On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

La vérité sort toujours (??) de la bouche des enfants

Par • le 20/7/2010 • Entre nous, Vite dit

Connaissez-vous le Parlement des enfants ? Selon la définition qui en est donnée par le site de l’Education Nationale : « renouvelé avec succès depuis 1994, le Parlement des enfants offre aux élèves une leçon d’éducation civique grandeur nature. Chacune des classes de C.M.2 qui y participe est invitée à élaborer collectivement une proposition de loi et à élire un délégué junior. Le jour du vote solennel au Palais Bourbon, les délégués juniors choisissent la meilleure loi parmi les trois sélectionnées par un jury national ». Il va de soi que les propositions de loi qui sont présentées peuvent aboutir à de véritables projets de loi, discutés par les députés « senior ».

Déjà, en 1998, le Parlement des enfants avait fait une incursion dans le monde du jeu vidéo. Une proposition de loi, soumise par une classe de CM2 de l’Académie de Rouen, proposait la mise en place d’une « commission spécialisée » chargée d’examiner chaque jeu vidéo avant sa mise sur le marché, de « retirer de la vente des jeux pouvant nuire au respect de l’ordre moral ou présentant des actes de violence gratuite » (c’était la grande époque de Carmaggedon et du premier GTA), et d’indiquer sur la boîte de « degré de violence » du jeu. A mi-chemin entre PEGI et la commission de surveillance de 1949. en quelque sorte. Classée huitième le jour du vote au Palais-Bourbon, cette proposition est restée lettre morte, mais Familles de France a pris le relais un an plus tard, et une commission spécialisée a même été créée. Cela dit, elle a vite démontré son insignifiance en ne se réunissant pratiquement jamais, et en ne testant aucun jeu. PEGI a fini par mettre tout le monde d’accord, and the rest is history.

Rebelote en 2002, quand une autre classe de CM2 de l’Académie de Rouen propose la création d’un « comité d’examen des jeux vidéo » qui aurait eu le pouvoir (et le devoir) « d’interdire les jeux trop racistes, violents et sexistes ». La proposition est classée cinquième. Pour information, « l’association américaine » dont parle le texte n’est autre que Children Now, qui avait effectivement mené une étude fin 2001 sur les jeux les plus vendus toutes plate-formes confondues. De qualité plus que discutable et dénuée de fondement scientifique, elle n’en avait pas moins fait grand bruit à l’époque.

Huit ans plus tard, le Parlement des enfants s’intéresse à nouveau aux jeux vidéo. A tel point, d’ailleurs, que le Parlement « des adultes » a pris le train en marche. En effet, une proposition de loi sur la « protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction » a tellement impressionné certains députés qu’ils l’ont présentée telle quelle à l’Assemblée Nationale. Cette proposition a d’ailleurs commencé à faire parler d’elle depuis que TheInternets a lâché le morceau (au passage, je remercie le lecteur meduz’ de m’en avoir informé).

Le camarade Olivier Mauco ayant déjà analysé ce projet de loi de fond en comble, que dire de plus ? On peut noter avec amusement l’évolution des préoccupations : la violence en 1998, le cocktail violence-sexisme-racisme en 2002, puis « l’addiction » en 2010. On peut aussi concéder que par rapport aux deux propositions précédentes, le ton est quand même plus diplomate. Que le texte est un peu mieux construit. Que l’intention n’est pas mauvaise. Ou que les préoccupations soulevées sont légitimes. Bref, on peut être indulgent pour un texte rédigé par des enfants. Le problème, c’est que ce texte a été repris tel quel, sans modification ni recul, par des adultes, de surcroît députés.

