La parole à l’accusation : Christian Pfeiffer et le KFN (1ère partie)
Par Shane Fenton • le 17/7/2017 • Entre nous •Nous vous avons déjà présenté Christian Pfeiffer, le plus réputé des opposants allemands à la violence vidéoludique. Criminologue, professeur d’université, ancien Ministre de la Justice, aujourd’hui à la retraite, il continue à être consulté par les médias sur certains sujets d’actualité (comme par exemple les migrants et les violences inter-communautaires). A la tête du KFN ou Kriminologischen Forschungsinstituts Niedersachsen, l’Institut de Criminologie de Basse-Saxe, il a mené de nombreuses études et enquêtes, rédigé des rapports, donné des conférences et des interviews, entre autres, sur l’influence que peut avoir une consommation excessive de jeux vidéo (en particulier « violents ») sur l’échec scolaire et la propension à la délinquance juvénile. A ce titre, il a été considéré pendant des années, par les médias, comme l’expert numéro un sur le sujet des « killerspiele » (un terme qu’il rejette), et par les joueurs, comme l’ennemi numéro un. Matthias Dittmayer, ancien fondateur du site Stigma-Videospiele, l’a bien expliqué :
Christian Pfeiffer n’était pas qu’un scientifique lambda, en tant que directeur du KFN il a réussi à être « partout » dans les médias. Son impact dans la presse était sans égal : talk shows, journaux, etc. C’était « l’Expert ». Et le KFN créait des études pour le ministère de l’intérieur & cie. Les affirmations de Pfeiffer n’étaient pas dangereuses uniquement à cause de leur contenu, mais à cause de sa crédibilité. Après tout, il avait une vision simple des jeux vidéo : il ne leur reconnaissait rien du tout. […] Au final, il n’a pas dit que les jeux vidéo rendaient violent. Il a dut qu’ils produisaient des losers sous-éduqués et sans travail, qui finissaient par devenir violents parce qu’il n’ont pas eu la chance de réussir dans la vie.
Néanmoins, même les acteurs du jeu vidéo ont appris à le respecter, et il y a eu néanmoins des tentatives de dialogue avec la presse vidéoludique, qui l’a interviewé une fois ou deux, et l’a convié à des débats. L’entretien-fleuve dont nous allons vous présenter la traduction (en plusieurs parties, histoire que le pavé ne soit pas trop lourd à digérer) a été mené en février 2009 par Computer Bild Spiele (CBS, la branche jeux vidéo du tabloïd Bild), avec Pfeiffer et un autre chercheur du KFN, Matthias Kleimann. C’est l’une des dernières fois où la presse spécialisée s’est adressée à lui, juste après la parution de l’Appel de Cologne contre les jeux violents, et juste avant la tuerie de Winnenden. Deux évènements qui allaient progressivement rompre le dialogue entre les joueurs et les anti-« killerspiele ».
La première partie de l’entretien est justement consacrée au soutien que Christian Pfeiffer a apporté à l’Appel de Cologne. Il est vrai que le professeur Pfeiffer était déjà connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce, mais jusque-là, il s’était toujours gardé des pires outrances qu’on pouvait entendre de la part d’autres détracteurs de la violence vidéoludique. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait réussi à conserver un certain respect de la part des joueurs et de la presse spécialisée (qu’il traitait lui aussi avec respect la plupart du temps). Or, l’Appel de Cologne était plus qu’une compilation de ces pires outrances, c’était une véritable déclaration de guerre contre le jeu vidéo et son industrie. D’où l’incompréhension et la déception de voir le professeur Pfeiffer apporter sa signature à un tel brûlot. Il s’en explique dans cette première partie, et il en profite pour défendre sa soeur Regine, qui lors d’une conférence sur la violence vidéoludique à laquelle elle participait à Munich quelques mois auparavant, avait traité Electronic Arts de « compagnie de porcs ».
