrPepper, sa femme Marie a été assassinée par les forces du mal, et les membres de sa Confrérie de la Lumière se font tous massacrer par des créatures surnaturelles. Il s’équipe de sa fameuse croix de combat, en fait un fouet avec un nom cool, et s’en va allègrement trucider tous les monstres qui se dresseront sur son passage. À ses côtés, un autre membre de la Confrérie de la Lumière nommé Zobek sera pour lui ce que Ramirez était à Connor McLeod. Un compagnon d’armes, un mentor, un ami, un vieux barbu aux cheveux longs et gris en queue de cheval. La fascination de Zobek pour Gabriel atteindra d’ailleurs des sommets sur la fin du jeu lorsqu’il se lancera en longues tirades hallucinées durant les écrans de chargement, à tel point qu’on finira par se demander s’il n’a pas carrément envie de se le taper. Gabriel rencontrera également le dieu Pan, au design directement tiré du Labyrinthe du même nom, qui l’initiera aux rudiments de la magie.

Shrek est de retour

Pour combattre ses ennemis, Gabriel usera de son fouet de deux manières différentes : attaque directe, ou attaque de mêlée. Bien évidemment, les attaques de mêlée sont moins puissantes mais frappent tous les adversaires autour de notre héros. Des combos (déblocables) permettront d’enchaîner des mouvements de plus en plus complexes, et de plus en plus redoutables. Le fouet permet également d’attraper un adversaire à distance pour enchaîner sur une choppe, souvent finalisée par un QTE. Ceux-ci, s’ils ponctueront fréquemment les cinématiques afin de ne pas endormir le joueur, sont heureusement assez peu envahissants et n’empiètent pas gravement sur le gameplay. Au fur et à mesure de la progression, Gabriel fera le plein d’armes secondaires, de quatre types différents : couteaux, eau bénite, fées et pierre d’énergie. Si les couteaux et l’eau bénite sont des classiques (les couteaux, faits d’argent, sont hyper efficaces contre les lycans, l’eau bénite est radicale contre les vampires), les fées servent à paralyser l’adversaire mais ne fonctionneront pas avec tous les types d’ennemis et la pierre d’énergie est une sorte de super invocation, libérant un démon redoutable qui causera de graves dommages à tous les ennemis à l’écran.

Bebête Show

Et des ennemis, il y en a : lycans, vampires, trolls, gobelins, squelettes, spectres, goules, le menu fretin habituel de la série répond bien entendu présent, préparé à se faire massacrer. Certaines créatures, plus costaudes, seront par la suite dressables : rosser une araignée géante permettra ensuite de se balader sur son dos, ce qui est quand même vachement plus classe que zoner en mobylette Peugeot. À ce bestiaire, il conviendra d’ajouter les boss, souvent charismatiques, parfois gigantesques. L’inspiration est évidente, ce sont de véritables colosses dignes de ceux de Fumito Ueda et de son Shadow of the Colossus qu’il conviendra de défaire, et si le framerate de ce Castlevania est parfois un peu limite (notamment lors des cinématiques, incompréhensible), les ennemis et environnement ont une putain de gueule. Indiscutablement, Lords of Shadow est l’un des plus beaux jeux de sa génération, les décors sont tous extrêmement travaillés et soignés, en plus d’être variés : qu’il s’agisse d’une forêt luxuriante ou des oubliettes d’un château lugubre, le moindre détail a été poli et finement ciselé, et le résultat final arrache la rétine. Seul souci : des mouvements de caméra parfois limite, et des zones secrètes planquées non pas par un élément de décor mais par un angle de vision trop restreint.

Attention, un homme-ours-porc !

Tout au long du périple, Gabriel trouvera ça et là les cadavres d’anciens compagnons d’armes. Ceux-ci délivreront la plupart du temps un parchemin donnant d’utiles informations sur la suite du parcours. D’autres étofferont un peu plus le background du jeu. Mais certains cadavres révéleront également des gemmes, et celles-ci sont fort utiles : en les cumulant, il sera possible d’améliorer non seulement sa barre de vie, mais également ses jauges de magie. Non accessibles dès le départ de l’aventure, deux magies différentes permettront à Gabriel de faire des étincelles : la magie de la lumière tout d’abord, qui restaure le capital de santé à chaque coup porté à un ennemi, et la sombre et inquiétante magie de l’ombre qui décuple la violence des coups. Cumulables avec les combos, les armes secondaires et les différentes reliques qui seront découvertes par la suite, l’utilisation des deux magies permet d’offrir une intéressante variété lors des combats : l’eau bénite, par exemple, devient un bouclier de protection lorsqu’elle est jumelée avec la magie de la lumière. Comme dans la série originale, il sera bien entendu possible de faire évoluer la croix de combat afin de la rendre toujours plus efficace, et redoutable.

