Dans les forêts du Nord Ouest Américain, on trouve des vampires à paillette, des loup-garous avec des gros pecs, mais aussi un petit village accueillant du nom de Bright Falls.
Fameux pour sa fête du Cerf et sa maison de repos pour artistes en plein crise créative, Alan Wake et sa femme avec la voix de Jennifer Aniston s’y rendent dans le but de reconstruire un peu leur couple, voire de relancer au passage la carrière autrefois fructueuse du pauvre Alan, en le remettant à la machine à écrire.

Alan Wake s’aborde différemment selon que vous ayez vu Twin Peaks ou pas.
Premier cas, tu as lu la phrase au-dessus et tu te dis gnnnnn c’est quoi Twin Pouiks encore un groupe de jeunes adolescents qui dansent en tenue de sport sur de la musique pop et qui te disent à quel point la vie est bien si tu travailles dur et que tu te fais plein d’amis ? OH FUCK, NO WAY. NO. WAY. Visite le Chapitre 1.
Deuxième cas, tu sais de quoi je parle. Visite le Chapitre 2.
Si tu connais Twin Peaks mais que tu ne l’as pas vu, tu es inutile, morveux, et abject, tu mérites d’aller seulement au Chapitre 1.

Chapitre 1

Alan visite une ville complétement jamais vue nulle part dans une ambiance fantastique et inédite que personne n’a jamais vu ailleurs.
Le jeu est vraiment beau et les décors qu’on nous a montré il y a quelques années comme première présentation de l’idée de ce qu’il serait plus tard m’avaient fait baver comme un âne devant une putain d’énorme et belle carotte phallique et désirable. Et j’aime VRAIMENT les carottes (rapées), et le soleil couchant dans les pins à flanc de montagne.
Chose promise, chose due, la région de Bright Falls, une ville en bord d’un lac de vallée, entourée de superbes montagnes boisées pose directement l’ambiance, on n’est pas dans un Silent Hill où la ville puduku dans le brouillard, mais plutôt dans un hameau typique de 3000 habitants, avec un café typique et sa police locale tranquille, voyez Rambo First Blood ? Ben pareil.
Si vous n’avez jamais vu Rambo First Blood (Rambo 1 quoi), Rendez-vous au Chapitre 4, si vous connaissez même que vous criez ADRIEEEEENNE la nuit quand vous croisez un lapin en bord de route, Rendez-vous au Chapitre 3.

Chapitre 2

Alan visite un remake parfait de Twin Peaks, le Double R est là, le poste de police, les donuts, la femme à la bûche (ici la femme à la lanterne), le café, la musique, les mystères dans les bois …
C’est environ toutes les 5 minutes dans vos premières heures de jeu que vous allez halluciner sur tout ce qu’Alan Wake vole (ou rend hommage) à la célèbre série de Lynch. On oscille donc entre le petit plaisir de savourer toutes les références et entre l’agacement de l’hommage un peu trop appuyé qui finit par ressembler à une pâle copie destinée à un public qui justement ne connaît pas l’oeuvre originelle et ne pourra donc pas s’offusquer de retrouver des détails familier ici et là. Ne soyons pas chien non plus, c’est globalement plutôt agréable, d’autant plus que l’imagerie du village américain isolé et des grandes forêts sauvages de l’Oregon est particulièrement appréciable et se prète volontiers à l’ambiance mystérieuse voire mystique du jeu comme de la série, et c’est plutôt bien retranscrit. Comme je sais que si tu as vu Twin Peaks, tu as forcément vu Rambo, je t’invite donc à te rendre au chapitre suivant, le numéro 3.

Chapitre 3

Alan arrive accompagné à Bright Falls, et ses premières rencontres dans le petit village sont plutôt sympathiques, mais rapidement il va se retrouver isolé, seul à devoir retrouver sa femme disparue soudainement dès leur première nuit dans la région. Comme John Rambo, Alan va devoir survivre face à de mystérieuses ombres, armé d’une lampe torche, dans la forêt et au milieu des éléments plus ou moins en ruine de civilisation qui l’entourent ; ancienne mine, station service, scierie, centrale éléctrique … Heureusement, après quelques errements solitaires, l’éditeur acolyte viendra se joindre la fête, apportant quelques petites blagouzes de sidekick et expliquant régulièrement comment évoluer dans les décors. C’est fou ce que j’aime les sidekicks des jeux next-gen, c’est vrai, on a là un parfait Survival Horror, dans des décors superbes et oppressants, mais quand même, au lieu de nous laisser tranquille à avoir les chocottes, on nous colle un blagueur à la voix nasillarde qui nous explique comment ouvrir un portail. Ce rabat joie ne sera pas le seul à vouloir nous donner des ordres et malgré des personnages secondaires qui au premier abord semblent être riches, mystérieux, interessants, on se retrouve avec des guides lunatiques et plats, dont on n’ira jamais au bout de leur personnalité ou de leurs motivations, qu’on croisera quelques minutes pour plus vite passer à autre chose. La suite est au Chapitre 5.