Le critique des jeux, professeur et docteur Pfeiffer, en entretien avec COMPUTER BILD SPIELE
Le professeur et docteur Christian Pfeiffer (64 ans) est réputé pour être l’opposant numéro 1 aux jeux vidéo en Allemagne. Récemment, il était l’un des premiers signataires de « L’appel de Cologne » qui demande une interdiction de GTA 4 & cie. COMPUTER BILD SPIELE a parlé avec Pfeiffer et son collaborateur Matthias Kleimann (31 ans) au sujet de la violence dans les jeux et du risque d’addiction.
Contenu: Killerspiele et risques d’addiction
- L’appel de Cologne
- Définitions et indexation
- Déficit d’éducation et problème d’identité
- Compétence médiatique et bien culturel
- Risque d’addiction, estime de soi, et relations sociales
1. L’appel de Cologne
Le contexte
Ledit « Appel de Cologne contre les jeux violents » a été publié le 14 décembre de l’an dernier. Dans ce document, des parents inquiets et des scientifiques demandaient une interdiction des « killerspiele ». Parmi les premiers signataires, on compte le professeur et psychologue Manfred Spitzer, ainsi que le criminologue, professeur et docteur Christian Pfeiffer.
Les formulations et affirmations drastiques de « L’appel de Cologne » ont provoqué un remous médiatique. Le texte dit, entre autres, que « les Killerspiele sont les mines antipersonnel de l’âme » et qu’ils proviennent des « programmes d’entraînement professionnels de l’armée américaine ». Les responsables seraient « les créateurs et l’industrie guerrière », la diffusion des jeux serait « promue par les scientifiques et les médias complaisants« . A travers ces jeux, « les droits de l’homme, la loi fondamentale de la république, et le droit international sont bafoués », « on crée des stéréotypes négatifs, et on diffuse la xénophobie. »
« L’appel de Cologne » critiquait fortement entre autres la société pour la pédagogie des médias (GMK, Gesellschaft für Medienpädagogik).
COMPUTER BILD SPIELE (CBS): Monsieur Pfeiffer, est-ce que vous jouez vous-même à des jeux vidéo ou des jeux sur ordinateur ?
Prof. Dr. Christian Pfeiffer (Pfeiffer): Non.
CBS: Du tout?
Pfeiffer: Du tout.
CBS: Sous quelle forme êtes-vous entré en contact pour la première fois avec ce sujet ?
Pfeiffer: Nous avons enquêté afin de savoir pourquoi l’écart dans le développement de la violence et dans les performances scolaires entre garçons et filles se creusait de plus en plus. Et cela nous a amenés inexorablement vers les jeux vidéo en tant que facteur significatif.
CBS: Est-ce que vous pouvez vous souvenir de trois ou quatre titres représentatifs que vous avez analysés à l’époque?
Matthias Kleimann (Kleimann): Nous avons essayé dans le principe de balayer tout le spectre des jeux les plus représentatifs. Nous avons bien sûr visionné Counter Strike, différentes parties de Battlefield et Call of Duty. Nous avons vu Le Parrain et GTA, c’est-à-dire ces jeux Open-World. Mais aussi ces jeux de bagarre typique, Beat-them-up tels que Streetfighter. Nous avions trois catégories. La première était celle des First-Person Shooters, la deuxième était celle des jeux d’action à la troisième personne, et avant tout ceux qui étaient Open-World, et puis pour finir les Beat-them-Up.
CBS: Monsieur Pfeiffer, vous avez vous-même deux enfants. Quelle est leur relation avec le sujet des jeux vidéo?
Pfeiffer: Notre fils avait une phase intense de jeux entre environ 13 et 16 ans. Ensuite, il est parti pour un an dans un internat en Nouvelle-Zélande. Et les activités d’après-midi là-bas étaient si fascinantes – du volleyball au théâtre en passant par la guitare – que quand il est rentré, il n’avait pas de temps à investir dans le jeu vidéo. Avant, c’était bel et bien une heure à une heure et demie par jour. Et quand il est revenu, zéro.
CBS: Quel a été votre position par rapport à la pratique vidéoludique de votre fils?
