On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Vroum vroum pif paf bang bang • Editeur: Take Two Interactive • Date de sortie: 29 octobre 2009

Grand Theft Auto IV: Episodes from Liberty City

Par • le 20/10/2010 • PC, PlayStation 3, Tests & previews, Xbox 360 • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Après des heures à écumer ses rues mal famées, à parader sur ses autoroutes, à flinguer tout ce qui bouge sur ses avenues, vous pensiez en avoir terminé avec Liberty City ? Elle n’en avait pas terminé avec vous et ces deux extensions de Grand Theft Auto IV vont vous le prouver.

Liberty City I love you, but you’re bringing me down

Sur le papier, Episodes from Liberty City est plutôt du genre généreux: les deux extension sorties pour Grand Theft Auto IV, réunies sur une seule et même galette, le tout en standalone donc ne nécessitant pas le jeu original pour fonctionner. Pain béni pour les gens qui auraient passé leur chemin, l’auraient déjà revendu ou n’auraient qu’un petit disque dur, même si depuis votre enfance pour vous consoler on vous explique que ce n’est pas la taille qui compte. Ces deux extensions, si elles se déroulent toujours à Liberty City, jouissent d’un background et d’une ambiance bien à elles leur permettant de se démarquer nettement de l’histoire de notre vieux copain serbe Niko Bellic. The Lost and Damned permet en effet d’incarner Johnny Klebitz, membre du groupe de motards des « Lost », déjà largement habitué à la vie de malfrat même si son passé demeure quelque peu mystérieux. Si vous avez déjà regardé la série Sons of Anarchy, vous vous retrouverez en terrain connu: Johnny est entouré de petites frappes, toutes membres des « Lost », et seul le code d’honneur du Club semble dicter sa conduite, même si une certaine Ashley est capable de l’en faire quelque peu dévier quand elle n’est pas complètement défoncée à l’héro.

Luis Lopez, de son côté, est le héros de The Ballad of Gay Tony, le Tony en question étant son boss ainsi que le propriétaire des deux boîtes de nuit les plus huppées de la ville. Ses motivations pour avoir pris Luis sous son aile sont assez peu claires, à moins de se lancer dans de savantes extrapolations sur la mention « gay » de son surnom. Luis a déjà fait de la taule et si en apparence son boulot est clean, on n’est pas dans Léa Passion Discothèque: les problèmes, on les règle à coups de fusil à pompe. Évidemment, GTA reste GTA et puisque la formule a déjà fait ses preuves, pas mal de missions respecteront la trinité exploration – conduite – fusillades. Mais afin de redonner un nouveau souffle à cette ville déjà explorée dans ses moindres recoins, certaines petites choses ont changé.

Because I got high

Motards obligent, les rues de Liberty City version biker sont remplies de deux-roues et autres motobylettes, bien plus abondantes que par le passé, et bien pratiques: idéales à piquer quand elles sont garées, elles n’attirent pas l’attention de la police, permettent de se faufiler et de s’enfuir rapidement en cas de besoin. Pour Luis Lopez le nightclubber, pas de motos en surnombre mais l’accès aux deux boîtes de Tony, plus une troisième qui sera d’ailleurs l’objet d’une mission complète. Une fois qu’il aura en sa possession le parachûte, Luis pourra même visiter certains toits de la ville et se jeter dans le vide pour tenter d’atterrir sans encombre sur un camion en mouvement. Revers de la médaille pour nos deux héros, les magasins de fringues semblent avoir subi la crise et il ne sera plus possible de se refaire une garde-robe aussi complète que Niko: si vous vouliez habiller votre biker en costard, c’est raté.

