Allemagne : qu’est-il arrivé au débat sur les « Killerspiele » ?
Par Shane Fenton • le 31/5/2016 • Entre nous •Quand, en 2009, j’ai commencé ma série de traductions d’articles en provenance d’Allemagne, les « Killerspiele » ou « jeux de tueurs » étaient le sujet chaud du moment. La tuerie de Winnenden avait eu lieu en début d’année, et cet « Amoklauf » (littéralement, « course folle meutrière »), avait ravivé comme jamais la polémique sur les jeux « violents » et leur possible interdiction. Tous les mois, toutes les semaines, il y avait du nouveau, et j’essayais de le chroniquer tant bien que mal pour le site de Canard PC. Toutefois, j’ai senti que ce n’était pas assez, qu’il était nécessaire que les lecteurs français se confrontent directement aux textes en provenance d’Allemagne pour avoir un aperçu complet de la situation là-bas, plutôt que d’aller lire des informations de seconde main, généralement pompées sur des sites anglophones qui eux-mêmes pompaient sur des sites germanophones, lesquels se contentaient de reprendre deux ou trois citations tronquées. Un changement de travail fort opportun m’a permis de réaliser ce projet : je me suis lié d’amitié avec un collègue allemand, que j’ai embarqué dans l’aventure, et grâce à son aide inestimable, j’ai pu vous offrir la traduction d’articles complets, provenant en général des détracteurs allemands de la violence vidéoludique.
Aujourd’hui, les polémiques sont éteintes depuis longtemps. Le « Killerspieldebatte » est devenu un vestige du passé, et le terme lui-même est tombé en désuétude. D’où l’apparition récente d’articles et de reportages télé qui reviennent sur le sujet, mais sous un angle « historique ». Ainsi, la chaîne publique ZDF (qui avait accueilli autrefois des reportages incendiaires contre la violence vidéoludique) nous offre désormais un documentaire en 3 parties qui « refait le match » avec les principaux protagonistes de ces polémiques. Et l’an dernier, le Spiegel-Online a inclus le « Killerspieldebatte » dans sa série d’investigation « Qu’est-il arrivé à ?… », dont voici la description : « Pendant un temps limité, on se met à parler abondamment de certains évènements, de certaines personnes, qui finissent par disparaître des gros titres. Comment ces sujets évoluent, que deviennent ces personnes ? C’est ce que nous éluciderons dans cette série. » Et c’est justement l’épisode consacré aux « Killerspiele » dont je vous propose la traduction intégrale, ici-même.
« Counter-Strike » & cie: Qu’est-il arrivé au débat sur les Killerspiele?
(Markus Böhm, Spiegel-Online, 25.09.2015)
Est-ce que dans « Counter-Strike » on peut flinguer des écolières ? Non. Pourtant, on a mené un débat entier avec de tels arguments. Des politiciens et des journalistes exigeaient, avec des affirmations grossières, une interdiction des « Killerspiele ». Qu’en est-il ajourd’hui ?
Si on veut s’entretenir avec un politicien, le débat sur les « Killerspiele » n’ouvrira pas beaucoup de portes. Même Dorothée Bär ne veut pas donner d’interview sur le sujet, alors que la députée CSU avait, à l’époque, co-organisé la première LAN-Party du Bundestag. Et le bureau de Heiko Maas (SPD), qui a souvent donné son avis sur les mondes virtuels, nous répond qu’à ce sujet, le Ministre de la Justice ne veut pas se prononcer. En 2009, Maas avait encore dit lors d’un Chat en pleine campagne électorale qu’une interdiction des Killerspiele ne lui posait « aucun problème ».
Au début des années 2000, de nombreux politiciens s’étaient prononcés en faveur d’une interdiction des Ego-Shooters. « Assassiner autrui ne peut pas être un passe-temps », disait le Ministre de l’Intérieur Bavarois Joachim Herrmann – comme s’il n’y avait aucune différence entre un combat virtuel et un acte violent réel – Les déclencheurs du débat autour des jeux de tir étaient notamment les Amokläufe perpétrés par des adolescents comme à Erfurt, Emsdetten et Winnenden.
Pour rappel, nous avons recompilé les 10 évènements-clés qui ont marqué la discussion autour des Killerspiele [Voir plus bas, en annexe].
Six ans et demi après Winnenden, la controverse autour des jeux de tir a disparu de la sphère publique. L’USK, qui en Allemagne est responsable de la classification des jeux, est réputée pour faire du bon travail. Sur le plan des études scientifiques, il manque toujours des preuves convaincantes qui appuieraient la thèse selon laquelle les jeux d’action rendraient les gens violents. Christian Pfeiffer, qui était probablement le plus célèbre des opposants allemands aux jeux vidéo, mais aussi le criminologue le plus contesté de son pays, est parti à la retraite en début d’année.