Pfeiffer: Nous ne sommes pas du tout intervenus. La seule chose que nous avons fait a été la suivante : il n’avait pas d’écran dans sa chambre. C’est-à-dire qu’il a joué sur l’ordinateur familial l’après-midi, dans le salon. Le soir, ce n’était pas possible car nous utilisons l’espace pour la télé, la discussion ou autre chose. Mais l’après-midi et les week-ends, il y avait effectivement des moments où il jouait ensemble avec des copains, et ils y passaient deux ou trois heures. C’était une confrontation intense avec ce medium, et ça a complètement disparu depuis.
CBS: Est-ce que vous avez un film de cinéma préféré?
Christian Pfeiffer: J’adore le grand cinéma, par exemple Australia, un film que la presse a descendu, mais moi je l’aime beaucoup. Le cinéma – bien entendu.
Kleimann: Dernièrement je suis allé voir le film Max Payne. Une oeuvre incroyablement mauvaise, qui est une énorme régression par rapport au jeu vidéo. J’ai comparé avec ce dernier: alors que l’atmosphère du jeu est tout à fait attirante pour un adulte, le film est tout simplement une farce.
CBS: L’ensemble de vos productions scientifiques tourne majoritairement autour du thème de la violence, souvent en corrélation avec la criminalité juvénile. Est-ce que vous avez vous-même été confronté à la violence dans votre jeunesse?
Pfeiffer: Non. J’ai passé mon enfance dans une ferme du district d’Altötting, où la violence n’existait pas. Même entre frères et soeurs, nous ne nous bagarrions quasiment pas, nous nous entendions très bien. A l’école, il y avait de temps en temps quelques petites bagarres inoffensives.
Kleimann: J’ai eu dans ma jeunesse quelques affrontements précaires avec des gens issus des milieux d’extrême-droite. Dans mon enfance, j’ai eu affaire à beaucoup de violence des médias. J’ai vu très tôt des films gore, mon ami avait un magnétoscope ainsi qu’un frère qui avait 18 ans. Et rétrospectivement, j’ai remarqué que ça a eu une influence négative. Heureusement que j’avais des parents pacifiques qui s’y sont toujours courageusement opposés – et qui ont fini par l’emporter. Néanmoins, j’ai joué dans mon enfance et dans ma jeunesse presque exclusivement à la guerre.
Pfeiffer: Moi, j’ai joué l’indien, à cause de Karl May. Winnetou, bien entendu.
Kleimann: Mais je n’ai jamais joué à quelque chose du genre l’infirmier ou le fermier. C’était toujours les États du Nord contre les États du Sud. Les Vietcongs contre les Américains, etc.
CBS: Mais ce sont des jeux typiques de garçons. N’est-ce pas normal ?
Kleimann: Il y a beaucoup de signes qui permettent d’affirmer que les garçons jouent et rejouent des rôles différents [NdT : différents des filles. Selon Kleimann, celles-ci vont plutôt vouloir être les infirmières, tandis que les garçons vont s’attribuer des rôles plus guerriers]. Néanmoins, quand je me compare aux gens de mon âge qui se sont socialisés d’une autre manière, il est vrai que j’ai joué à la « guerre » bien plus souvent que la moyenne.
CBS: Le mois dernier, « L’Appel de Cologne » a provoqué quelques remous. Pétition dans laquelle vous, Monsieur Pfeiffer, êtes mentionné comme l’un des premiers signataires. Il est écrit que les jeux vidéo au contenu violent doivent être interdits et que les représentants des médias doivent être au service de la paix et ne pas faire la promotion de la violence, ou sinon, renoncer à leurs fonctions. Nous nous sommes demandés si nous avions réellement le droit de faire cet entretien avec vous. Est-ce qu’on peut cautionner un tel Appel, avec sa virulence ?
Pfeiffer: J’ai effectivement signé « L’Appel de Cologne ». Est-ce que tu le connais ?
Matthias Kleimann: Je connais. Je ne l’ai pas signé.
Pfeiffer: La fin de ce texte contient des passages que je n’aurais pas formulés ainsi. Mais comme j’en approuve les grandes lignes, je l’ai signé. Je n’ai pas besoin de souscrire à chaque mot. Je n’ai aucun problème à parler avec vous, et je suis ravi de me confronter à vous.
