La sentinelle est fatiguée – 1ère partie
Par Shane Fenton • le 5/8/2011 • Entre nous •Le 22 juillet dernier, la Norvège était victime d’un double attentat qui a fait (au moins) 76 morts à Oslo et sur l’île d’Utøya. L’auteur, Anders Behring Breivik, une sorte de version peroxydée de David Duchovny devenu, par la grâce des médias, « islamiste », puis « fondamentaliste chrétien », puis « franc-maçon », puis ce que vous voudrez, a pris soin de rédiger un manifeste indigeste de plus de 1500 pages où il expose ses idées et tient un journal intime. Il y mentionne deux jeux en particulier : Call of Duty – Modern Warfare 2, qu’il considère comme un « outil d’entraînement », et World of Warcraft, qu’il utilise plutôt comme couverture.
Un « bouc émissaire » en peau de lapin
Kotaku et d’autres sites spécialisés ont titré dessus (voir ici pour une analyse plus complète), avant que les médias généralistes ne prennent le relais. Le plus souvent de manière laconique : une mention d’une ligne, éventuellement un titre de paragraphe, rien de plus (rien de comparable, en tout cas, avec la place accordée aux motifs politiques et idéologiques du tueur). De temps à autre, une personne peu inspirée a fait un commentaire malheureux (Stéphane Bourgoin parlant du « jeu ultraviolent World of Warcraft« ), mais ça n’est pas allé plus loin. A l’étranger, il y a eu une poignée d’articles consacrés à ce détail, et c’est tout (même si, au passage, WoW a été qualifié en Allemagne de « jeu de guerre informatique »). Certes, en Norvège même, une enseigne de supermarchés a décidé de son propre chef de retirer un certain nombre de jeux de ses rayons, comme cela se pratique assez souvent au lendemain de tueries de ce genre (cf. Galeria Kaufhof en Allemagne au lendemain de Winnenden). Mais c’est une décision isolée, et la presse généraliste française, dans son ensemble, s’est contentée de recopier la dépêche AFP qui en parle.
Toutefois, des voix se sont élevées contre la « diabolisation » de ce loisir, « éternel bouc émissaire des tueries », et elles ont rencontré un écho jusque dans cette même presse généraliste. L’éteignoir a commencé avec Le Monde, vite rejoint par Le Nouvel Observateur et Libération (ou plutôt le site Écrans), avant que 20 Minutes et Sud-Ouest ne prennent le relais. Dans ces conditions, on peut se demander s’il est encore approprié de hurler à la « chasse aux sorcières » (dixit Stevesse, ici-même, dans les commentaires d’un autre article).
Sur le forum de Canard PC, les camarades Omar Boulon et Toxic on vite tranché. Pour le premier :
Ça serait bien d’arrêter la victimisation à deux balles. Jusqu’à présent, personne n’a abusé du sujet dans la presse, alors ça serait cool de ne pas hurler à la mort pour rien. »
Même avis pour le second :
Pour le coup, c’est plutôt à ceux qui s’indignent que « on accuse encore les jeux vidéo » de prendre un peu de recul. Faut arrêter de croire qu’il y a une chasse aux sorcières contre les fans de jeux vidéo, faut vous rendre compte que ça y est tout le monde y joue maintenant, les années 80-90 sont finies les gars…
Même en Allemagne, la cabale attendue n’a pas eu lieu, à la grande surprise de certains observateurs locaux. Daniel Raumer, dans les colonnes de GameStar, va jusqu’à décréter « la mort du débat sur les Killerspiele ». Pourtant, comme il le rappelle, « après les évènements terribles qui se sont produits en Norvège, nous nous attendions à ce que les jeux vidéo soient encore une fois utilisés comme boucs émissaires. Parce que cette fois, cela aurait été aisément justifiable. » Mais non :
Cette fois, étrangement, l’assemblée des journalistes reste silencieuse. Bien qu’il ait été rapporté dans plusieurs publications que le tueur jouait sur PC, il n’y a pas eu d’hystérie ni d’accusations outragées (le Bild est l’exception qui confirme la règle). Ce fait est mentionné uniquement dans le cadre d’une analyse complète de l’auteur du massacre, ce n’est pas l’objet des gros titres. Les demandes intempestives d’interdiction, qu’on a déjà entendues par le passé, ne se sont pas encore manifestées [pour ce cas précis].
Les politiques, eux aussi, gardent profil bas. Personne ne s’est emparé du sujet pour réclamer, à des fins électorales, des interdictions de jeux. D’autres sujets ont été bien plus exploités […] comme la sécurité intérieure. Certains demandent par exemple un contrôle strict d’Internet afin d’interdire l’accès à des sites d’extrême-droite.
