On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

GamerGate et pilule rouge n°2 : Figues molles et raisins aigres

Par • le 9/10/2014 • Entre nous, Vite dit

Un argument qui revient de manière récurrente dans la bouche de certains « gamergaters » est qu’Anita Sarkeesian est une ennemie du jeu vidéo au même titre que Jack Thompson, et que par conséquent, elle mérite d’être traitée de la même manière, ni plus ni moins. Corollaire : en tant qu’ennemie du jeu vidéo, on peut éventuellement l’inscrire à la liste des « ennemis de la culture geek » (Fredric Wertham pour les comic books, Pat Pulling pour le jeu de rôle…) et prophétiser qu’elle finira, avec eux et comme eux, dans les poubelles de l’histoire. Deuxième corollaire : à l’époque où la presse vidéoludique était de « notre » côté, elle ne voyait aucun problème à lyncher Thompson, alors qu’aujourd’hui elle défend Sarkeesian, preuve supplémentaire de son hypocrisie, de sa trahison, de sa corruption et de sa condamnation à finir elle aussi dans les poubelles de l’histoire.

Le « deux poids, deux mesures » selon #GamerGate
(dommage qu’ils racontent n’importe quoi, non seulement sur Sarkeesian, mais AUSSI sur Thompson)

Ce genre « d’argument » en dit malheureusement assez long sur l’amnésie, l’inculture crasse et l’absence totale de mesure de ceux qui l’utilisent. Si Jack Thompson s’était contenté de dire que les jeux « violents » rendent violent, il n’aurait pas été Jack Thompson. Contrairement à lui, Anita Sarkeesian n’a jamais sponsorisé de projet de loi restreignant la vente de certains jeux aux mineurs, ni rendu la passion du jeu vidéo responsable d’un suicide. Elle n’a jamais attaqué en justice une compagnie de jeux vidéo pour incitation au crime ou addiction mortelle. Elle n’a jamais menacé d’attaquer en justice n’importe qui pour n’importe quoi. Elle n’a jamais dédié de livre ni quoi que ce soit d’autre à la mémoire d’une « victime d’un joueur de jeu vidéo ». Elle n’a jamais écrit à la mère d’un éditeur pour la rendre responsable du comportement de son fils. Et elle n’a jamais accusé l’industrie du jeu vidéo d’avoir commandité l’assassinat d’un journaliste. C’est ce comportement qui a fait de Jack Thompson un ennemi, et qui lui a valu, au final, de tout perdre : ses alliés, sa licence d’avocat, et sa réputation.

Mais admettons malgré tout, pendant 5 minutes, qu’Anita Sarkeesian soit une irréductible « ennemie du jeu vidéo » qui a injustement « stigmatisé » un loisir tout entier, ainsi que tous ceux qui le pratiquent sans exception. A défaut de cautionner les menaces de mort (ce qui serait un peu trop gros quand même), cela justifierait au moins qu’on lui applique le même traitement qu’à nos autres ennemis, non ? Après tout, cette stratégie a tellement bien fonctionné jusque-là…

… n’est-ce pas ?

Décrivons tout d’abord la stratégie dont on parle. Elle est plutôt simple : on cogne, on lynche, on injurie, on harcèle, on intimide, en essayant tout de même d’éviter ou de limiter les pires excès comme les menaces de mort, ou les insultes sexistes et racistes. Par contre, on peut hacker un site, et flooder à outrance, que ce soient les commentaires d’articles, Twitter, ou les évaluations sur Amazon. La raison pour laquelle cette stratégie a été adoptée est limpide : puisque le jeu vidéo a été « diabolisé » par les médias depuis des années, puisque ses défenseurs se sont fait lyncher sur les plateaux télé de manière répétée, il faut combattre le feu par le feu, et le lynchage par le lynchage. Cette justification a été écrite en toutes lettres par Jim Sterling, à l’époque où il n’était pas encore blacklisté comme un SJW, dans un article dédié au « pouvoir de l’infantilisme ». Où l’on se rend compte que Jack Thompson n’est pas tant un ennemi qu’un modèle à suivre (il est juste dommage qu’il ait été de l’autre bord). Morceaux choisis :

Il y a une raison pour laquelle les gens comme Jack Thompson sont célèbres. Ce n’est pas parce qu’ils ont essayé de montrer au monde entier qu’ils sont matures et décents. Thompson est un showman, un salopard qui utilise une rhétorique passionnée et rentre-dedans afin de se faire entendre. Un jour, Thompson m’a dit personnellement que son attitude l’a aidé à le rendre célèbre. Avec un comportement immature vient la célébrité, et avec la célébrité viennent les apparitions dans les médias, ainsi qu’une audience à l’écoute. Pendant ce temps, les gamers restent plantés là, du haut de leur piédestal intellectuel, se croyant « meilleurs » que les gens comme Thompson, mais ils n’arrivent à rien, absolument rien, avec leur maturité.