En effet, ces derniers sont supposés savoir (et au besoin, rappeler aux enfants) que la notion de « cyberaddiction » est franchement contestable. Que le rôle des parents ne se borne pas à « donner » des règles, mais aussi à vérifier leur application et à punir leur progéniture en cas d’infraction. Que 2 heures par jour, c’est moins que le temps passé par beaucoup d’adultes devant un écran de télévision ou d’ordinateur pour bien d’autres choses que le jeu. Que tout en haut de la classification PEGI, on retrouve les jeux qui sont réservés aux 18 ans et plus, qui par définition ne concernent pas les enfants, et pour lesquels ils n’ont rien à demander, « députés junior » ou pas (sauf éventuellement un contrôle plus strict de la vente de ces jeux, mais c’est une autre histoire). Et que de manière générale, on ne peut pas espérer « responsabiliser » les adultes en les infantilisant .

Moralité : écouter les enfants, c’est bien, mais s’en remettre entièrement à eux et abdiquer tout recul critique devant eux, ça l’est beaucoup moins.

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est joueur depuis les années 80, et joueur passionné depuis 1990. Ouais, à peu près comme tout le monde ici, quoi. Sauf qu'en plus, il cause. Beaucoup. Mais alors beaucoup. C'est pas sain pour lui qu'il cause autant. Faudrait plutôt qu'il joue.
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6 commentaires »

  1. Ce qui me fait rire dans l’histoire, c’est quand même que l’on accorde autant de crédit à des enfants de CM2. Les mêmes qui sont considérés comme aliénés, dépourvus de faculté d jugé, irrationnels, faibles, bref de sous-citoyens, dès lors qu’ils sont confrontés aux jeux vidéo.
    Donc :
    1. soit ils sont drogués et ne peuvent pas émettre de jugement
    2. soit ils sont rationnels et réfléchis, et donc ne peuvent pas être addict ou violents avec le JV, sachant faire le distingo entre réel et virtuel
    3. soit c’est une vaste blague.

  2. Euh, on est bien d’accord que penser qu’une classe de CM2 puisse proposer « la mise en place d’une commission spécialisée chargée d’examiner chaque jeu vidéo avant sa mise sur le marché, de retirer de la vente des jeux pouvant nuire au respect de l’ordre moral ou présentant des actes de violence gratuite.” est complètement naïf et absurde.

    Il n’y a bien que des adultes, majeurs et responsables, qui puissent écrire ce genre de proposition de loi.
    Vous voyez un gamin de 10 ans, avec sa psp, sa DS lite et la vieille ps2 de papa se retrouver devant un jeu trop violent et se dire : « bon sang, il faudrait une loi en France pour m’éviter à l’avenir ce genre de traumatisme » ??

    Cette initiative de parlement des enfants me fait bien rire, c’est une bonne idée en soi (la candeur et l’innocence de nos chères têtes blondes nous ouvrent parfois les yeux sur des aberrations de notre société), mais ça pue tellement l’instrumentalisation que c’en est écœurant.

    De plus, quand on voit le niveau des déclarations de certains députés, préfets ou autres ministres, on se dit qu’ils n’ont pas eu à trop se forcer pour mal écrire et rédiger un texte.

  3. J’ai beaucoup rit en lisant cette article non pas que je trouve sa drôle mais navrant ! Des enfants de CM2 agé de 9 – 10 voir 11 ans s’en servir comme outil ces immonde ! Oui ces flagrant on sans serre comment à leur age pourait-ils écrire ceci ? je suis sûr qu’il ne comprennent même pas le sujet (déja certain journaliste de 30 ans ne le comprênne pas alors …) Ont à atteint un tél niveau de contradiction ! Les enfant ont leur permet jamais de s’éxprimer à ce sujet j’ai vue d’inonbrable fois aux magasins de jeux vidéos :
    -A non mon cheri ces mon de 16 ans c’est que ces trop violent pour toi !