[…] On a l’impression que ce pays est en train de changer tout doucement. Soit le message a fini par passer, comme quoi il est absurde de se concentrer uniquement sur les soi-disant « killerspiele » […] Ou bien le concept lui-même de « killerspiele » est devenu obsolète, n’étant plus assez effrayant pour servir de prétexte pour des appels à l’interdiction ou à la réglementation. Dans tous les cas, on passe heureusement plus de temps à consacrer pour rechercher les véritables causes, afin d’empêcher […] que de tels actes de violence se produisent dans le futur. »
Certes, il peut paraître présomptueux « d’enterrer » le débat aussi vite. D’ailleurs, les « anti-killerspiele » commencent à se réveiller : Mediengewalt e.V., puis Rudolf Hänsel, ont bien essayé de tirer leurs marrons du feu. Mais force est de constater qu’on est encore loin de la panique politico-médiatique qui s’était emparée du pays au lendemain de la tuerie de Winnenden il y a seulement deux ans.
La mentalité de sentinelle et ses inconvénients
Tout ça pour dire que malgré quelques petits tracas, il n’y a pas (encore) de quoi monter sur ses grand chevaux. Dans le cas de la France, on peut même aller plus loin et affirmer que ça fait des années qu’il n’y a plus de quoi monter sur ses grands chevaux. Le camarade William Audureau (qui vient de sortir un livre sur l’histoire de Mario) en sait quelque chose :
L’erreur serait de prendre pour argent comptant certaines postures extrêmes, souvent amplifiées ou mises en relief pour le besoin du débat ou de l’actu. Quand j’étais à JVM, ça m’est arrivé d’écrire ou de faire écrire des articles sur les levées de bouclier anti-jeux vidéo (autour de Rule of Rose ou de GTA IV par exemple), sans même croire à la moindre espèce de menace. Parce qu’il y a l’inquiétude bienveillante et protectrice du passionné, toujours content d’effectuer un travail de veille – c’est peut-être d’ailleurs l’une des particularités du jeu vidéo, ceux qui l’ont connu avant les années 95 en sont aujourd’hui des sentinelles désertées, programmées pour le défendre et tirer à vue, même si, fondamentalement, ça fait bien longtemps que tout le monde l’a accepté. En fait, l’anti-jeu vidéo, en 2009, c’est […] un petit coup d’adrénaline, nostalgique, ludique et gratuit. Alors oui, les journalistes peuvent bien s’amuser à les relayer. On en a vu d’autres, on connaît les patterns, et tout bêtement, on sait la partie déjà gagnée.
En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’Alain Delon ou Bernadette Chirac lâchent une ou deux phrases (sans plus !) sur les jeux « (ultra-)violents » au détour d’une interview qu’il faut en faire tout un plat. Allons plus loin : en plus d’être inutile, à terme, une telle attitude peut aussi devenir dangereuse. Cela peut paraître paradoxal, mais tirer à vue, c’est souvent donner des munitions à ses adversaires et s’en créer des nouveaux.
Je viens de citer Alain Delon et Bernadette Chirac. Fort heureusement, tout le monde aura oublié leurs petites phrases, et ils ne souffriront pas outre mesure des réactions des joueurs, puisque ce sont des personnes qui savent se protéger, et que les éventuelles réactions négatives sont confinées à des endroits où ils ne sont pas supposés traîner (sites et forums spécialisés). Mais qu’arrive-t-il quand l’auteur d’une diatribe contre les jeux « violents » dispose d’une adresse email, ou d’un site web ? Souvent, la réaction de la « communauté » vire au lynchage.
En Allemagne, c’est le comédien Christian Berg, ainsi que l’association des parents des victimes de la tuerie de Winnenden, qui en ont fait les frais. Aux États-Unis, une activiste métisse qui avait accusé Resident Evil 5 d’incitation au racisme (fort maladroitement, il est vrai) a elle-même reçu des centaines de messages fielleux et racistes. On se souviendra également de Cooper Lawrence et de Carole Lieberman, qui ont certes perdu chacune une bonne occasion de se taire, mais qui ont vu leurs livres se faire « vandaliser » sur Amazon en guise de représailles. Non seulement ces lynchages renforcent les convictions des lynchés, mais en plus ils dévalorisent les lyncheurs aux yeux d’un observateur extérieur.
Digression papier-crayon
Le rôliste Gary Pellino avait d’ailleurs mis en garde ses coreligionnaires contre cette « mentalité de sentinelle ». Même s’il s’adressait à l’origine à nos « grands frères », je serais d’avis que nous l’apprenions par cœur. Tout y est, absolument tout. Que ce soit la critique de la victimisation à outrance …
On ne m’a jamais demandé de quitter un restaurant ou un magasin parce que je lisais un livre de JdR. On ne m’a jamais refusé un emploi, jamais insulté dans la rue, et depuis le lycée jamais frappé pour le genre de jeu auquel je joue. Plus important : personne n’a jamais douté de mes convictions religieuses ou ne m’a accusé de pratiquer le satanisme. Personne n’a jamais manifesté devant l’entrée de mon magasin de jeux ou brûlé mon matériel. Alors comment pouvons nous oser nous déclarer victimes des préjugés ?