En ce qui concerne le sujet des « Killerspiele », c’est le Ministère de la Famille qui doit se prononcer. En réponse à une enquête qui vient d’avoir lieu, il renvoie à la situation législative actuelle, et considère que le « marché croissant des jeux en ligne » est « un défi particulier pour la protection de la jeunesse face aux médias ». Et dans le monde politique berlinois, cela fait longtemps qu’aucune personnalité connue n’a demandé d’interdiction des « Killerspiele ».
Thomas Jarzombek, qui représente la commission CDU pour le plan numérique, et qui a toujours été critique vis-à-vis d’une interdiction, affirme qu’il ne connaît plus personne qui s’engage activement pour une telle mesure. « A ma connaissance, cela ne figure plus dans aucun programme électoral, dans aucun programme de parti, et dans aucun programme de coalition. La raison a fait son entrée dans le débat ».
Plus personne ou presque ne parle de « Killerspiel »
L’utilisation du mot « Killerspiel », qui depuis toujours avait une connotation négative, s’est effectivement réduite à peau de chagrin. Les statistiques Google démontrent de façon exemplaire que le terme était beaucoup plus recherché en ligne pendant les années 2000.
Selon, Maximilian Schenk, PDG de la BIU, l’association allemande des éditeurs de jeux, la discussion autour des jeux d’action suit son cours, à l’exception du terme « totalement inutilisable et réducteur » de ‘Killerspiel’. Quiconque va essayer de placer ce mot dans le cadre d’une discussion sur les jeux vidéo va « se montrer sous son mauvais jour » [NdT : l’expression exacte, typiquement allemande, est « der wird sich selbst eher in ein schlechtes Licht rücken », littéralement : « se placer dans la mauvaise lumière »]
De même, Linda Breitlauch de GAME, le deuxième plus grand syndicat allemand de l’industrie du jeu vidéo, trouve que le débat s’est professionnalisé. Cela se voit, par exemple, dans les reportages télévisés sur le sujet : « Nous parlons enfin de la véritable substance des jeux, comme c’est le cas depuis longtemps pour d’autres médias. Si un jeu est bon ou mauvais, cela se décide par rapport à son contenu et non plus par rapport à son genre ».
Alors comme ça, tout va bien dans le monde allemand des jeux ?
Toujours par de LAN-Party dans les écoles bavaroises
Non, pas tout à fait, rétorque Patrik Schönfeldt, un joueur passionné, qui se bat depuis 2009 pour améliorer l’image de son hobby. A l’époque, dans les mois qui ont suivi Winnenden, il a fondé la VDVC (Verband für Deutschlands Video- und Computerspiele, littéralement : « l’association allemande pour les jeux vidéo et sur ordinateur »), qui compte aujourd’hui 1200 membres.
Selon Schönfeldt, désormais âgé de 28 ans, le thème des Killerspiele » a certes disparu du débat politique : « Cependant, les conséquences du débat sur les Killerspiele perdurent encore aujourd’hui. Notamment sous forme d’interdictions qui ont été décidées à l’époque et qui sont toujours en vigueur aujourd’hui. En Bavière par exemple, une LAN-Party ne peut toujours pas être organisée dans l’enceinte d’un établissement scolaire. » Schönfeldt ajoute que la réputation des jeux vidéo en tant que hobby a été durablement endommagée – surtout auprès des personnes âgées.
A l’opposé, le débat pourrait avoir provoqué chez les jeunes une certaine désaffection pour la politique : « c’était un moment pendant lequel de nombreux joueurs de jeux vidéo se sont dits : ‘hé, les politiciens parlent de choses dont ils ne connaissent rien – est-ce qu’ils font pareil pour d’autres sujets dont moi-même je ne connais rien ?' », affirme Schönfeldt.
Le politicien CDU Jarzombek partage ce sentiment : « La discussion a, effectivement, beaucoup nui a notre parti », dit-il. « Ceux qui avaient 16 ou 18 ans connaissaient bien les jeux sur lesquels on discutait. Ils ont tout de suite discerné le vrai du faux dans ce qui a été dit sur ces jeux, pour ensuite en tirer des conclusions concernant d’autres domaines », Une telle chose « est mauvaise pour la confiance qu’on peut avoir dans la politique. »
Patrik Schönfeldt affirme cependant qu’il est « peu probable que le point de vue des personnes concernées à l’époque ait changé. »
Wolfgang Bosbach pense la même chose qu’en 2006
En effet, il y a peu d’opposants de l’époque aux jeux vidéo qui ont changé publiquement d’avis, et certains politiciens assument complètement ce qu’ils disaient en ce temps-là.
