Genre: Baston • Editeur: Midway / Acclaim • Date de sortie: 1992
Mortal Kombat
Par kwyxz • le 11/5/2009 • Arcade, Master System, MegaDrive, Super Nintendo, Tests & previews • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •Alors que la folie Street Fighter II bat son plein, certains éditeurs cherchent à profiter de l’engouement général pour le combat en 1 VS 1. Certains, comme SNK, choisissent de proposer des expériences de jeu toujours plus raffinées, avec des gameplays de plus en plus complexes et élaborés. D’autres, comme Midway, décident d’assurer le grand spectacle en jouant la surenchère, mais celle-ci n’est pas seulement visuelle.
La cacahuète, c’est le mouvement perpétuel à portée de l’homme
Mortal Kombat est l’oeuvre de deux mecs voulant créer un jeu vidéo basé sur Jean-Claude Van Damme, et là je pense que tout est dit. Celui-ci ayant déjà signé un contrat ailleurs, les deux compères ne purent utiliser son image et se contentront d’une sorte d’hommage avec Johnny Cage, personnage plus ridicule qu’autre chose enfilant après chaque round sa paire de lunettes aussi rapidement qu’Horacio Caine lorsqu’il vient de prononcer une sentence mystique dont il a le secret. Le scénario, élaboré et complexe comme une chanson de Christophe Maé, narre l’histoire d’un tournoi d’arts martiaux organisé par un despote sanguinaire, Shang Tsung, au sein d’une dimension parallèle. En jeu, rien de moins que le destin de la Terre, on ne rigole pas. Le tournoi compte sept inscrits représentant autant de personnages jouables (à l’époque, Street Fighter II’ en propose douze) et comme on est un peu feignants chez Midway, il y en a deux dont les sprites sont strictement identiques couleurs mises à part. Les héros de cette aventure, donc, sont Johnny Cage, dont on a déjà parlé, acteur de son état qui se retrouve là pour des raisons plus ou moins fumeuses, Liu Kang, moine shaolin venu sauver la Terre, Kano, criminel recherché, Sonya, cherchant le criminel en question, Raiden le Dieu du Tonnerre qui, si le jeu était un peu cohérent, devrait laminer n’importe quel autre combattant d’un doigt, Sub-Zero le ninja assassin et Scorpion, un autre ninja qui se tire la bourre avec le précédent. A cette troupe s’ajoutent deux boss non-jouables de base, Goro, le méchant en pâte à modeler, et Shang Tsung le vieux maître de Karate Kid qui cachetonne.
I can has superpowers
Pour se mettre sur la tronche, nos protagonistes ont une brochette de coups variée et… ah bin non, en fait ils ont tous les mêmes coups de base. Vous avez bien lu: à part les coups spéciaux, ils ont tous les mêmes coups. Deux boutons servent à mettre des coups de poing: en tapotant rapidement on enchaîne les coups, en se baissant et en faisant poing fort on lance un monstrueux uppercut. Deux boutons servent à mettre des coups de pied: en allant vers l’arrière, on provoque soit une balayette soit un roundhouse kick que ne renierait pas Chuck Norris. Le coup de pied sauté vertical ne sert à rien, par contre le coup de pied sauté en diagonale provoque la chûte de l’adversaire: il arrive de gagner des combats en ne faisant strictement que ça. Car c’est là que le bât blesse: le gameplay est d’une médiocrité consternante. Outre le fait de gagner en enchaînant les coups de pied sauté, il arrive également de perdre juste parce que l’IA a décidé que la partie a assez duré. Elle intercepte automatiquement la moindre attaque et le moindre projectile, enchaine les coups de poing pendant plusieurs secondes sans que l’on puisse réagir, et vu que même en parant l’énergie diminue, se décide à faire quelques balayettes puis une attaque sautée, comme ça hop, et si tu te protèges encore je te chope. Plus redoutable tu meurs, c’est pire qu’Akuma dans Super Street Fighter II HD Remix. Il va sans dire que quand on essaye de faire la même chose on se fait sévèrement doser. En fait le niveau de difficulté est tellement aléatoire qu’il arrive de faire deux perfects (pardon: deux « flawless victories« ) pour ensuite se faire complètement rétamer au combat suivant.
