On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Ite Missa Est : Essai sur la vision en noir et gris qui plombe le jeu vidéo

Par • le 22/7/2009 • Entre nous

Allez, la messe est dite…

Il y a trois ans, je me suis permis de contacter une journaliste de l’hebdomadaire Marianne qui venait d’écrire un article, assez intéressant par ailleurs, à propos de la fusion entre les goûts des parents et ceux des enfants (1). Il était naturellement fait mention des jeux vidéo: en se basant sur les déclarations d’un éditeur de jeux, l’auteure de l’article affirmait que ce média était autrefois réservé aux enfants, mais qu’il s’ouvrait peu à peu aux adultes. Je lui ai écrit pour lui expliquer qu’en réalité, il y a toujours eu un public adulte, et que le cliché comme quoi « ce n’était que pour les enfants » était infondé. A ma grande surprise, elle m’a répondu très gentiment. A vrai dire, je ne sais pas ce qu’elle m’a trouvé, parce qu’à l’époque, mon écriture n’était pas encore « au point » (à supposer qu’elle le soit aujourd’hui…). En particulier, j’étais encore plus bavard et verbeux que maintenant. Mais le fait est qu’elle m’a répondu pour me remercier de mes informations. Toutefois, une phrase m’a fait tiquer : « rassurez-vous, je prépare un papier sur les jeux vidéo qui rendent intelligent ». Même à l’époque, et malgré la gentillesse et les bonnes intentions manifestes de cette journaliste, je trouvais que c’était une mauvaise idée, sans que je sache expliquer exactement pourquoi. Sans doute parce que les médias généralistes étaient déjà engorgés d’articles et de reportages sur les bienfaits des serious games et du Programme d’Entraînement Cérébral du Docteur Kawashima. Certes, d’un côté, c’était une heureuse surprise de constater que même le JT de TF1 s’intéressait à ces serious games, quelque mois à peine après avoir pondu un énième reportage à charge sur les MMORPG (en insistant bien sûr sur « l’addiction » à ces jeux). Mais de l’autre, je ne pouvais pas m’empêcher de trouver une telle proximité suspecte. Depuis, même si Marianne n’a finalement pas publié d’article sur « les jeux vidéo qui rendent intelligent », plusieurs éléments sont venus renforcer ce malaise, au point de me laisser un goût de cendre dans la bouche.

Tout d’abord, c’était une chose de voir le JT de TF1 passer d’un sujet « négatif » (sur les MMORPG) à un autre sujet « positif » sur les serious games, mais c’était tout à fait autre chose de voir l’hebdomadaire italien Panorama faire de même. Après avoir écrit un article mensonger sur le jeu Rule of Rose (2), qui a suffi à déclencher une polémique vide de sens au niveau européen (3), voilà que le même journaliste se mettait à faire l’éloge des serious games à peine un mois plus tard (4). Et voilà que Franco Frattini, à l’époque vice-président de la Commission Européenne, qui après avoir lu l’article de Panorama, avait lancé tour à tour l’idée d’une « liste noire » des jeux à interdire, ainsi que l’idée d’un contrôle des jeux vidéo avant leur publication (5), annonçait qu’il fallait absolument travailler de concert avec l’industrie du jeu vidéo, et qu’il fallait la convaincre qu’elle devait bien se comporter (6). Dans le même registre, en Allemagne, Günther Beckstein et Joachim Hermann, respectivement ancien et actuel ministres bavarois de l’intérieur, ont plusieurs fois réclamé l’interdiction des « killerspiele » ou « jeux de tueurs », en les assimilant à de la pédo-pornographie. Mais ils ont également fait l’éloge du jeu vidéo en tant que média, et soutenu l’organisation d’une cérémonie de récompense des « meilleurs jeux » de l’année, sponsorisée par le gouvernement allemand (7). Et ils ont appelé l’industrie du jeu vidéo à « coopérer avec ceux qui essaient de protéger les enfants » (8). En Angleterre, le comble du ridicule a été atteint par Boris Johnson, qui a d’abord écrit une véritable déclaration de guerre contre le jeu vidéo dans son ensemble (9), avant de chanter publiquement les louanges de son industrie une fois élu maire de Londres (10). Plus récemment, une association suisse « contre la violence des médias » a appelé à la fois à l’interdiction des « jeux violents » et à la promotion des « bons » jeux (j’en parle sur CanardPC).