Parmi eux, Wolfgang Bosbach affirme que son point de vue n’a pas changé depuis l’interview qu’il avait donnée au SPIEGEL-ONLINE de novembre 2006 au sujet « de tels ‘jeux’ sur ordinateur dans lesquels les assassinats simulés de façon réaliste sont un ingrédient essentiel du jeu, au point d’être une condition essentielle pour remporter la partie ». En 2006, Bosbach avait affirmé, entre autres, qu’il y avait une différence « selon qu’on regarde la violence au cinéma ou à la télévision, ou qu’on devient soi-même l’auteur de cette violence. »
Une critique contre les gamers devient leur hymne
Une illustration intéressante de ce changement progressif de perception se trouve dans une chanson anti-Killerspiele, Mehr Waffen de Christina Stürmer [NdT: chanteuse autrichienne souvent considérée comme l’équivalent local d’Avril Lavigne]. Une critique des joueurs de FPS, publiée en 2003 – qui contenait des vers tels que : « tu n’as pas besoin de copine, dans ton jeu tu en as une. » Patrik Schönfeldt affirme que cette chanson a fini par devenir l’hymne officieux des gamers. Par exemple, elle est utilisée de temps à autre comme bande-son pour des vidéos de joueurs sur YouTube. L’autodérision comme arme contre les préjugés.
Dans le traitement médiatique des jeux vidéo, on rencontre de moins en moins d’erreurs grossières et de fausses affirmations, bien moins qu’il y a 10 ans – probablement parce que même dans les rédactions des journaux, on trouve de plus en plus de personnes qui ont grandi avec les jeux vidéo. Cependant, il existe toujours des exceptions. En avril de cette année, le journal Bild se demandait si un soldat devenu criminel avait reproduit dans la réalité les scènes d’un « Killerspiel ». Cet article parlait de Skyrim, un jeu de rôle bien connu qui se passe dans un monde fantastique.
Résumé:
Le débat démagogique et biaisé sur les Killerspiele, alimenté pendant des années, surtout par les politiciens de la CDU, n’existe plus en tant que tel. Le terme de « Killerspiel » a en grande partie disparu de la sphère publique. Bien entendu, il y a toujours des politiciens qui critiquent les FPS – à l’instar de Wolfgang Bosbach de la CDU.
L’auteur:
Markus Böhm est rédacteur du pôle Internet de SPIEGEL ONLINE. Il intervient sur des sujets que la réalité virtuelle, les jeux vidéo, les apps, le Streaming, YouTube, et l’évolution du Web.
Annexe : Dix moments mémorables du débat sur les Killerspiele
Qu’est-ce qu’un « Killerspiel », après tout ?
L’ex-ministre de l’Intérieur de Bavière, Günther Beckstein, est considéré comme celui qui a popularisé le terme en Allemagne. Le 1er novembre 1999, quand l’apprenti Martin Peyerl a assassiné 4 personnes ainsi que lui-même à Bad Rheichenhall, Beckstein a réclamé peu après l’interdiction des soi-disants « Killerspiele ». Depuis, la frontière entre les jeux d’action et les supposés « Killerspiele » a toujours été une question de définition.
Il faut noter que ce terme a également été utilisé dans quelques vieux articles du Spiegel et du Spiegel-Online.
Lors d’une réunion de la conférence des Ministres de l’Intérieur en juin 2009, on disait que les Killerspiele étaient « des jeux dans lesquels une composante essentielle de l’action est l’exécution virtuelle de tueries représentées de manière réaliste, ou bien d’autres actes violents, cruels ou inhumains, contre des personnes humaines ou humanoïdes. »
Le sujet qui fâche : Counter-Strike
Alors que demande d’interdiction bavaroise de 1999 n’a pas fait beaucoup de vagues, les choses ont radicalement changé après l’Amoklauf d’Erfurt en 2002. A ce moment-là, c’est surtout le FPS tactique Counter-Strike qui se trouve sous les feux de la critique, divers médias le présentant comme le jeu préféré du tueur Robert Steinhauser. A titre d’exemple, dans le Frankfurter Allgemeine Sonntags-Zeitung, on lit : « Counter-Strike est un jeu dans lequel il faut assassiner tout ce qui bouge, allant des policiers aux civils, en passant par les écolières, avant de se faire tuer soi-même » – ce qui est tout simplement faux.