Le jeu préféré des couples vus dans Confessions Intimes
Peu de persos jouables, gameplay à la rue, c’en est à se demander ce qui a pu faire le succès de la série, parce qu’à l’heure actuelle on en est quand même à huit épisodes officiels plus trois spinoffs sans compter les éditions « ultimate » ou « gold » et j’en passe. Pas bêtes, Tobias et Boone savaient que réaliser un jeu du même degré de technicité qu’un Street Fighter II nécessiterait énormément de travail pour un résultat pas forcément folichon. Plutôt que de jouer sur ce terrain, Mortal Kombat joue tout sur le visuel: outre la réalisation graphique jamais vue pour l’époque toute en images digitalisées, c’est le gore qui a construit la renommée de la série. Le jeu regorge en effet de coups faisant gicler le sang et même si celui-ci disparaît, les associations de familles bien-pensantes en voyaient suffisamment pour hurler, d’autant plus qu’un mécanisme de jeu appellé « Fatality » invitait le joueur à achever son adversaire d’une manière particulièrement violente. Si la moitié de ces fatalities ne cassaient pas 3 pattes à un canard (celle de Liu Kang est un pauvre uppercut pourrave, celle de Scorpion consiste juste à cramer son adversaire et le transformer en squelette façon cartoon) quelques unes assez gores ont largement contribué à la renommée du jeu: Sub-Zero arrache la tête et la colonne vertébrale de son adversaire, tandis que Kano, un poète, se contente de lui extraire le coeur de la poitrine. Le problème, c’est qu’une fois les fatalities vues pour le plaisir de la découverte (et un chouilla de curiosité morbide, avouons-le) le jeu n’avait plus grand-chose à offrir et qu’il est difficile de s’en contenter quand on a plus de quinze ans ou qu’on n’est pas un gros blaireau de redneck du Mississipi buveur de Bud et fan de Fox News. Quant aux images digitalisées, elles en jetaient à l’époque mais de nos jours ces amas de pixels immondes ne tiennent plus trop la comparaison par rapport à de beaux graphismes 2D soignés. Terminons avec la bande son, complètement anecdotique, et les bruitages qui se résument à « AYA AYA AYA AYA AYA AYA » « UYAH UYAH UYAH » « COME HEEERE » « UUUUNGH » « FINISH HIM » et c’est à peu près tout. Les portages console sont assez fidèles à la borne, sauf la version SNES qui ne contient pas de sang et dont les fatalities sont édulcorées. Vu que c’est un peu le seul intérêt du jeu, c’est comme on dit assez ballot…
Assez moche et au gameplay archifoireux, le premier Mortal Kombat n'a pour lui que ses giclées de sang qui disparaissent et ses célèbres fatalities plus ringardes que spectaculaires. C'est bien peu, même avec la nostalgie.
J’avais ou souvenir doucement rétrograde de ce jeu, mais à te lire, je me rends compte à quel point ce jeu était pourri. Car oui, une fois les fatalities envoyées, on passait vite à autre chose, surtout que je me faisais rétamer contre mon pote qui avait la megadrive.
Moi aussi, j’ai un souvenir particulier de ce jeu. D’une part à cause de ses graphismes, qui à l’époque me faisaient baver d’envie. D’autre part à cause de sa violence qui me faisait bien rire. Et enfin parce que ma grand-mère m’a engueulé/culpabilisé pendant tout un après-midi quand je lui ai dit que je voulais jouer à ce jeu sur ma Megadrive (il faut dire qu’auparavant je lui avait dit avec fierté qu’il contenait des scènes de décapitation, d’arrachage de coeur, et d’empalement). Résultat : je n’ai jamais réussi à taper le cheat code qui débloquait le sang. Il a dû tourner pendant 2 mois sur la console, le temps de finir le jeu avec tous les persos un par un et de faire une ou deux parties avec mon frère. Puis plus rien.