Ensuite, il est vrai que les serious games ont été pendant un temps à l’honneur, avant que les casual games prennent le relais. Mais la manière dont ils ont été promus était parfois curieuse. En gros, on a beaucoup insisté sur le fait qu’ils se démarquaient des produits débiles et ultra-violents qui constituaient le gros de la production… du moins, celle qui était remarquée jusque-là par les médias généralistes. Manière habile de continuer à casser du sucre sur le dos des jeux vidéo (« violents » ou pas) et de leur industrie tout en reconnaissant quelques exceptions. On peut citer par exemple un article fustigeant le racisme de la série Resident Evil (et plus généralement des jeux vidéo) tout en faisant l’éloge d’I Can End Deportation, un serious game sur les mexicains qui arrivent clandestinement aux États-Unis (11). Ou cet article d’un professeur d’université qui s’en prend entre autres à Custer’s Revenge tout en chantant les louanges de Brain Training. Ou mieux encore, ce passage du livre de Benjamin Barber, Comment le capitalisme nous infantilise, où l’auteur, après avoir déversé des torrents de bile sur les jeux vidéo, « genre dominé par la violence irréfléchie telle que la conçoivent les enfants et par le chaos civilisationnel puisé à toutes les époques de l’histoire » et « loisir qui prend un temps considérable, déforme l’esprit et plonge dans un univers extrêmement concurrentiel et souvent meurtrier », finit par reconnaître, au prix d’un effort mental surhumain, que « pourtant, même dans ce champ de consommation manifestement nocif pour la jeunesse, il y a eu des tentatives intéressantes d’utiliser le genre pour contrer ses effets pernicieux et servir de plus dignes objectifs » (12). Et de parler de manière beaucoup plus mesurée (et plutôt intéressante, en fait), de serious games comme Food Force, de jeux comme les Sims, ou de formations universitaires consacrées aux jeux vidéo.

Enfin, cela fait longtemps que les détracteurs des jeux vidéo (« violents » ou pas) prennent soin de lâcher quelques petites concessions, dont les quatre grands classiques, qu’on retrouve presque à chaque fois : « tous les jeux vidéo ne sont pas mauvais », sa variante « je ne suis pas contre tous les jeux vidéo », son corollaire « il existe certains jeux qui sont formidables », et enfin « tous ceux qui jouent à des jeux violents ne vont pas se transformer en tueurs ». Les plus disciplinés rajoutent qu’il faut « se garder de diaboliser les jeux vidéo et ceux qui les pratiquent » (par contre « l’Industrie multi-millardaire du jeu », ça, on peut !). En général, ces concessions commencent par un « bien sûr » agacé, pour se terminer par un gros « mais… » qui rappelle le bon vieux « j’suis pas raciste, MAIS… » du café du commerce, toute proportions gardées, bien sûr (13). A présent, depuis que la Wii et les casual games ont remplacé les serious games dans le coeur des médias généralistes, un nouveau type de concession a émergé, beaucoup plus redoutable : « j’ai une Wii ». Combinée aux précédentes, cela donne : « je ne suis pas contre les jeux vidéo, la preuve, j’ai une Wii ». Ou : « j’adore les jeux vidéo, d’ailleurs j’ai une Wii » (14). Il arrive même que les plus zélés, entre deux articles caustiques sur les « jeux violents », en consacrent un aux bienfaits de Wii Fit (15). Pour leur part, les médias généralistes ne se sentent plus, qui article après article apprennent à leurs lecteurs probablement abasourdis que « la passion des jeux vidéo gagne toute la famille » (Le Monde du 4 mai 2008) , ou que grâce à Nintendo, les jeux vidéo, « hier réservés aux adolescents (…) s’attaquent aujourd’hui à une nouvelle cible, les adultes » (16). On accusait déjà Les Sims d’être « un jeu pour les gens qui n’aiment pas les jeux vidéo«  avant que les casual games prennent le relais. De là à dire que la Wii et la DS sont devenues « des consoles pour les gens qui n’aiment pas les jeux vidéo », il y a un pas très facile à franchir… et que d’autres ont déjà franchi depuis longtemps.