… la critique des combats d’arrière-garde …
En ce moment, la plupart d’entre nous commencent à hurler quelque chose sur les méchants de l’extrème-droite religieuse.. Et il y a quinze ans, nous aurions pu avoir raison. C’était dur à l’époque, surtout aux USA. Mais c’était avant, et maintenant les choses ont changé. […] Cette bataille, semble gagnée. Alors pourquoi tant d’entre nous n’ont-ils pas baissé les armes ? (…) Y a t-il vraiment une personne ici qui ne sache toujours pas que BADD a falsifié les statistiques, trafiqué les faits et manipulé les gens à son avantage ? Plus important, y a t-il toujours quelqu’un qui s’en préoccupe ? Quel est le but de ces attaques constantes envers une idéologie qui est en faite morte ?
… le moteur de ces combats …
Le but, malheureusement, est que ça fait du bien. La haine aveugle – ou préjugé- est une doctrine incroyablement facile et agréable à suivre, faisant appel à vos désirs les plus égoïstes et vous débarrassant du fardeau d’avoir à réfléchir. Cela donne à vos croyances l’aspect de la certitude la plus inébranlable, et ainsi toutes vos actions basées sur ces croyances sont défendables. Et cela peut être assez enivrant. Mieux, cela vous change en héros. Si l’ennemi est le mal, alors votre résistance envers lui fait de vous un guerrier de la vraie voie.
… leur contre-productivité …
Ironiquement, cette attitude est une plus grande menace envers le JdR que BADD ne le fut jamais. Jouer à la victime donne seulement plus de crédibilité à l’autre côté : plus nous crions à propos des torts de nos opposants, plus il semble qu’ils ont soulevé un lièvre. Plus nous propageons ce mythe du préjugé contre le JdR, plus les gens croient qu’il y a une raison à ce préjugé. Pire que tout, en nous permettant d’avoir des préjugés, nous finissons par agir de façon aussi bigote et oppressante que nos opposants.
… ainsi que l’appel à la trêve et au respect de l’adversaire :
Il est temps de baisser les armes. La haine aveugle et le ridicule involontaire ne font de bien à personne et peuvent même mener à une répétition du problème. Si nous essayons plutôt de comprendre notre ennemi, nous pouvons examiner la cause du problème et espérer le corriger. Il est temps d’arrêter de se moquer, de dénigrer et de dévaluer leurs opinions, et de commencer à essayer d’écouter et de comprendre. Et peut-être même de communiquer. […] BADD a disparu depuis, il est temps d’arrêter de poignarder ce cadavre et de reprendre le cours de nos vies. Il est aussi temps de réaliser que quiconque soulève des critiques sur le JdR n’est pas une copie carbone de Pat Pulling, et n’appelle pas forcément à la destruction de ce loisir. En général, ils font plutôt des remarques qui, il est temps que nous le réalisions, sont à la fois valables et raisonnables.
C’est tout pour le moment !
Dans la deuxième partie, je vous proposerai une ou deux piqûres de rappel afin de montrer à ceux qui ont encore des doutes que les années 90 sont loin derrière nous.
Tags: jeux violents, massacre, Norvège, Traitement médiatique du jeu vidéo, violenceShane Fenton est joueur depuis les années 80, et joueur passionné depuis 1990. Ouais, à peu près comme tout le monde ici, quoi. Sauf qu'en plus, il cause. Beaucoup. Mais alors beaucoup. C'est pas sain pour lui qu'il cause autant. Faudrait plutôt qu'il joue.
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Belle remise dans le contexte.
Je m’étonne que tu n’aies pas mentionné Julien Chièze, éternel (et autoproclamé) chevalier blanc du milieu, qui comme à son habitude s’est senti obligé de pondre un pavé sur le sujet.
Salut, Bonjour, Hugh !
Je suis plutôt d’accord sur les réactions trop rapides et trop « violentes » de ceux qui pensent défendre la pratique des jeux vidéo, mais je voulais proposer un point de vue légèrement différent (principalement pour savoir ce que tu (vous) en pense(z)).
Le peu de réactions des médias généralistes sur cette ligne m’a surpris et rassuré, me disant qu’enfin on allait abordé les vrais causes de l’acte et non pas essayé de trouver une solution de facilité comme bien souvent (bon raté, d’un autre côté avoir un espoir sur le traitement médiatique de ce genre d’affaires, …encore un peu naïf je suis).
Mais après lecture de cet article j’ai trouvé une autre position possible : il n’attaquent pas les jeux vidéo comme LA cause, comme ça a été le cas par le passé, mais ils citent tout de même cette occupation. et la une question se pose : pourquoi pas sa passion pour les œufs durs plutôt que les jeux vidéo?
