On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Action / Aventure • Editeur: SCEE • Date de sortie: 14 Octobre 2009

Uncharted 2 : Among Thieves

Par • le 23/10/2009 • À la une, PlayStation 3, Tests & previews • Exemplaire du jeu fourni par l'éditeur •

Octobre 2009, mois clé pour une sortie de jeu, avant l’arrivée des mastodontes de Noël en Novembre (CoD : MW2, Assassin’s Creed 2, Left 4 Dead 2 …) et au milieu des sorties FOOT/Voitures, Naughty Dog et Sony voulaient frapper fort pour imposer un jeu exclusif à la PS3, histoire aussi de marquer la baisse de prix de la console, le jeu se trouvant aussi en un bundle pack bien attirant pour ceux qui n’osaient pas encore passer le pas.
Héritier d’un Uncharted premier du nom lancé aussi en grandes pompes mais réceptionné assez modestement par le public (le prix de la PS3 à l’époque n’a sans doute pas aidé), et correctement par la presse, Uncharted 2 est teasé depuis quelques mois à grand renforts d’éloges de la part de la presse spécialisée, carrément dithyrambique à un point où ça en devient louche.
Alors en recevant un exemplaire du jeu, le Blu-Ray entre les mains, je me posais la question : « Vais-je être influencé par tout ce que disent les journalistes en preview et penser que c’est génial même si c’est nul ? Ou par pur esprit de contradiction, vais-je chercher la petite bête pour rien ? »

Welcome to the jungle

Avec ce gel, Drake tiendrait plus facilement en collant sa langue

Mes premières minutes en compagnie de Nathan Drake ont immédiatement été une expérience spectaculaire ; un train déraillé, et alors que Drake se réveille blessé dans un wagon suspendu au-dessus du vide, il faut varapper sur les débris pour remonter au sommet de la falaise enneigée. Pissant le sang et à moitié mort, notre héros titube à travers les décombres du convoi et dans la neige, à mon avis, le flashback approche à grands pas, bingo, deux minutes plus tard, nous voilà revenu quelques mois auparavant accoudé au bar d’une paillote « Chez Riri » à discuter le bout de gras avec une vieille connaissance et une bonnate à l’accent anglais aussi suspicieux que ses intentions. Le décor se pose : Drake et ses amis archéo-voleurs vont devoir cambrioler un musée pour récupérer une pièce du trésor volé par Marco Polo, qui permettra de trouver son emplacement caché dans un endroit secret ninja. Sous ses gros traits baveux, le scénario d’Uncharted 2 s’étoffe au fur et à mesure du jeu pour nous faire vivre une aventure digne d’un blockbuster américain des années 80, petites phrases du héros, tension sexuelle avec tout membre du sexe opposé croisé (même les yak femelles), vieux compagnon, compagnon inattendu et surtout, surtout, une bonne vingtaine de rattrapage in-extrémis au-dessus du vide, avec récupération du bout des doigts de votre copain/copine qui vous remonte à la surface d’un geste aussi simple que si vous pesiez 3 kg au plus.
L’histoire de base va donc évoluer et prendre des proportions plus graves (rassurez-vous, ça parle pas d’écologie, l’honneur est sauf), frôler le fantastique et démontrer à quel point nous connaissons mal la chaîne Himalayenne.

Live and let die

Uncharted 2 est un TPS d’aventure plus que classique, direct héritier de Tomb Raider, grimpette et balancés voluptueux seront de la partie, mais aussi bugs de placements et imprécisions. En effet, comme Lara, Drake aime bien être EN FACE d’une échelle pour pouvoir s’y accrocher, ses mouvements sont parfois un peu abrupts, surtout dans des passages délicat où le moindre faux pas vous envoie à la mort, sans compter qu’un élément du décor qui dépasse un peu du sol vous enverra glisser de coté, ce qui m’a valu quelques « OW FUCK » dont mes voisins se souviendront, évitez donc les sacs de farine si vous êtes sur un toit, pour ne pas vous retrouver direct sur le bitume quinze mètres plus bas.
Sans trop pénaliser non plus, on se retrouve juste quelques fois renvoyé au précédent checkpoint, heureusement pas très loin avant, mais disposé un peu étrangement, il peut arriver par exemple qu’au rechargement d’un de ces checkpoints, vous vous retrouviez au milieu d’une zone de combat où vous attendent déjà quelques militaires hostiles, une pirouette et deux sauts vous propulseront à l’abri, mais spawner à l’abri aurait pas été plutôt bienvenu. Dans tous les cas, il n’y a pas trop à s’inquièter, le jeu est réellement très simple même dans le mode le plus difficile disponible d’emblée, ce qui n’entrave pas la durée de jeu correcte (je l’ai fini exactement en 12 heures et 50 secondes).