Aujourd’hui, je pense être en mesure de définir ce malaise, et par la même occasion, d’expliquer ce que je reproche exactement au traitement médiatique et aux critiques « extérieures » du jeu vidéo. En fait, plus j’emmagasine de connaissances sur le débat, ses acteurs et son contexte, plus je suis persuadé qu’on fait fausse route en se focalisant sur les « anti-jeux » et en ramenant ce débat à une guerre de tranchées entre les « pour » et les « contre ».

Pour résumer, mon hypothèse, c’est :

Que beaucoup de gens et d’arguments qui sont catalogués « anti-jeux » ne le sont pas. En général, ils sont essentiellement contre la violence des jeux vidéo, mais pas forcément contre les jeux vidéo en général (cela ne signifie pas pour autant qu’il faut leur dire « amen », voir plus bas). J’estime que même Jack Thompson ne l’est pas, c’est dire !

– Que les véritables « anti-jeux » sont archi-minoritaires, et qu’ils ne sont pas la menace numéro 1.

Que le fait d’être « anti-jeux » n’est pas le problème, et qu’en se focalisant dessus, on vise parfois les mauvaises personnes pour de mauvais motifs. En bref, non seulement on tape à côté de la plaque, mais en plus on finit même par marquer contre notre propre « camp ».

Quel est donc le problème, dans ce cas ? Eh bien, à mes yeux, le problème fondamental, c’est la vision qu’on a les uns et les autres du jeu vidéo. Être « pour » ou « contre », « pro » ou « anti », tout ça est secondaire, ce n’est qu’un positionnement par rapport à la manière dont on perçoit ce média-loisir. Et le gros reproche que j’ai à faire à un paquet de détracteurs des « jeux violents » (pas tous !), c’est leur vision fantasmée et faussée du jeu vidéo dans son ensemble.

Alors certes, ils auront recours aux petites concessions obligatoires citées plus haut. Ils vous diront qu’ils n’ont rien contre les jeux vidéo dans leur ensemble, ou qu’ils n’attaquent pas tous les jeux vidéo (ce qui n’est pas la même chose !), mais qu’ils en ont seulement après la portion « violente » d’entre eux. Soit. Mais ça ne les absout pas des conneries qu’ils racontent sur les « jeux violents ». Et quand je vois le genre de jeux qu’ils aiment (en général, il s’agit de la sainte trinité Wii-DS-casual games), j’ai parfois envie de me tirer une balle dans la tête.
A vrai dire, je me demande si je ne préfèrerais pas que ces messieurs détestent franchement les jeux vidéo, mais en connaissance de cause, plutôt que de débiter des conneries pareilles (qui relèvent en fait de la calomnie).

Pour schématiser la vision qu’ont pas mal « d’activistes anti-violence » du jeu vidéo, c’est : d’un côté, les jeux « violents », de l’autre côté, les jeux « non-violents », et c’est tout. Entre les deux, rien. En dehors de ces deux catégories, rien. Et à l’intérieur de chacune de ces deux catégories, aucune nuance, tout est sur le même plan. Ce manichéisme est flagrant quand on les entend revenir sur l’histoire des jeux vidéo. A les croire, entre Pac-Man et Super Mario d’un côté, et Mortal Kombat, Doom et GTA de l’autre, il n’y a rien, il n’y a jamais rien eu, qui mérite d’être cité. Pas de nuance, donc. Contre les « jeux violents » en particulier, on peut se permettre n’importe quoi, même les comparaisons calomnieuses (snuff movies, pédo-pornographie, etc…). En revanche, cela ne veut pas dire que les « jeux non-violents » soient sanctifiés. Ils sont juste « acceptables », de la même manière que les « jeux violents » sont « inacceptables ». Ce qui veut dire que les critiques peuvent continuer à pleuvoir. D’ailleurs, elles pleuvent depuis un certain temps (17).