Serait-il possible de voir dans cette petite ligne une forme de normalisation de l’activité jeux vidéo dans le cursus d’un tueur de ce type? Au même titre que les traumatismes liés à l’enfance,…
Auquel cas on aura plus droit lors des débats à une longue partie sur : « le tueur l’est devenu à cause des jeux vidéos uniquement » mais « ah oui ils jouaient à des jeux vidéos, c’est une évidence, passons. »
Je ne sais pas si j’ai été très clair mais je voulais un avis la dessus. Bien que je ne sois pas convaincu moi même du propos.
@Kwyxz :
J’aurais pu, en effet, d’autant que j’ai réagi en grande partie à cause de ce que j’ai lu sur GameBlog (non seulement à propos d’Anders Breivik, mais aussi à propos des réactions aux mini-sorties d’Alain Delon et de Bernadette Chirac). Mais j’ai préféré éviter de donner des noms parce que le problème ne vient pas d’une personne ou d’un site. Il y a encore 5 ans, Chièze aurait été mon chevalier blanc. Moi aussi, je croyais dur comme fer que le jeu vidéo était diabolisé, que le monde entier était contre lui. D’ailleurs, je me suis lancé dans mes recherches sur la base de cette croyance. Donc s’il faut que je m’en prenne à quelqu’un , ce sera d’abord à « mon ancien moi ».
@Knuut :
Bien sûr qu’ils n’attaquent pas « les jeux vidéo » comme LA cause. Mais l’ont-ils jamais fait ? Même au lendemain de la tuerie de Littleton, c’était la violence des médias en général qui était clouée au pilori, et l’industrie du cinéma a été citée à comparaître devant une commission sénatoriale en même temps que les éditeurs de jeux. La plupart de ceux qui s’en prennent aux jeux « violents » ont commencé leur « carrière » en attaquant la violence à la télévision (et au cinéma), qui est restée leur ennemie numéro 1 pour la plupart d’entre eux.
Par ailleurs, ceux qui fustigent la violence des médias prennent soin de préciser qu’ils ne dressent jamais d’explication mono-causale, et que ce n’est qu’un facteur parmi d’autres. Dès les années 40, Fredric Wertham, quand il s’en prenait à la bande dessinée, se sentait obligé de consacrer plusieurs lignes, voire plusieurs paragraphes, à démontrer qu’il ne tombait pas dans ce piège.
Sinon, effectivement, l’intérêt pour les jeux « violents » fait partie de la panoplie type de ce genre de tueurs, malheureusement. En partie parce que les jeux vidéo font partie de la vie de la quasi-totalité des jeunes occidentaux… et en partie parce que la presse spécialisée elle-même est la première à faire le lien, à partir des documents laissés par les tueurs. Il est donc difficile de reprocher à la presse généraliste de vouloir prendre le relais.
Merci de cette réponse rapide, et désolé pour le léger manque de nuances de mon premier message (c’était un peu le but), car je reprécise être plutôt d’accord avec l’article mais j’aime me faire l’avocat du diable.
Bon la prochaine fois je m’échaufferait mieux pour être plus nuancé quand je prends une position qui me semble indéfendable.
Merci Shane pour le boulot que tu abats en général et particulièrement pour la découverte des propos de Pellino. Je désespérais un peu du milieu de la critique jv.
De manière général c’est toute la tentative de légitimation de cette activité qui maintenant me fout les boules… A ce titre j’ai honte de mon édito d’interface :)
Encore merci
Mais merde, j’en reviens toujours pas : http://www.gameblog.fr/news/28505-anders-behring-breivik-dedouane-le-jeu-video
6 pages de commentaires négatifs, toujours pas une seule réaction de l’auteur de la news ni de ses co-rédacteurs.
Mon commentaire préféré :
« Je suis désolé je voulais pas revenir sur cette « news », mais quand même…. Trazom et Julo ils ont des gosses putain. Et ils te laissent écrire des news comme ça ? C’est dégueulasse de se servir des propos d’un meurtrier pour servir une « cause » ridicule qui n’intéresse que quelques geeks arriérés ayant honte de leur loisir. Tu penses aux familles des victimes ? Leur réaction si elles venaient lire ta prose ? Tu te rends compte qu’en donnant du crédit à ces propos d’Anders, tu donnes par extension du crédit à tous ces propos ?
Une chose est sûre : si une de ces horribles personnes qui veulent la mort du jeu vidéo vient lire cette news, elle n’en conclura pas que le jeu vidéo rend violent. Non. Elle conclura juste que le jeu vidéo ça rend complètement con. «
Ce que Jack Thompson n’avait pas réussi à faire, ce sont certains joueurs eux-mêmes qui vont l’accomplir.