On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: JRPG, le G c'est pour génial • Editeur: SquareEnix / ArtePiazza • Date de sortie: 20 février 2009

Dragon Quest V: la Fiancée Céleste

Par • le 6/10/2010 • Nintendo DS, Tests & previews • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

La série des Dragon Quest, résolument mythique au Japon, n’avait jusqu’à il y a peu jamais eu les honneurs d’une distribution chez les fromages qui puent. Depuis la sortie de l’épisode VIII sur PS2, une vague de remakes DS a confirmé le succès de la licence par chez nous et c’est en grandes pompes que le neuvième épisode a eu droit à une adaptation française (et une campagne de pub digne de ce nom). Mais nous n’en sommes pas encore là: attachons-nous à ce cinquième épisode considéré par certains comme le tout meilleur de la série…

Debout ! Ce n’est pas ton anniversaire !

Premier bon point: Dragon Quest V rompt avec ce schéma déjà vu mille fois du réveil le jour d’anniversaire, du père héros disparu au combat, et j’en passe. Si l’on se réveille bel et bien après un rêve étrange, c’est sur un bateau et justement accompagné dudit père, tandis que maman est aux abonnés absents. Oui bon ça ne change pas des masses mais au moins il y a un léger effort, c’est déjà pas mal. Notre héros est encore enfant et son père rentre avec lui d’un long voyage à la recherche du Héros Légendaire, celui capable d’enfiler l’armure Zénithienne créée par les Dieux, et de vaincre le Mal. Ta-ta-tiiinnnn ! Le vieux roublard du JRPG pensera alors « quelle surprise, je parie que ce sera mon héros le Héros Légendaire ! » comme d’habitude, parce que ce genre de scénario a déjà été vu et re-vu des centaines de fois. Il est comme ça le vieux roublard du JRPG, un peu blasé, un peu chafouin. Comme dirait l’autre: monumentale erreur.

Notre héros va faire la connaissance de divers protagonistes, certains seront amenés à faire équipe avec lui avant que leurs chemins ne se séparent, d’autres non mais ils semblent avoir une importance particulière et il n’est pas exclu de les revoir… ce qui se confirme quand, suite à un événement dramatique, notre héros se retrouve emprisonné et réduit à l’esclavage pour une dizaine d’années. Car c’est là l’un des principaux ressorts narratifs de Dragon Quest V: non content d’en faire baver à ses personnages, le scénario les transporte à travers les époques et si l’on démarre l’aventure petit garçon, c’est adulte et marié qu’on la terminera, d’où le titre d’ailleurs (la Fiancée Céleste, pour ceux qui n’ont pas suivi). Très intelligemment écrit, jamais avare de détails renforçant l’immersion et évitant soigneusement tout écueil mièvre, on est ici en présence d’un véritable chef-d’oeuvre de storytelling où chaque bribe de l’histoire a son importance.

Classic is beautiful

On a beau lire à longueur de reviews que la série Dragon Quest est historiquement austère, le vieux ronchon que je suis est toujours autant sous le charme de ce côté oldschool des menus, des combats, tout est d’une simplicité désarmante, j’attaque, j’use de magie, je me défends ou je fuis, pas besoin d’avoir fait polyclinique pour pouvoir jouer et la prise en main est immédiate. L’automatisation des combats pour les coéquipiers permet de pex sans frustration et de goldfarmer comme le premier chinois venu. Des boutiques d’objets, d’armures et d’armes, des auberges pour récupérer points de vie et de mana, des églises pour sauvegarder: é-lé-men-tai-re on vous dit.

Comme dans tout bon RPG qui se respecte, il est ici possible de se constituer une équipe de quatre personnages au maximum en simultané. Mais ce sont huit personnages qu’il sera possible de trimballer, une équipe de réservistes se déplaçant avec nos héros dans un charriot accessible partout sur le monde extérieur et parfois à l’intérieur des donjons. Dans ces cas, il est possible d’intervertir un membre de l’équipe avec un passager du charriot à n’importe quel moment pendant un combat, et si vos quatre équipiers principaux venaient à mourir ceux du charriot surgiraient immédiatement afin de poursuivre la bataille. C’est un avantage stratégique à ne pas négliger et constituer un chariot équilibré permet de s’en sortir même en cas de wipe contre un boss un peu trop bourrin. Autre originalité, la possibilité de recruter certains monstres défaits afin de constituer une équipe haute en couleur permet de vite remplir le chariot… tellement vite qu’il faudra parfois faire des choix déchirants, et laisser certains monstres que l’on avait fait progresser dans une sorte de chenil alors que d’autres aux possibilités plus intéressantes désirent se joindre à l’équipe.

Zouli tout plein

Adaptation du remake PS2, déjà développé par ArtePiazza, Dragon Quest V: la Fiancée Céleste se paye le luxe de proposer une des plus chouettes 3D de la DS, parfaitement adaptée aux capacités de la console de Nintendo, et comme l’opus précédent, on n’est pas ici dans l’épate, il n’est nul besoin d’effets impressionnants ni de zillions de polygones. Chaque décor est très coloré, artistiquement travaillé, les sprites basés sur des modèles 3D bénéficient d’une animation de qualité et leur design made by Toriyama fait une nouvelle fois mouche, et lorsque l’on fait tourner la caméra autour du décor pour, parfois, dévoiler un passage secret bien caché, la rotation se fait avec une fluidité confondante. Les musiques, épiques lors des plus grandes confrontations, sont à l’avenant et la construction du titre permettant de fréquentes sauvegardes est parfaitement adaptée au jeu nomade: idéal pour une cartouche que l’on lancera l’espace de 20 minutes histoire de faire de l’expérience lors d’un trajet en métro. Pour finir, saluons l’excellence de la traduction française, remplie de jeux de mots débiles mais hilarants. Un sans-faute.

Grandiose, épique, fantastique, les superlatifs ne manquent pas pour qualifier cet épisode de la légendaire saga de Yuji Hori. Ce remake DS fait honneur au mythe et propose tout ce qui fait le charme d'un RPG japonais de qualité, dans la plus pure tradition du genre. Une petite perle de plus, à ne surtout pas manquer, surtout qu'il coûte une misère.

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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