Dans un rapport de la Commission d’Enquête au sujet de cet Amoklauf daté d’avril 2004, il a été conclu que Counter-Strike n’était pas en tête de la liste des jeux de prédilection de Steinhauser. Selon l’enquête, le matin de l’assassinat, il a joué au FPS Quake 3 Arena, qui est sensiblement moins réaliste.
Plan d’interdiction de la Grande Coalition
En l’an 2005, la Grande Coalition CDU/CSU et SPD arrive au pouvoir – avec un accord qui fâche les fans de jeux vidéo. Dans le contrat de coalition, sous la rubrique « Grandir sans violence », on lit qu’une « interdiction des Killerspiele » devrait être discutée.
Dans la pratique, cette demande ne sera pas exécutée, et dans les contrats de coalition de 2009 et 2013, le terme « Killerspiel » n’apparaît plus.
En prison pour la vente d’un jeu
Après l’Amoklauf d’Emsdetten en novembre 2006, le débat sur l’interdiction des Killerspiele s’accentue de nouveau. Le Premier Ministre de Bavière Edmund Stoiber demande à ce que « les Killerspiele qui incitent les jeunes gens à tuer des êtres humains [soient] interdits en Allemagne. »
Peu après, son Ministre de l’Intérieur Günther Beckstein dépose un projet de loi. On peut y lire que « celui qui produit, distribue, fournit […] ou reçoit dans son magasin des jeux vidéo qui ont comme objectif principal ou secondaire d’effectuer des actions cruelles ou contraires à la dignité humaine contre des êtres humains ou humanoïdes […] sera puni d’une peine de prison allant jusqu’à 1 an, ou d’une amende. » Ce projet ne sera pas implémenté. De toute façon, les médias glorifiant la violence sont interdits depuis longtemps en Allemagne.
Un clip contre les mensonges de la télé
Le 15 novembre 2007, Matthias Dittmayer diffuse sur Youtube une vidéo qui attire beaucoup d’attention. Dans ce clip de 9 minutes, le joueur et étudiant en droit démontre à quel point les reportages de plusieurs émission de télé diffusés sur les chaînes publiques à propos des jeux vidéo sont faussés et tendancieux.
Son clip « Les Killerspiele sur ARD, ZDF et WDR » a été visionné 2,4 millions de fois à ce jour, et Dittmayer a publié en 2014 une synthèse des débats sur les Killerspiele qui fait 270 pages.
Nirvana rencontre GTA
Un bon exemple de reportage méritant les critiques de Dittmayer et des joueurs est celui de l’émission Panorama en février 2007. On y montre une scène de sexe de GTA : San Andreas qui, cependant, n’est visible que pour les joueurs qui ont téléchargé le mod appelé Hot Coffee, une extension officieuse de ce jeu d’action.
La voix off du reportage commence la scène de sexe : « le gagnant est celui qui viole le plus de femmes. » Au même moment, on entend la chanson Rape Me de Nirvana. Difficile de faire plus lourdingue, et plus faux.
Combat de gladiateurs virtuels
L’une des voix les plus bruyantes en faveur de l’interdiction des killerspiele est depuis plusieurs années le politicien CSU Joachim Herrmann – il s’est fait remarquer avec plusieurs citations.
Par exemple, en avril 2009, il affirme dans le magazine télé de la ZDF Frontal 21 : « il faut absolument interdire ce genre de jeux. Tuer d’autres être humains ne peut pas être un divertissement. C’est quelque chose qui a existé autrefois dans l’antiquité, à l’époque où les romains s’enthousiasmaient à l’idée de voir s’entretuer des gladiateurs dans l’Arène, mais nous sommes supposés l’avoir surmonté depuis le Siècle des Lumières. Nous ne pouvons pas retomber dans un tel archaïsme. »
Un container presque vide
Le 11 mars 2009, à Winnenden, Tim K. assassine 15 personnes, avant de se suicider. Plus tard, les policiers ont découvert plusieurs FPS sur son disque dur. Suite à cet Amoklauf, les parents des victimes s’associent et fondent l’Aktionsbündnis Amoklauf Winnenden, qui réclame, entre autres, une interdiction des « Killerspiele ».
Le 17 octobre 2009, l’association a placé à Stuttgart un conteneur dans lequel les habitants pouvaient jeter comme des déchets leurs « Killerspiele ». Toutefois, très peu de monde a répondu présent, et le conteneur est demeuré pratiquement vide.
World of Warcraft, ce shooter
Bien que ce jeu de rôles massivement multijoueurs soit paru il y a bientôt 11 ans et compte parmi les jeux vidéo les plus connus, World of Warcraft est souvent considéré comme un « Killerspiel ». Cependant, on réalise au premier coup d’oeil que ce jeu n’est pas un shooter.