CBS: Le texte dit aussi que les parents n’y sont pour rien [dans le fait qu’autant de mineurs aient accès aux jeux « violents »]. L’Appel blâme avant tout l’industrie du jeu vidéo, alors que les parents ne sont pas responsables.
Pfeiffer: Ce n’est pas tout à fait exact. Vous n’allez pas trouver cette phrase formulée littéralement ainsi. Là, vous exagérez.
CBS: « Les parents ne sont pas responsables », c’est la citation originale.
Pfeiffer: Nous voyons cela autrement. Nous travaillons, de manière ciblée, à la sensibilisation des parents et l’une des demandes centrales qui découlent de notre recherche est : pas d’écran dans la chambre des enfants. Cela fait appel à la responsabilité des parents, pour ne pas voler aux jeunes le temps qu’il leur faut pour découvrir la vie. Car c’est ce qui se passe s’ils sont scotchés pendant des heures devant des boîtes électroniques. Et ils y passent plus de temps qu’à l’école. Et si les parents n’interviennent pas suffisamment tôt, ils sont massivement co-responsables, et ne remplissent pas leur mission d’éducation. J’ai tout de même signé l’Appel car ses grandes lignes me conviennent. Les affirmations de base au sujet des jeux vidéo, et les mauvaises tendances de ce domaine dans notre culture. Et c’est pourquoi je ne m’arrête pas à des détails.
CBS: A quel moment l’avez-vous signé ?
Pfeiffer: Au dernier moment.
CBS: L’Appel a été couvert par les médias en décembre, mais il a bien été publié en été.
Pfeiffer: Je ne m’y suis joint qu’en décembre. A ce moment-là, tout était déjà arrêté, et je n’avais plus que la possibilité de dire oui ou non. Je trouve que les grandes lignes sont bonnes, donc les détails ne me gênent pas. Mais je peux les contredire, comme je le fais ici-même.
CBS: Vous êtes connus comme l’un des opposants principaux des jeux vidéo en Allemagne. Est-ce que vous n’avez pas l’impression que vous vous êtes laissé embrigader, afin de récupérer votre signature pour une telle pétition ?
Pfeiffer: Non. Il s’agissait d’une opportunité unique de faire bouger les choses dans les médias. J’étais tout à fait pour, parce que j’approuve le principe, et parce que l’écho [qu’a reçu l’appel] me l’a confirmé. C’était un large écho.
CBS: Pourtant, une discussion objective a été rendue plus difficile avec des outrances verbales. Par exemple, une collaboratrice de votre Institut a qualifié Electronic Arts (EA) de « schweinefirma » [NdT: littéralement, « compagnie de porcs », « entreprise de cochons »]. Il s’agissait de votre soeur…
Pfeiffer: Ma soeur, pas une collaboratrice. Elle participe à nos travaux de temps en temps, et je peux comprendre qu’elle s’engage aussi émotionnellement. Si vous voulez, nous pouvons entrer dans le débat sur Le Parrain, et vous aussi vous allez vous en prendre plein la figure de ma part !
CBS: Oui, ce serait avec plaisir.
Pfeiffer: Alors je souligne : le jeu Le Parrain est une cochonnerie. On ne peut pas le dire autrement. Sachant qu’on y prône le fait de brûler vif, de rôtir un être humain comme quelque chose de désirable, et qu’on y donne des points pour tuer un maximum d’êtres humains de façon bestiale, alors une telle chose n’aurait jamais dû atterrir sur le marché allemand. Le Parrain aurait dû être indexé, et je trouve hautement problématique que notre système [de classification] ait pris une aussi mauvaise décision. Le fait que l’entreprise n’ait pas eu le courage de porter plainte contre ma soeur pour ses propos est révélateur. En effet, EA ne veut pas se retrouver au tribunal, car dans ce cas, EA perdrait aux yeux du public.
CBS: Dans ce cas, est-ce que vous diriez vous aussi qu’Electronic Arts est une entreprise de cochons ?
Pfeiffer: Je ne le formulerais jamais comme ça. C’est une réaction épidermique de sa part. Moi, je dirais que le jeu Le Parrain est une cochonnerie.