Apetite for destruction

MER IL ET FOU

Drake en plus d’être un habile varappeur sait aussi se servir d’une kalashnikov, et cela sera bien efficace tant les combats sont présents dans cette séquelle d’Uncharted, auparavant un peu plus pauvre en la matière. Infiltration-style ou assaut direct, on a le choix de la manière, la douce étant évidemment moins risquée mais exigeant une petite préparation avant de se lancer afin de ne pas se retrouver à faire un german suplex discretos à un garde dans la ligne de mire d’un de ses copains, c’est aussi celle qui demandera un défi intellectuel plus avancé que de simplement se mettre en couverture et allumer tout ce qui avance mais la récompense sera au rendez-vous, souvent vous aurez moins d’ennemis à abattre que si vous êtes repérés, et vous en ressortirez aussi bien plus satisfait.
Si au contraire, on choisit l’action, il faudra passer par des vagues stupides et longues d’adversaires, et compter sur le système maintenant classique de couverture, obligatoire pour se protéger des ennemis qui avancent au mépris de tout danger pour arriver jusqu’à Drake afin de lui asséner quelques coups de tatane bien sentis, à moins que l’on choisisse de prendre l’initiative et de se plonger au corps à corps au milieu de tout le monde, à priori risqué mais vous seriez surpris de voir le nombre de fois où ça passe au milieu de quatre mercenaires avec des AK47.
A vrai dire, j’ai abordé chaque combat comme un passage obligé avant un moment plus intéressant du jeu, il n’y a pas de réel défi, et la mesure est parfois très inégale, on peut vider 3 chargeurs de M4 sur un adversaire avec gilet pare-balles sans le faire tomber, ou le tuer en un seul coup de pied, dans l’autre sens, Drake survit à l’exposition à une mitrailleuse Cal .50 pendant 5-6 secondes, mais crève parfois d’un coup de shotgun de l’espace à 20 mètres de distance, évidemment on ne recherche pas le réalisme dans ce type de jeu, mais une certaine cohérence aurait été appréciable. De même j’ai été assez tenté de ramasser un kevlar sur un cadavre, j’avoue, je suis peut-être formaté, mais plutôt que de me trainer en t-shirt dans la neige, je prendrais n’importe quoi de plus chaud pour me mettre sur le dos, surtout avec une blessure ouverte, et vu que je passe mon temps à me faire canarder, au moins faire un peu semblant de se protéger, non ? Les seuls objets utilisables sont une arme « légère », une arme « lourde », des grenades et un bouclier d’intervention (wait, un bouclier d’intervention pour attaquer un village de paysans ? what the hell are you talkin’ about ?)
Heureusement de temps en temps des petites phases un peu spéciales sortent de la monotonie de ces combats démesurés (Drake le voleur archéologue est un vrai exterminateur et a définitivement rayé de la profession une division entière de mercenaires sur-entrainés, cf au passage le dialogue avec le boss de fin, je vous laisse apprécier l’ironie), avec par exemple un moment où notre héros se retrouve accroché à un panneau signalétique sans pouvoir descendre, et assailli de toutes parts, il doit viser, se protéger en changeant de coté, gérer ses angles … pas forcément plus difficile mais bien plus original et recherché, dommage que ce soit trop rare.