Évidemment, ce découpage arbitraire n’est pas fondé sur la réalité du jeu vidéo. Il ne tient aucun compte de l’histoire réelle de ce média et des différents genres qui ont vu le jour (préoccupation déjà abordée précédemment). Quand il était de bon ton de ne voir que la « violence » et « l’addiction », il a permis de jeter la suspicion sur l’ensemble du média, et de passer sous silence une floppée de jeux et même de genres entiers de jeux, et de pratiques (mods, jeux indépendants…) qui étaient pourtant dignes d’intérêt. Or, maintenant que la tendance s’est inversée et qu’il est désormais de bon ton de flatter le casual gaming, est-ce qu’on parle davantage de ces genres de jeux, et de ces pratiques ? Pas le moins du monde. Cette mode des serious games, puis des casual games, n’aide pas à rectifier le tir, bien au contraire : elle incite plutôt à réécrire l’histoire d’une manière qui satisfait à la fois certains gros éditeurs et certains détracteurs de la violence des jeux. D’autant que c’est toujours la vision des médias généralistes qui domine. Pendant un temps, les jeux vidéo étaient majoritairement « violents » parce qu’ils l’avaient décidé. Maintenant, ils sont majoritairement « non-violents » parce qu’ils l’ont décidé. Mais la ligne de démarcation entre « jeux violents » et « jeux non-violents » est toujours la même. Depuis qu’ils l’ont imposée, elle n’a pas bougé. On peut même dire que malgré le renversement de tendance, le traitement médiatique du jeu vidéo n’a pas changé, ni sur le fond (la vision qu’il impose de ce média), ni sur la forme (la piètre qualité de ce traitement).

Le problème est d’ailleurs identique pour ce qui est du traitement médiatique des « joueurs- adultes-accros-à-la-Wii-et-à-Brain-Training », qu’il sera très facile de dépeindre comme des « hommes-enfants » une fois que le casual gaming sera passé de mode (malgré le fait que de nombreux véritables « joueurs adultes » n’aient jamais cru à ces sornettes). En effet, un tel discours rattache le « jeu adulte » à une fonction purement utilitaire, comme s’il fallait une « justification forcée au fait de jouer » (selon l’expression d’Erwan Cario). Et paradoxalement, il rend les jeux vidéo totalement inutiles. Par exemple, on nous explique (18) qu’un joueur « adulte »tel qu’il nous est vendu « peut désormais étudier l’anglais,devenir bon en maths,apprendre à faire la cuisine (…) surveiller sa ligne, être plus zen, mieux parler, etc. » Bah oui, mais qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à foutre ? Qu’est-ce que ces jeux apportent de plus que la pléthore de livres qui existent déjà sur le sujet ? Sans oublier que ce qui est promu comme des produits et des joueurs « adultes » relève parfois de la pure régression infantile. Ce sont des versions électroniques de cahiers de vacances et de livres de « développement personnel » qui vous prennent par la main. En tout cas, personnellement, je me sens crétinisé par cette conception du « jeu adulte ».