Chapitre 4

C’est simple Rambo est un ancien des forces spéciales du Vietnam, qui au retour de la guerre, fait du stop sur les routes américaines, et arrive dans un village isolé qui le traite comme un paria, Rambo fout alors la merde en s’enfuyant dans la forêt, l’armée intervient, Rambo récupère une M60, monte dans un taxi qui le dépose chez sa tante à Bel-air. Vous pouvez maintenant lire le Chapitre 3.

Chapitre 5

Alan l’écrivain va donc devoir retrouver sa femme, dans un univers à la frontière entre réalité et fiction, et quelle fiction, puisque tout au long de ses ballades champêtres, il va trouver ça et là des pages d’un roman qu’il a écrit et que pourtant, il découvre au fur et à mesure. Pire encore, ce roman semble raconter en détail chaque évènement, avant que celui-ci advienne. Du coup, ça fout un peu les jetons au pauvre écrivain, qui ne sait pas trop comment tout ça va finir, et va trouver que Bright Falls renferme quelques secrets que seuls les artistes peuvent dévoiler. Ainsi, le travail de Remedy sur l’ambiance est à nouveau réussi, et c’est malheureusement le traitement du scénario qui va faire défaut. Trouver des pages du livre (et prendre le temps de les lire) ajoute à l’immersion et aiderait à comprendre le glissement d’Alan dans une folie où tout le monde tomberait, malgré ça, Alan trouve des pages qui décrivent des moments parfois horribles, et il se contente de crapahuter avec son shotgun et sa lampe torche dans la forêt, à chercher des piles de la marque qui a bien payé son placement produit. Là encore, on sent que tout le travail d’ambiance est gaché par un traitement ludique peu inspiré malheureusement, ce que je vous propose d’approfondir dans le dernier Chapitre, le numéro 6.

Chapitre 6

Alan Wake est un ancien projet, et ça se sent particulièrement dans l’animation des personnages, les expressions de leur visage, tout semble appartenir à un autre temps, et on a souvent l’impression d’avoir affaire à un Sims quand on voit Alan crier. De même on trouve encore les travers des premiers jeux AAA de la Xbox360, c’est à dire un emballage super pour un contenu mou et répetitif, ce qui est malheureusement le cas ici.
Aussi diverses que soient les zones à visiter, on finit toujours par courir sur un sentier forestier à tendre sa lampe de poche et à tirer sur des ombres. De temps en temps, il faudra utiliser un peu son cerveau pour par exemple procéder à une fuite tactique sous un lampadaire, mais cela reste rare, Alan Wake reste malheureusement en dessous de mes attentes, et de celles de la plupart des joueurs en 2010. Alors doit-on espérer mieux d’une éventuelle suite ? A vrai dire je sais pas si des créateurs de jeu y ont déjà pensé, mais c’est pas vraiment une suite qui m’intéresserait, c’est plutôt le même jeu avec le même emballage, le même scénario, un traitement plus profond des personnages, et un contenu ludique plus poussé, un gameplay amélioré et moins répetitif pour que le contenu soit plus à la hauteur du contenant. L’exemple parfait est Assassin’s Creed, qui part d’un premier épisode magnifique mais ennuyeux, pour magnifier le produit de toutes les manières possibles pour la suite, afin d’en faire un jeu complet à tous les niveaux.

Après tout le teasing sur Alan Wake, on était en droit d'attendre un jeu plus riche, plus moderne, et surtout plus profond et mature, c'est à dire non destiné à des adolescents de 14 ans. Malheureusement, les créateurs de Max Payne n'ont pas su garder l'esprit de leurs précédentes productions et se sont embrouillés dans une histoire en demi-teinte et des personnages accrocheurs mais au final peu passionnants. S'il y avait eu un gameplay plus poussé et moins répétitif, on aurait eu sans doute un jeu excellent, mais là encore, il faudra se contenter d'attendre l'éventuelle suite.

Trem_r est joueur depuis 1987. Joueur Hardcore Casual, même s'il passe des jours entiers de sa vie à jouer, il n'a jamais dépassé le niveau de votre petit cousin. Après avoir participé à l'émergence des LAN et du multijoueur avant les années 2000 et Counter-Strike, il ne jure plus que par les jeux solos, surtout les FPS.
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