Afin d’inciter à la promenade, les deux extensions comptent leur lot de rencontres aléatoires et il y aura une fois de plus fort à faire rien qu’avec le mode Story: comptez une dizaine d’heures pour chaque épisode en se contentant de suivre l’intrigue. Chaque épisode propose sa série de courses: en moto et armé d’une batte de base-ball pour Johnny, en voiture plus classiquement pour Luis. Si le premier aura aussi droit à des bastons récurrentes avec les bandes rivales, le deuxième n’est pas mal loti non plus puisque ses cousins l’entraînent dans une infernale guerre des drogues. Le tout permet de récupérer de l’argent bien utile pour se payer des armes ou du bon temps, puisque de nouvelles activités font leur apparition: une bonne partie de golf avant d’aller quémander les services d’une professionnelle de la petite gâterie, voici qui permet à nos racailles de partager un peu la vie des dirigeants du CAC 40. Inutile de conserver son argent pour entretenir une quelconque poule de luxe, le système de petites amies a disparu ou presque: les deux zouaves ont certes des copines très ouvertes, mais pas rencontrées sur Internet même s’il n’est pas interdit d’aller s’y casser les dents; je les ai TOUTES contactées et comme dans la vie réelle aucune ne répond. Connasses.

Pumping on your stereo

Je vous vois venir, vous vous dîtes que là, comme ça, ce n’est pas forcément folichon. Fort heureusement les deux extensions ne sont pas avares en bonnes surprises. Avant tout et c’est là tout le talent de Rockstar, bien que se déroulant dans des environnements déjà connus et explorés mille fois, le changement de contexte amené par les nouveaux scénarii permettent de redécouvrir la ville sous un tout autre angle. Certaines missions proposent en effet des points de vue inédits, offrent des situations complètement nouvelles et une action frénétique. Les environnements de départ conditionneront aussi beaucoup l’immersion: en démarrant son aventure dans des endroits où l’on ne faisait auparavant que passer, on pose son regard sur les lieux très différemment et l’on ne peut qu’une fois de plus convenir du tour de force réalisé par les designers.

Cette putain de ville est magnifique, détaillée à l’extrême, elle semble dotée d’une vie propre et son exploration est toujours un régal, surtout en musique: si quelques stations ont disparu (The Journey, par exemple) d’autres ont connu des aménagements (Vladivostok FM, qui passe maintenant de la house) et d’autres sont toutes nouvelles et formidables (Vice City FM, que je ne vous ferai pas l’affront de présenter). Les radios à talk-shows sont garnies de nouvelles émissions toutes plus hilarantes les unes que les autres, même topo pour les fausses pubs, même topo pour les programmes télé. Il n’y a pas foule de nouvelles voitures certes, mais les nouvelles armes ouvrent de sympathiques perspectives: la mitrailleuse lourde et le fusil à pompe explosif trouvables dans Gay Tony permettent de glaner l’achievement « 5 minutes sans mourir en alerte niveau 6 » en se faisant plaisir. Alors certes, le jeu n’a pas follement évolué, certes des défauts énervants, comme le gameplay lors des phases de combat à mains nues, ont été conservés, mais quel bonheur de se replonger dans Liberty City, cette ville que l’on a envie de chérir et d’embrasser malgré ses imperfections.

Si elles ne corrigent pas tous les défauts de leur aîné, ces deux extensions offrent une nouvelle plongée au coeur de la ville la plus impressionnante du paysage vidéo-ludique et bien qu'elles n'innovent pas radicalement, on y trouve des moments de storytelling d'une qualité rare. Difficile donc de bouder son plaisir pour peu que l'on soit amateur du genre, l'humour étant toujours aussi irrésistible et l'action toujours aussi intense. Cerise sur le gâteau, la compilation est vendue à prix réduit, autant dire qu'à moins d'être totalement réfractaire au concept il n'existe aucune excuse valable pour s'en priver.

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est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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3 commentaires »

  1. Oui !

    Pour une fois que je suis d’accord avec l’un de vos tests :P

    Mention spéciale au « Frenchie » qui est la meilleure rencontre aléatoire de l’histoire du jeu vidéo je pense (un « poète » français à la gainsbourg perdu en plein milieu des mauvais quartiers et qui, avec son accent français à trancher au couteau, vous demande de le sortir des pires coupes gorges avec les pires remarques stéréotypées, un très grand moment digne de l’humour Rockstarienne)

  2. C’est en regardant les screenshots de cet article que je me suis rappelé à quel point GTA IV a comblé le retard graphique que les GTA III-like avaient sur leurs contemporains. C’est drôlement réaliste, notamment les effets d’explosion et les reflets, et ça n’a rien à envier à des jeux moins ouverts.

  3. @Hypolite: et encore, tu verrais avec les mods sur PC, c’est incroyable

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