Pour finir, qu’est-ce qui me déprime le plus dans cette vision du jeu vidéo (qui reflète aussi une certaine vision du monde) ? D’une part, je n’arrive pas à voir la moindre ambition artistique ou créatrice. Je n’y vois qu’un monde de guimauve, où tout le monde se tient par la main, et où personne ne va critiquer personne pour ne pas faire de la peine à son voisin. Nous voilà donc sommés de choisir entre le gnangnan et le snuff movie, entre les adultes infantilisés et les enfants assassins, sans autre alternative possible. Là aussi, on peut parler d’une « vision en noir et gris ». Et d’autre part, plus j’y pense, et plus je suis envahi par un sentiment de dépossession. En effet, cette vision du jeu vidéo, ce n’est pas la « nôtre, et c’est en cela que réside l’ultime outrage. Le discours public sur le jeu vidéo a été inauguré par des gens d’horizons divers, dont un point commun était d’être complètement étrangers à ce loisir, de ne pas y connaître grand-chose, voire même de n’y accorder aucun intérêt en soi. Il ne s’agissait que d’un prétexte aux uns et aux autres pour vendre leur boutique (soit la lutte contre la violence des médias, soit un « marronnier » ). Pendant des années, on a débattu selon des règles et dans des termes qu’ils ont imposé arbitrairement. Ils auront réussi à nous imposer jusqu’au bout leur vision d’un loisir qui ne les a jamais vraiment concernés, et qu’ils n’ont jamais cherché à comprendre. Et maintenant, grâce au casual, c’est-à-dire grâce à « nous » (éditeurs, journalistes spécialisés, gamers, etc…), ce sont eux qui vont avoir le dernier mot.

Ite Missa Est. Media gratias.