Paradise City

Ok, faudrait dégivrer un petit peu là

Divertissement est le maître mot d’Uncharted 2, le jeu est réellement magnifique, certains décors epoustouflants en rattrapent d’autres moyens, et plus on avance, plus c’est beau, on sent que Naughty Dog a voulu nous en jeter plein la gueule avec des panoramas de carte postale. Malheureusement, le jeu pêche par des détails un peu trop figés, on aurait aimé par exemple un peu plus d’interactivité avec le décor, certes des objets peuvent bouger, mais la plupart sont solidement fixés, même quand Drake les touche ou tire dessus, ce qui est peu génant avec une armoire l’est d’avantage avec une feuille de palmier dans la jungle, vous aurez beau vous en approcher, et la toucher, elle ne bouge pas, voire elle se comporte comme un mur, bloquant tout mouvement, ce qui donne l’impression que Drake évolue dans un couloir somptueux créé en surimpression d’un fond bleu. C’est d’autant plus dommage que ces détails gachent l’immersion et le travail des artistes, les décors sont vraiment grandioses quand on prend du temps pour les admirer, et qu’on n’a pas fait attention aux dizaines de caisses et aux centaines de bouteilles de gaz éparpillées au milieu des rues, le village Tibétain avec cahutes éclairées à la bougie devient plus tard rempli de ces mêmes bouteilles de gaz, qui sait, les villageois étaient peut-être à court de durites non périmées ?
Mon sentiment au cours de la progression du jeu était qu’au lieu d’améliorer l’expérience ludique, les combats ainsi que toutes les ficelles classiques et presqu’obligatoires que les développeurs se sentent obligés d’utiliser pour les enrichir, gâchaient vraiment l’immersion, le plaisir et le travail énorme qui avait été fait pour rendre Uncharted 2 complètement bluffant. Plus précisément, j’ai eu l’impression que des gentils artistes bien intentionnés avaient présenté un produit inspiré et presque lyrique, et qu’un connard de marketeux était arrivé pour leur dire « Ok les mecs, c’est bien là vos petits drapeaux multicolores qui font comme si on était en Chine ou je sais pas où, mais je pense qu’on pourrait par exemple mettre un mec en armure intégrale super renforcée avec des boulons, qui aurait une gatling, et juste à coté un autre avec un bouclier d’intervention qui avancerait comme si il était du SWAT, ça en jette vachement, vous trouvez pas ? En plus vos idées de tapette d’acrobatie, ça va bien pour les gonzesses qui jouent à Tomb Raider ce jeu de fille, nous on veut faire un jeu de VRAI MEC, avec des mitraillettes, des lance-grenades, et un tank qui écraserait tout un village de pauvres, non ? Vous pensez pas ? Tant pis, c’est moi qui choisit, donc voici 10 Millions de dollars en plus, et vous avec 6 mois pour me rajouter ça, merci, je retourne jouer au golf maintenant ». Ils gâchent tout, ces marketeux.

Anything Goes

Une petite balade à Katmandou

Il faut un moment avant qu’Uncharted 2 puisse vous convaincre qu’il est un bon jeu, surtout vu la linéarité des niveaux, en vous impliquant un peu plus avec le décor ; se coller aux falaises et grimper en s’accrochant aux briques est de loin ce qui m’a le plus botté, viennent ensuite toutes les interactions avec certains éléments comme les YAKS, qui rajoutent une richesse qu’on ne trouve malheureusement que rarement, là où cela aide énormément à l’immersion.
Au lieu de ça, la part belle a été faite aux combats pour lequels le jeu n’est clairement pas optimisé, à la limite, chacun sa spécialité, et à vouloir tout faire pour satisfaire le plus grand nombre, on diminue la qualité du produit sur son domaine de prédilection : l’aventure et l’exploration, cette dernière étant clairement trop délaissée et très en-dessous de produits comme le dernier Prince of Persia.
Une idée à pousser pour conserver cet état sans ruiner le produit, aurait été d’avantager les combats de corps à corps, le système de base, assez proche de celui de Batman Arkham Asylum (carré pour frapper, triangle pour parer) est bien trop limité justement, et Drake aurait été plus crédible en bagarre à mains nues que dans de trop nombreux gunfights qui trainent souvent en longueur et apparaissent comme un cheveu sur la soupe.
C’est d’autant plus paradoxal, que le combat est bien plus amusant et intéressant une fois que l’on se penche sur la partie multijoueur, agrémentée d’une progression à la Call of Duty 4, c’est à dire, que plus vous jouez, plus vous gagnez de point d’experience et augmentez de niveau, ce qui vous débloque des perks à acheter avec l’argent que vous gagnez en tuant un adversaire ou en remplissant un objectif durant une partie en ligne.
Une fois passé l’horrible matchmaking obligatoire de tout jeu console (que celui qui a eu cette idée se dénonce afin qu’on coupe sa tête), j’ai pu tester des parties Deathmatch sympathiques, qui là encore ne révolutionnent rien mais remplissent leur rôle comme il faut, mais surtout le mode Coopératif avec Objectif, qui vous donne l’occasion de faire un niveau entier inspiré d’un de ceux du Single Player, avec 2 autres joueurs, et où là le plaisir du combat est bien plus présent, la difficulté allant crescendo durant tout le niveau, vous avez 3 essais et la possibilité de ranimer vos collègues, plusieurs moyens d’arriver au bout, un vrai défi et un excellent moment à passer sur des maps que l’on connaît déjà mais qu’on redécouvre bien autrement, avec un scénario différent.