Faux procès

On a beaucoup lu à propos de ce Lords of Shadow qu’il dénaturait la série, que ce n’était pas un vrai Castlevania, qu’il s’agissait d’une purge ne respectant aucun des codes établis, que sais-je encore. À mon sens rien n’est moins faux, et les arguments avancés par les détracteurs du jeu ne valent à ce sujet pas tripette. Si l’on peut regretter le tournant pris par la série, dont le gameplay est maintenant proche de God of War lors des phases de combat, les phases d’exploration rappellent Prince of Persia ou Assassin’s Creed et les combats contre les titans, on l’a déjà dit, Shadow of the Colossus, peut-on pour autant parler de pot-pourri sans originalité ?

Un jeu multiplateformes dont les graphismes tuent la bite. C'est un concept.

Oui et non, puisque certes le titre puise les fondements de ces autres oeuvres, mais parvient à les inscrire avec brio au sein de l’univers de Castlevania. La quantité de références directes ou plus subtiles aux précédents épisodes de la série est assez innombrable, mais évidemment difficile à déceler pour ceux qui auront découvert la série avec Symphony of the Night. Lords of Shadow se démarque certes de l’univers et l’ambiance connus depuis la récupération de la série par Koji Igarashi, mais renoue avec les épisodes fondateurs. Difficile, lors de ce travelling sur un château lointain, de ne pas repenser aux décors d’arrière-plan de Simon’s Quest. Évidente, cette filiation avec Castlevania III lors de l’arrivée dans le petit village au pied du château de la Reine Vampire. Impossible, en entendant retentir ces notes de harpe, de ne pas frémir en reconnaissant la musique du niveau de la cascade de Super Castlevania IV. Ai-je précisé que la bande son était tout bonnement excellente, et ne faisait aucunement honte à l’historique de la série en la matière ? Et tous ces personnages, boss, monstres, qui sont soit des clins d’oeil soit des directes transpositions ! Il est profondément injuste d’attaquer Lords of Shadow en l’accusant de violer les codes de la série, alors qu’il est au contraire extrêmement référencé et pleinement respectueux des premiers épisodes. Symphony of the Night est un excellent jeu, mais représente un réel tournant dans la série : si un épisode l’a « dénaturée », c’est lui.

Véritable bonheur pour les fans, Mercury Steam livre une oeuvre archi-référencée et bourrée de qualités. Puisant au sein des standards du genre afin de se forger une propre identité, Castlevania : Lords of Shadow est un excellent reboot de la série dont je ne peux qu'espérer qu'il inspirera de nouveaux épisodes tout aussi réussis. Quand une "purge" ou un "massacre" a cette gueule-là, on se met à prier pour que ça arrive plus souvent.

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est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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6 commentaires »

  1. Et un jour je comprendrai pourquoi la première version du test buggait. Désolé Ouaicestpasfaux, ton commentaire a sauté, du coup :'(

  2. Tout à fait d’accord avec ce test , c’est un putain de bon jeux et SURTOUT un très bon Castlevania ,( L’arrivé au château des vampires ou les pièges ultra frustrant de la boite à musique quoi…Si c’est pas du castle ça. ).

  3. C’est moi ou tu n’as pas parlé de la durée de vie du jeu qui est également une GROSSE (on ne se moque pas) qualité, genre le double de GOW3…

    Sinon, comme d’hab’ très bon test :)

  4. Nope mais en fait Ragny en avait déjà parlé (il avait testé le jeu peu de temps après sa sortie et je l’avais oublié, je m’en suis rendu compte… après avoir publié le mien :D)

  5. Pas de souci ^^

  6. Au delà des graphismes qui envoient du lourd, j’ai trouvé la réalisation super soignée, que ce soit les voix, le bestiaire, les cinématiques, l’ambiance… Une bonne claque ! Et effectivement le jeu est long.

    Par contre pour ceux qui sont intéressés par les 2 dlc, un conseil : oubliez. En plus de coûter la peau du cul, ils sont très courts et n’apportent rien de neuf :/

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