On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: chiant • Editeur: Microsoft • Date de sortie: juillet 2010

Crackdown 2

Par • le 10/9/2010 • À la une, Tests & previews, Xbox 360 • Exemplaire du jeu fourni par l'éditeur •

Si dans nos pages la liberté de ton est totale, il existe néammoins une règle tacite et respectée par chaque rédacteur, bon, à part pour les tests bourrés certes, mais sinon elle l’est: avant de tester un jeu il est demandé de l’avoir terminé. Je veux dire, pas terminé à 100% avec tous les succès, sinon le test de Assassin’s Creed n’aurait jamais été publié, mais au moins d’avoir terminé l’histoire principale. C’est le minimum requis.

Eh bien aujourd’hui, je vais, sous vos applaudissements, violer cette règle.

Pute à crack

Sauter de tuyau en tuyau: chiant

Débarquant dans Crackdown 2 en n’ayant jamais joué au premier épisode, j’allumai toutefois ma console avec un a priori plutôt positif puisque dans mon entourage celui-ci n’avait pas été mal reçu, bien au contraire. L’idée de jouer à un GTA-like survolté dans lequel on dirigerait une sorte de Steve Austin dopé aux amphétamines me séduisait. C’est dire si ma déconvenue n’en fut que plus grande. La séquence d’introduction met en place les différentes factions: d’un côté, l’Agence qui vous met en service et vous entraîne durant un rapide tutoriel de quelques minutes afin de se familiariser avec les commandes. De l’autre, des vilains rebelles qui n’aiment pas trop l’ordre et l’autorité et foutent le bazar à Pacific City, le théatre de vos exploits. Entre les deux ? Je vous le donne en mille: des zombis, histoire de faire original, avec une sombre histoire de virus faisant muter les habitants. De jour, les rebelles font la loi dans les rues, la nuit ce sont leurs collègues non-morts, à vous de faire le ménage.

Cric-crac

Attaque en hélico: chiant

Pour ce faire, vous disposez d’armes manquant singulièrement d’originalité et d’aptitudes de combat au corps à corps. La collecte d’orbes cachées un peu partout dans Pacific City permet d’améliorer vos capacités physiques, rapidité, hauteur des sauts, acuité au tir, compétences en pilotage… même si l’on passe la plupart de son temps à sauter de toit en toit pour trouver ces fameuses orbes. À ce sujet, l’escalade de bâtiments est probablement l’une des activités les plus frustrantes: à la différence d’un Assassin’s Creed, encore lui, où les plate-formes accessibles et les points où il est possible de s’agripper sont clairement définis, on est ici dans le flou artistique le plus total et il ne sera pas rare de tomber dans le vide pensant avoir attrappé une corniche lorsqu’il s’agit seulement d’une texture. Pire, on tombera parfois dans une sorte d’envers du décor très laid dont il faudra faire tout le tour pour pouvoir remonter et retenter de sauter, ce qui est frustrant à l’extrême. Sauter d’immeuble en immeuble est pénible à cause d’une inertie mal fichue et les gadins sont nombreux. L’exploration de la ville est un calvaire: celle-ci est mal modélisée, manque d’attrait, les couleurs sont ternes et l’architecture est moche. N’espérez même pas prendre du plaisir en conduisant: le nombre de véhicules différents est extrêmement restreint. L’idée de devoir collecter plus de 500 orbes à pied dans ce dédale tout laid provoque des sueurs froides, bien plus que celle de se fader des ennemis.