CBS: Est-ce que vous pouvez comprendre que, vu la manière dont le débat public est souvent mené, entre autres avec « L’Appel de Cologne », les joueurs de jeux vidéo se sentent parfois stigmatisés ? Comme étant potentiellement violents et drogués ?
Pfeiffer: « L’Appel de Cologne » n’est pas dirigé contre les joueurs, il est dirigé contre la moralité et les actions des éditeurs qui essaient de pousser massivement certains jeux sur le marché.
Kleimann: Le problème, c’est que si on se prononce publiquement, le message s’adresse à un auditoire précis. Le KFN ne s’adresse quasiment jamais aux jeunes – et parfois il ne s’adresse pas non plus aux parents. Nous en appelons très souvent aux éditeurs et à leur responsabilité. Les éditeurs ne se sentiront obligés de réagir que grâce au public. Le KFN doit prendre ouvertement position contre certains types de jeux.
Remarques additionnelles (Shane_Fenton):
Conformément à mon habitude, je n’ai pas traduit le terme de « killerspiel », qui est typiquement allemand. Pour le reste, je n’ai aucune remarque particulière à faire sur le travail de traduction, qui était certes long (les 5 parties, sans les images, tenaient sur 18 pages), mais assez facile, étant donné qu’il s’agit de la transcription d’un entretien oral. Rien à voir avec un texte de loi et son jargon administratif imbitable (cf. la précédente traduction).
Passons maintenant au contenu de cette première partie d’entretien, et aux positions de Christian Pfeiffer et de son jeune collaborateur Matthias Kleimann. Et concentrons-nous en particulier sur le soutien que Pfeiffer a apporté à l’Appel de Cologne. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ses justifications ne me convainquent pas du tout. Il se trouve que pour ma part, j’ai déjà participé en tant qu’enseignant-chercheur à l’élaboration d’une pétition (il s’agissait de protester contre la loi sur l’autonomie des universités ou LRU). Nous étions une centaine dans un amphithéâtre, et nous sommes restés deux heures à discuter, à argumenter, à protester, à pinailler parfois… avant de nous mettre d’accord sur un texte que nous pouvions tous signer, parce que nous en approuvions chaque mot. J’ai bien dit : chaque mot. Car un seul d’entre eux pouvait générer des débats interminables. Cela peut paraître pénible, on peut avoir l’impression de ne pas avancer, de chipoter pour un rien… mais au moins, à la fin, on se retrouve avec un texte dans lequel on peut se reconnaître totalement. C’est pourquoi j’ai beaucoup de mal à accepter la justification de Christian Pfeiffer quand il dit qu’il n’a « pas besoin de souscrire à chaque mot » pour signer un texte aussi incendiaire que l’Appel de Cologne. A mes yeux, c’est de la mauvaise foi. Et puis quand il dit qu’il « approuve les grandes lignes » de cette pétition, de quelles grandes lignes parle-t-il ? Celles où il est demandé l’interdiction totale de la production et de la distribution des jeux qualifiés de « violents » ? Celles où les parents sont absous de toute responsabilité sur la pratique vidéoludique de leurs enfants ? Il « voulait faire bouger les choses dans les médias » : on voit le résultat aujourd’hui.
D’ailleurs, les derniers mots de Matthias Kleimann sont révélateurs. Certes, il n’y a aucun mal à adresser son discours en priorité à une fraction particulière de la société. Et dans le cas présent, ce sont plutôt les politiques, les médias et les éditeurs qui constituent le « coeur de cible » du discours, des études et des rapports du KFN (les éditeurs étant plus souvent la « cible » que le « coeur »). Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, puisque ce sont eux qui ont le pouvoir de faire bouger les choses, soit en votant les lois, soit en faisant pression auprès de l’opinion, soit en décidant d’éditer ou pas un jeu. L’ennui, c’est que du propre aveu de Kleimann, « le KFN ne s’adresse quasiment jamais aux jeunes », et par extension aux joueurs de tous âges. Ce qui était le meilleur moyen, non seulement de les aliéner complètement, mais aussi de rendre toute critique de la violence vidéoludique complètement inaudible. Encore une fois, on voit le résultat aujourd’hui.
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