  1. Anna Topaloff, « Ce n’est pas ‘que’ pour les enfants » , Marianne, 4 novembre 2006.
  2. Guido Castellano, « Viaggio tra gli orrori del divertimento elettronico » (Panorama, 10 novembre 2006) suivi de « A scuola di ferocia con i videogame » (Panorama, 13 novembre 2006). L’hebdomadaire prétendait en couverture que le but de Rule of Rose était d’enterrer une petite fille vivante. « L’enquête » de Castellano a été suivie d’autres articles et même d’une petition (« Firme contro i videogiochi violenti », Panorama, 24 novembre 2006). Les joueurs ont protesté en masse sur le forum, mais visiblement, l’hebdomadaire n’en a retenu que de vagues invocations à la liberté d’expression (en écartant les critiques plus sérieuses sur les nombreuses erreurs de « l’enquête » initiale).
  3. Tout d’abord, le maire de Rome a demandé l’interdiction du jeu. Ensuite, on apprenait qu’il ne serait pas distribué en Angleterre à cause notamment d’un article à charge du Times. Après quoi le commissaire européen Franco Frattini s’en est saisi comme prétexte pour appeler à un travail commun des ministres des différents pays d’Europe contre les « jeux violents ». Pour plus de détails et de références, voir les articles en anglais de Matteo Bittanti sur le sujet: « Moral panics, bad journalism, and Italian melodrama » (Video Ludica, 19 novembre 2006) et « Political Debate: Summary and Extended Comments » (Video Ludica, 20 novembre 2006). En France, trois députés ont accusé Rule of Rose de permettre au joueur de violer une petite fille, et s’en sont servis comme prétexte pour réclamer l’interdiction « totale, pure et simple » des « jeux vidéo très violents » . L’un d’eux, Bernard Depierre, a eu l’honnêteté de se rétracter après que des joueurs français lui aient montré qu’il avait commis une erreur . Un autre, Lionnel Luca, a réitéré, en l’aggravant, cette accusation sur la chaîne LCI .
  4. Guido Castellano, « Videogioco ergo mi evolvo », Panorama, 22 décembre 2006. Suprême hypocrisie, le résumé de l’article commence par la phrase suivante : « ceux qui disent que les jeux vidéo sont nocifs se trompent ».
  5. Voir par exemple : Leo Cendrowicz, « EU working up regs for violent games », GameDaily.com, 14 décembre 2006.
  6. Voir par exemple : Helena Spongenberg, « EU will not legislate on virtual violence », EU Observer, 14 juin 2007 (soyons indulgents et glissons sur la malheureuse allusion aux « jeux vidéo brutaux pour enfants »).
  7. Une interview de Herrmann donnée en septembre 2008 au Zeit-Online (la traduction anglaise est disponible ici ) donne un exemple de sa duplicité sur le sujet.
  8. Voir par exemple cet article de Heise Online (en allemand).
  9. Boris Johnson : « Computer Games », publié sur son site web le 28 décembre 2006, ainsi que dans le Telegraph dont il a été propriétaire. C’est certainement l’un des pires articles que j’aie jamais lus sur les jeux vidéo. En tout cas, c’est l’un des plus hargneux et des plus haineux. Mais il ne faut pas oublier que Boris Johnson est un habitué des provocations gratuites, et que cet article en fait probablement partie. Il est donc difficile de le prendre réellement au sérieux.
  10. Matt Martin, « London mayor backs videogames in political reversal », GamesIndustry.biz, 15 octobre 2008.
  11. Roberto Lovato, « ‘Resident Evil: Extinction’ Flick Based On Racist Video Game Series », Alternet, 22 septembre 2007.
  12. Benjamin Barber, Comment le capitalisme nous infantilise, Fayard, 2007, pages 418-419. Il serait toutefois regrettable et même puéril de juger la totalité du livre sur les seuls passages qui concernent les jeux vidéo: une petite dizaine de pages sur les 526 que constitue l’ouvrage. Certes, ces quelques passages gâchent un peu la lecture, parce que l’auteur se trompe fondamentalement sur le jeu vidéo (loisir qui selon lui « participe intrinsèquement au prolongement de l’enfance »), et qu’il se laisse souvent emporter par son mépris et son dégoût que lui inspire une vision étriquée de ce média. Mais il ne faut pas oublier qu’en bon professeur de sciences politiques sa première source d’information (pour les jeux vidéo comme pour le reste) est la presse généraliste, qu’il n’a pas vraiment de raison d’aller creuser plus avant, et que les quelques ouvrages soi-disant « défenseurs » de ce média (comme Everything Bad is Good For You de Steven Johnson, qu’il massacre copieusement) ne risquent pas de l’y inciter. D’autant que son livre contient une analyse des plus intéressantes sur l’infantilisation et l’abêtissement des citoyens, transformés en consommateurs compulsifs. La crise actuelle, ainsi que la communion planétaire qui a suivi la mort de Michael Jackson, ne risquent pas de donner tort à cette analyse.
  13. Toutefois, est-ce qu’on peut vraiment leur en vouloir d’utiliser ce genre de concessions ? Le débat public est ainsi fait que ce qu’on ne dit pas a parfois plus d’importance que ce qu’on dit. Et les procès d’intention ont pris une telle ampleur que quand on attaque un extrême, on est soupçonné de défendre l’extrême inverse. En d’autres termes, si on est contre la peste, c’est qu’on est forcément pour le choléra. Il est donc parfois nécessaire de prendre quelques précautions oratoires, et de ne pas trop insister dessus pour ne pas diluer l’essentiel de son message. Le problème vient de l’abus de ces concessions et du « mais… » qui les accompagne inévitablement, ce qui conduit à douter de leur sincérité. En politique, les exemples sont légion. Mais pour rester dans le domaine des jeux vidéo, s’il existe vraiment « des jeux formidables », pourquoi systématiquement les évacuer en une phrase ? Et que faut-il comprendre quand on nous dit que « tous les jeux vidéo ne sont pas mauvais » ? Qu’il y en a un ou deux qui ne posent pas problème, et que le reste est à jeter ?
  14. Par exemple, dans une interview accordée à un journaliste de l’Arizona Daily Star , Dan Isett, du Parent Television Council affirme que dans GTA4 on gagnait des points en conduisant bourré (sans avoir vérifié ses dires, cela va de soi), avant de dire qu’il s’amuse beaucoup aux jeux vidéo, et qu’il a une Wii.
  15. Voir par exemple les articles élogieux de Rod Gustafson, du même Parent Television Council, sur la Wii et sur le jeu Wii Fit.
  16. Frédéric Paya, « Jeux vidéo, les adultes aussi », Valeurs Actuelles, 11 septembre 2008.
  17. Lire par exemple : Rosie Millard, « Ninten-don’t … or how my children turned into monsters the minute I bought them the wretched computer toy », Daily Mail, 1er mai 2008. Ou les coulisses de Brain Training racontées par votre serviteur.
  18. Frédéric Paya, op. cit.