(Uncharted 2 propose de twitter pour vous votre progression, j’ai pour l’occasion créé un compte pour GS198X, vous pouvez donc voir que la fonctionnalité à la base très causante a été édulcorée pour éviter le spam de votre compte, 3 updates seulement pour toute la partie solo.)

Au final, Uncharted 2 est un produit complexe à juger, dire qu'il est le jeu de l'année est vraiment exagéré, affirmer qu'il est la meilleure exclusivité de la PS3 serait plus réaliste. Pour moi, mettre une mauvaise note aurait été trahir un travail remarquable de la part de Naughty Dog, mais je ne peux dignement pas en mettre une excellente au vu de tous les petits détails qui déprécient énormément un moment de divertissement qui n'a rien à envier aux productions Hollywoodiennes et dont on sort malgré tout comblé comme quand on avait 8 ans après avoir vu Indiana Jones et le Temple Maudit.

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est joueur depuis 1987. Joueur Hardcore Casual, même s'il passe des jours entiers de sa vie à jouer, il n'a jamais dépassé le niveau de votre petit cousin. Après avoir participé à l'émergence des LAN et du multijoueur avant les années 2000 et Counter-Strike, il ne jure plus que par les jeux solos, surtout les FPS.
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6 commentaires »

  1. Tiens au fur et à mesure que je lisais le test je me disais que finalement tu avais beaucoup plus apprécié que ce que tu en disais sur IRC, je t’imaginais déjà lui mettre un bon 4 et puis je découvre la note, sévère mais finalement justifiée par tous les petits détails énervants énoncés dans le corps du texte.

    Serious Trem is serious.

  2. Oui tout ça c’est la faute des marketeux

  3. Ce qui m’a un peu déçu sur ce volet, c’est plutot le scenario digne d’un prime time sur TMC ;) . Cela reste tout de meme un bon « numero 2 », mais je crois qu’un 3e volet du meme accabit ce sera de trop.
    J’ai apprécié le multi en coopératif, avec des missions un peu plus longue ça pourrait valoir l’investissement d’un DLC.

  4. Le scénario, quel scénario ?

    J’approche de la fin, et bah… c’est un bon jeu pop-corn quoi. Il faut aimer les gunfights, et avec le système de couverture, t’en as fait un, tu les as tous fait.

    Par contre, pour les phases de grimpette, j’ai trouvé qu’au contraire, tu peux avancer à l’arrache et bourriner X, il fera le parcours tout seul, on est vraiment sur un rail dont il est très dur de sortir, je ne suis quasiment jamais mort en ratant un saut ou une corniche.

    Je ne comprend vraiment pas tous ces gens qui hurlent au BGE, c’est un bon jeu, il est très joli, mais putain c’est plat quoi u_u

  5. Je tiens à dire que

    1. Il y a quelques années quand on achetait un jeu et qu’il nous durait 12 heures on criait au scandale (même si c’était MGS), mais je dois faire mon vieux con, parce que 12 heures de jeu c’est mon quota actuel du trimestre.

    2. Je suis à la fois super méga jaloux et un peu satisfait de ne pas pouvoir suivre une nouvelle série de Naughty Dog à cause du simple prix d’une console. Un peu comme quand Oddworld Inhabitants est passé sur X-Box (mais le futur m’a rassuré).

  6. Non, 12h c’est court dans l’absolu, mais c’est plutôt bien pour un jeu console à 50 € (oui moi aussi je désespère quand je dis ça)

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