Krach

Améliorer ses capacités: chiant

Et des ennemis la ville n’en manque pas: impossible de juste se balader tranquillement à la chasse aux orbes, on se fait agresser à tous les coins de rue, parfois par un tireur isolé situé extrêmement loin de notre personnage, et qu’il est impossible d’atteindre. Sans parler des voitures de rebelles qui passent par là par hasard et décident de vous farcir de plomb. Le constat est simple: pour zigouiller du rebelle, on s’y collera au flingue (attention aux munitions parfois très limitées), pour poutrer du zombi on fera le boulot à la main comme chez les scouts, sauf lorsqu’il s’agira de protéger une balise et que les vagues de zombis respawneront à l’infini. Les fameuses balises, d’ailleurs, sont toujours opportunément placées dans une caverne remplie de baveux et les missions vous demanderont de les protéger le temps qu’elles se mettent en marche: c’est fastidieux et ennuyeux. Les missions d’attaque de QG rebelles sont un peu plus péchues, mais l’IA des ennemis est tellement foireuse qu’il n’y a pas des masses d’issues possibles: soit ils sont en surnombre et vous massacrent rapidement, soit c’est une partie de plaisir, pas de juste milieu. Et le principal problème, c’est qu’en environ deux heures de jeu on a déjà fait le tour de tous les types de missions disponibles qu’il va ensuite falloir répéter des dizaines de fois en luttant contre une irrépressible envie de bailler aux corneilles.

Crash

Poutrer du zombi: chiant

D’un point de vue technique ce n’est guère mieux: malgré un cell-shading discret plutôt élégant, le jeu est d’une laideur assez incomprendréhensible pour une exclu issue d’un studio 3rd party, les modèles des personnages ne ressemblent pas à grand-chose, la ville est vraiment très moche et sans aucun cachet, les textures semblent issues d’un pack libre de droits, le level design est peu inspiré, et si l’on ajoute à ça des soucis de caméra et de visée la coupe est pleine: il ne sera en effet pas rare de se faire dézinguer lors d’une fusillade un peu chaude parce que le réticule de visée décide de se balader d’ennemi en ennemi, quand ce n’est pas sur un piéton ou même sur un collègue, plutôt que de rester fixe et de verrouiller celui qui vous tire dessus. Les missions sont d’une répétitivité épouvantable, le scénario d’un classicisme effrayant, sans parler du plot twist que l’on devine dès la vidéo d’introduction tellement il semble évident. Quant au mode multi en coop qui semble être une bonne idée, il fait surtout office de cache-misère: au lieu de s’y ennuyer seul, on s’y ennuie à plusieurs. Dès lors on se demande bien qui aura le courage de pousser le masochisme jusqu’à passer plus de deux heures sur ce titre dont la pénibilité n’a d’égale que la lourdeur du personnage que l’on incarne. À moins d’avoir dépensé 70 Euros dedans et de vouloir le rentabiliser à tout prix, évidemment…

Mal gaulé, dépassé, manquant cruellement de substance, Crackdown 2 signe la descente aux enfers d'une licence pourtant jeune. Si un troisième épisode devait voir le jour, c'est d'une copie vierge que les développeurs devront partir tellement le constat est alarmant. Un ratage sur à peu près tous les points.

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
Email | Tous les posts de

4 commentaires »

  1. Le plus étonnant étant que le premier opus était aux antipodes de celui-ci:
    graphismes vraiment sympas pour l’époque (mieux que le 2), une map équilibrée, des missions moins répétitives, des ennemis un peu plus variés (plusieurs gangs)… Une plus grande impression de liberté aussi… Bref, un très bon jeu, auquel ne manquait qu’un multi local.

    J’avais hâte de retrouver le 2, et finalement la deception est à la hauteur de l’attente..

  2. Quitte à jouer à une suite GTA-like … moi je dis … Just Cause 2. :)

  3. J’avais pourtant bien aimé le premier (vraiment!) et faire la démo du 2 m’a rappelé de bons souvenirs. Mais tu as raison, ils auraient dû n’en sortir qu’un seul. Des zombies, wtf ? De l’exploration gâchée à cause des attaques incessantes ? Mais bordel, c’était presque l’essence même du premier. Des suites, des suites, toujours des suites…

  4. Heureusement qu’on t’a fournit le jeu… sinon mal au c.. tu aurais =p

Ajouter un commentaire