est joueur depuis les années 80, et joueur passionné depuis 1990. Ouais, à peu près comme tout le monde ici, quoi. Sauf qu'en plus, il cause. Beaucoup. Mais alors beaucoup. C'est pas sain pour lui qu'il cause autant. Faudrait plutôt qu'il joue.
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6 commentaires »

  1. *applause*

  2. *standing ovation*
    La chose que je retiendrai, la question sur laquelle il faudra peut-être se baser pour faire avancer les choses, c’est « et entre les deux (les simulateurs de hardcore horreur et les casual débiles), il y a quoi ? « 

  3. Je ne me rappelle pas avoir posté un commentaire en réaction, me jugeant limité à l’écris, mais vraiment bravo pour cet article ( et puis l’ensemble de tes travaux ) fournis et documenté.

    ça fait plaisir de voir des personnes encore capables de réfléchir de manières non binaire et de dépasser le simple cadre de son ressentis.

    Par contre il y as un petit paragraphe où l’ont peux ressentir un léger emportement ( deux fois « débits de Conneries » et balles dans la têtes » ) ce qui n’est pas grave, mais fait un peu « Aparté » sauvage dans un article quand même très posé dans le ton.

  4. @ Clémentine électrik :

    Merci de tes encouragements. Il est vrai que par moments, je m’emporte un peu. C’est en partie parce que cet article est par endroits un « collage » de deux ou trois interventions que j’avais postées à différents endroits sur un forum. Ce qui explique en partie le changement de ton d’un paragraphe à l’autre. J’espère que ça ne donne pas un aspect trop décousu à l’article.

    Sinon, il y a un point que j’aimerais préciser, parce que je ne voudrais pas qu’on croie que je suis comme ceux qui vomissent sur les casual games ou les serious games pour se donner des airs de « true gamerz » : ce n’est pas la qualité (très variable) de ces jeux qui me pose problème, mais justement, le fait qu’on les célèbre en dehors de toute considération de qualité.

    Peut-être que je le rajouterai dans l’article, mais je n’ai pas non plus envie de le rendre trop indigeste.

  5. Ça m’a fait un peu la même chose quand j’ai écouté le podcast Gameblog sur les « nouvelles façons de jouer ».

    Quand Julien Chièze se félicitait que les « nouveaux périphériques » avaient « amené au jeu vidéo » les gens réfractaires à la « manette compliquée », moi je me disais quand même que j’en avais rien à foutre que ça les ait amené là, tant mieux pour eux, mais quand je vois les jeux que ça a amené avec et le nivellement par le bas que ça a impliqué…

    Les seuls qui peuvent s’en féliciter c’est les constructeurs et à la rigueur les éditeurs, mais bordel ça me désole juste.

  6. Je me demandais en ce moment, en faisant le point sur les média spécialisés jeu vidéo, où on pouvait dénicher des articles toujours documentés, détaillés, jamais connotés fanboy, avec un vrai parti pris et une vraie analyse, pas un simple rapport de tendances.
    Pas du niveau d’un Wikipédia, d’un communiqué de presse, ou d’un simple consommateur boulimique ou vétéran.
    Sans cette espèce de schizophrénie ambiante concernant le casual.

    Tout à l’heure, je fouille dans la longue liste de sites que j’ai cloués dans ma barre de navigateur, et je retombe sur Gaming since 198X que je n’avais pas lu depuis longtemps.

    J’ai eu au moins une réponse à ma question.

    Merci.

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