Jeu de café mon amour
Par kwyxz • le 21/4/2008 • Entre nous •Il fut une époque reculée et lointaine, durant les années 80 plus précisément, où les gens ne se contentaient pas de s’habiller n’importe comment, d’écouter de la musique de daube et de s’imaginer qu’en l’an 2000 on possèderait tous des voitures volantes et des combinaisons fluorescentes en guise de fringues. A cette époque, il existait ce que l’on appellait les « jeux de café ». Au milieu des flippers, billards et autres baby-foot, des jeux prenaient de plus en plus d’ampleur: les bornes d’arcade.
Si de nos jours l’espèce est malheureusement en voie de disparition, la faute à un matériel toujours plus coûteux et une rentabilité pas toujours assurée (la faute au piratage, la faute aux consoles de plus en plus puissantes) à l’époque elle en faisait rêver plus d’un. Les jeux d’arcade étaient d’une qualité graphique inouïe et les diverses conversions (consoles et micro) ne leur arrivaient que rarement à la cheville. Arriver à une qualité proche de celle de l’arcade tenait toujours de l’exploit, l’arcade était la référence, le mètre-étalon.
Mais l’intérêt de l’arcade ne tenait pas juste dans la beauté. Si de nos jours les quelques salles d’arcade subsistantes ont ce côté clean et sans âme d’une « Tête dans les nuages », les bornes placées ci-et-là dans les cafés avaient ce petit cachet inimitable pour les gosses que nous étions. Le goût de l’interdit, parce que nos parents n’aimaient pas nous voir traîner dans les bars, fut-ce pour glisser une pièce de cinq francs dans Toki, Golden Axe ou Snow Bros.
Le jeu de café avait ce côté magique, parce que les délicieuses odeurs de café ou les moins agréables odeurs de clope froide imprégnaient nos vêtements, nos cheveux, parce que les lumières tamisées des pièces où les jeux étaient situés apportaient à l’expérience du jeu un réel sentiment d’immersion, entouré par une ambiance particulière et attachante. Parce que le plaisir d’une partie de Shadow Dancer, de Wonder Boy, de Supersprint, de Bomberman ou de Final Fight entre potes en sortant des cours, sans les parents sur le dos pour nous dire de faire nos devoirs, ne se refusait pas. Parce qu’à l’époque un crédit coûtait deux francs. Parce que chaque passage devant un nouveau bar provoquait un frisson d’excitation à l’idée d’y trouver une nouvelle borne, d’un jeu que l’on aurait pas encore testé.
Et parce que parmi mes premiers souvenirs de joueur, il y avait déjà des jeux d’arcade.
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment
Chagrin d’amour dure toute la vie…
Tout ça pour dire que moi aussi, je suis nostalgique des minutes passées devant ces bornes d’arcade, et des heures passées chez moi à rêver de « l’arcade à la maison », ou de ce que serait tel jeu si je le reprogrammais pour ajouter un élément ou deux… Je suis également nostalgique du temps où on trouvait des bornes d’arcade partout, pas seulement dans les cafés, mais aussi dans les centres commerciaux et les hôtels. Et moi aussi, je suis triste de leur disparition : c’est une partie de mon enfance et de mon adolescence qui s’en va, parce qu’elle n’a plus lieu d’être.
Ce qui m’attriste le plus, c’est que j’ai l’impression que ces « jeux de café » n’étaient faites que pour un temps. Je suis d’accord pour dire que « l’intérêt de l’arcade ne tenait pas juste dans la beauté ». Mais une fois que l’arcade a perdu cet attrait, c’était fini.
L’an dernier, à Montréal, j’ai été surpris de trouver une salle de jeux encore en activité. Je suis entré pour voir ce qu’ils avaient : des Lightgun games à la Time Crisis, des jeux de caisse pas beaux, des jeux de baston pas beaux non plus, et des ersatz de Dance Dance Revolution. Même chose pour les fêtes foraines (DDR en moins). C’était triste.
Je ressens une sensation similaire, je me souviens dans la fête foraine annuelle de mon village, un camion avec pleins de jeux d’arcade, mon meilleur souvenir, c’était en 1994-1995 car je découvrais la plupart des jeux culte de l’époque (After Burner, Outrun, Street Fighter II…), toutefois aux alentour de 2001-2002, ce camion est devenue absent de la fête, c’était parce que les jeux d’arcade n’avait plus la côte, dommage c’est devenue un peu triste sans ces jeux.