    La violence ces comme la vériter chacun la vois comme il veut. Agé de 17 ans maintenant j’ai commencer mon aventure vidéoludique a 6 ans avec Mortal Kombat Trilogy (sur n64) et pourtant je n’est jamais eu besoin de psy ou des pulsation meurtriêre … pourquoi ? Car mon résponsable légal ma toujours appris différence entre virtuel et réel simplement ! Enfin pour en revenir au sujet je rigole car ont prend les enfant pour des idiot avec des jeux d’une profonde débiliter (genre ont leur demande de se souvenir d’une combinaison pour reproduire une musique alors que les nôtes sont inscrit sur le coin supérieur de l’ecran). Bref tout sa pour avoir le dernier mots …. Ont ferait mieux d’être plus sévére avec les vraie bandit (tueur violeur ect…) Nos politiciens ferait mieux de regarder l’éxperience de Thomas Mulholland sur la tv (l’objet en lui même et non le contenue) pour se rendre compte que la tv a un effet hypnotique plus grave et débilisant que les jeux vidéos … Oups j’ai oublier Ya le JT de 20heure pour convertire le troupeau donc sa il le feront pas !

    —Kuroryuu Gamer et ne secera jamais de l’être—-

  4. @Kuroryuu : ne prends pas mal ce que je vais te dire, mais ton message est illisible. Il arrive à tout le monde de faire des fautes, mais à ce point-là, quand même… Tu en as rajoutées exprès, ou quoi ? Et puis, il m’arrive à moi aussi d’écrire comme je parle, mais il y a des phrases qui finissent par devenir incompréhensibles. Exemple :

    « Des enfants de CM2 agé de 9 – 10 voir 11 ans s’en servir comme outil ces immonde ! Oui ces flagrant on sans serre comment à leur age pourait-ils écrire ceci ? »

    J’ai mis longtemps avant de comprendre que tu reprochais aux parlementaires de « se servir » des enfants. Bon, je ne vais pas enfoncer le clou, mais pitié, pour la prochaine fois, pense à ceux qui vont te lire, et fais un petit effort.

    Pour le reste, c’est vrai que cette proposition de loi est ridicule. Mais je ne vois pas ce qui te gêne dans le fait qu’un parent refuse un jeu déconseillé aux moins de 16 ans à son enfant (à condition bien sûr que l’enfant ait effectivement moins de 16 ans). Je trouve ça plutôt rassurant quand on pense à tous ceux qui se fichent complètement de la classification, et des jeux auxquels leurs enfants jouent.

  5. c’est assez étrange de songer que des gosses, de surcroit CM2, avoir une telle idée…. d’accord, de nos jour, sa pousse comme un rein avec tout les produits laitiers, mais de la a proposer un comité pour combattre la « cyber-addiction »…. (d’accord ce n’est peux être pas ce que tu as exactement dis)
    vous m’excuser, mais sa me fait bien rire, car dead space reste une des meilleur vente d’EA, et quand on voit comment isaac peux crever, j’ai des doutes; et je ne parle même pas de manhunt 2 (perso, le 1 est meilleur)… tout sa pour dire, j’ai commencé a m’inquiéter de la violence de certain jeux il n’y a « que » 3 a 2 ans….. tout sa pour dire : un gosse de 10 ans , tout génie qu’il pourrait être, n’a pas le recul nécessaire pour avoir une vision aussi prophétique que celle d’un élu dans l’ancien testament (note: oui, je suis catho :3)… toutefois, il serait intéressant de dire qu’un gosse ne devrai définitivement pas pouvoir accéder a ce genre de jeu; mais bon,si le PEGI reste ce qu’il est, on est pas sortis de l’auberge, et ce genre de billet va proliferer…

    cordialement,
    un pauvre gamer inquiet

  6. @Ipsoecaille : comme pour Kuroryuu et pour les mêmes raisons, j’ai beaucoup de difficultés à comprendre ton message.

    Par exemple, quand tu dis que « ça » te fait bien rire, je ne vois pas ce que tu veux dire, et je ne comprends pas davantage l’allusion à Dead Space puis à Manhunt.

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