En 2012 encore, le journaliste de télé Ranga Yogeshwar déclare dans une interview – malgré le scepticisme de son interlocuteur qui lui repose la question – qu’il s’agit d’un jeu dans lequel on ne peut que « tirer sur tout ce qui bouge, assassiner d’autres personnes, etc…« .
Critique de Crysis 2
En avril 2012, les politiciens CDU/CSU s’indignent d’un prix décerné lors des Deutscher Computerspielpreis [NdT : la cérémonie allemande de récompense des meilleurs jeux vidéo], et soutenu entre autres par le Ministère des Transports. La raison : ce prix, celui du meilleur jeu allemand de l’année 2011, est attribué à Crysis 2, un FPS développé par le studio Crytek basé à Francfort, et recommandé pour les 18 ans et plus. Ces élus CDU/CSU avaient déjà protesté contre la nomination de ce titre. Le jury, qui a finalement décerné le prix, était composé entre autres de divers députés, dont certains issus de ce même parti, comme par exemple l’actuel Secrétaire Général de la CDU Peter Tauber.
Remarques additionnelles (Shane_Fenton):
Toutes les illustrations sont d’origine. Les images, leur légende et leur mise en page ont été conservées, ainsi que les hyperliens (bien qu’ils dirigent tous vers des articles en allemand). Ceci afin que vous ayez la version française intégrale de l’article original. Tout au plus, j’ai placé quelques liens supplémentaires quand je le jugeais nécessaire (pour le clip de Matthias Dittmayer, ou le reportage de Panorama). Pour le reste, je n’ai pas grand-chose à ajouter : comme indiqué en introduction, les polémiques sur la violence vidéoludique se sont éteintes, y compris en Allemagne. Le terme de « Killerspiel » est en passe de devenir obsolète. Les hommes politiques ne veulent plus entendre parler. Les médias généralistes ont tourné la page depuis longtemps. Cet article du Spiegel-Online en prend acte, et en le lisant, on peut mesurer le chemin parcouru.
En effet, il y a une quinzaine d’années, quand les « Killerspiele » ont réellement fait irruption dans l’arène politico-médiatique, il ne serait jamais venu à l’esprit de la plupart des journalistes généralistes d’aller regarder de plus près les jeux comme Counter-Strike qui soit-disant posaient problème, ne serait-ce que pour vérifier si ce qu’on racontait à leur sujet (comme par exemple, la possibilité de flinguer des écolières) était vrai. La revue de presse compilée par Matthias Dittmayer au plus fort de la polémique est édifiante, et ce n’est pas pour rien que j’ai commencé ma série de traductions par elle. Le Spiegel-Online a d’ailleurs l’honnêteté de ne rien cacher de ces bavures journalistiques (même si ce journal n’a jamais été le pire du lot).
De même, il ne serait jamais venu à l’esprit de la plupart des journalistes généralistes de l’époque de recueillir le point de vue des joueurs. Les seuls acteurs autorisés du « Killerspieldebatte » étaient en effet les politiques, les chercheurs, et les éducateurs. Éventuellement, des officiels de l’USK (l’organisme allemand de classification des jeux). A la rigueur, des gros pontes de l’industrie, histoire de donner la parole à l’avocat du diable. Mais les joueurs ? Pratiquement jamais. Cet article du Spiegel-Online offre donc un contraste saisissant avec ceux de ses confrères de l’époque… et à mon sens, c’est là son défaut : il n’y a pas vraiment de point de vue contradictoire. Certes, l’auteur a eu bien du mal à en recueillir un, vu que la plupart des politiques ne veulent plus s’exprimer sur le sujet des « Killerspiele ». Mais il reconnaît tout de même que les opposants à la violence vidéoludique n’ont pas désarmé, et il aurait été aisé d’en chercher du côté des éducateurs ou de la communauté scientifique (au hasard, l’association Mediengewalt e.V.). Ce n’est pas qu’ils me manquent, faut pas pousser non plus. Mais ce serait dommage de déplorer les couvertures médiatiques unilatérales, si c’est pour tomber ensuite dans le même travers.
Tags: Allemagne, jeux violents, killerspiele, Traduction, violenceShane Fenton est joueur depuis les années 80, et joueur passionné depuis 1990. Ouais, à peu près comme tout le monde ici, quoi. Sauf qu'en plus, il cause. Beaucoup. Mais alors beaucoup. C'est pas sain pour lui qu'il cause autant. Faudrait plutôt qu'il joue.
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Je comprends le scandale autour de Crysis 2 : que cette croute puisse gagner un quelconque prix me semble tout à fait inadmissible.