Nous sommes obsédés à l’idée à l’idée de « prouver » notre valeur à un mystérieux arbitre de la maturité et de la vertu. Nous parlons de ce qu’il faut faire pour que les jeux soient être « pris au sérieux », mais à y réfléchir, nous ne nous demandons jamais qui nous devons encore convaincre. […] Agir comme des gosses ne mènera probablement à rien, mais il y a un précédent qui montre clairement qu’agir comme des adultes ne mènera certainement à rien. […] Que ça vous plaise ou non, je pense que l’industrie a peut-être besoin de son propre Jack Thompson – un personnage qui n’a pas peur d’être excessif, et d’attaquer en-dessous de la ceinture.

Le cas d’école que tout le monde cite, et qui a probablement représenté un tournant dans les relations entre les joueurs et la critique extérieure, c’est Mass Effect. Voilà un jeu qui, pour à peine 30 secondes de sexe soft, optionnel, et non-interactif, a été la cible d’éditorialistes néo-conservateurs tellement englués dans leurs fantasmes de « sexe dans les jeux vidéo » qu’ils se sont imaginés que BioWare vendait du porno à des enfants selon Cathy Ruse, et que le jeu pouvait être « customisé pour sodomiser n’importe qui n’importe comment » selon le délire de l’éditorialiste Kevin McCullough (qui a quand même fini par lâcher des pseudo-excuses un peu plus tard). Finalement, FOX News a organisé un « débat » où tout était joué d’avance entre la psychologiste Cooper Lawrence, qui n’avait rien vu mais qui avait quand même un avis sur la question, et Geoff Keighley, qui a été malgré tout remercié par les joueurs pour avoir fait de son mieux (c’était avant qu’il soit pris la main dans le paquet de Doritos). Trop, c’était trop, et de nombreux joueurs ont décidé de pratiquer la loi du Talion : puisque Cooper Lawrence a traîné un jeu dans la boue même si elle n’en a rien vu, pourquoi ne pas aller sur Amazon et traîner son livre dans la boue même si on ne l’a pas lu ? Sitôt dit, sitôt fait, et quelques jours après, la psychologue a admis qu’elle « regrettait vraiment » d’avoir dit n’importe quoi.

En surface, c’est une victoire des joueurs, obtenue à partir du moment où ils ont laissé libre cours à leur bas instincts, comme le proclamait Jim Sterling :

Il est grand temps que nous, en tant que gamers, soyons honnêtes avec nous-mêmes. Personne à FOX News n’a cure de savoir à quel point nous sommes « adultes ». […] Je prétends que non seulement agir de façon mature n’apporte rien, mais en plus cela nous dessert. […] Si vous ne me croyez pas, je vous suggère de regarder à nouveau le fameux reportage de FOX News sur Mass Effect. Geoff Keighley s’est battu vaillamment contre un plateau de chroniqueurs de FOX et contre l’auteure Cooper Lawrence, qui avaient déjà tous été coachés par les producteurs et prédisposés à attaquer les scènes de sexe dans le RPG de BioWare.

Keighley a essayé d’être civilisé, courtois et calme. Keighley n’a eu aucune chance. […] Cooper Lawrence l’a tourné en dérision, lui a ri au nez, et coupé la parole. Geoff a essayé de contrer son ignorance par un argumentaire calme et raisonné, et je ne pense pas que qui que ce soit parmi nous puisse honnêtement prétendre que cela ait marché. […] Quand Lawrence a admis qu’elle n’avait jamais joué à Mass Effect, Keighley avait une opportunité de l’achever. Mais il a adopté une ligne modérée, et il a laissé s’échapper toute chance de riposter. […] L’approche de Keighley a échoué, et si le débat sur Mass Effect s’était arrêté là, on aurait pu considérer ça comme une victoire du camp anti-jeu.

Cependant, les choses n’en sont pas restées là, car les gamers sont entrés en action et sont descendus au niveau de FOX. Ils ont bombardé le livre de Cooper Lawrence sur Amazon avec des commentaires puérils et négatifs […] Lawrence, qui était joyeusement retournée à ses petites affaires suite à ce reportage, s’est sentie obligée de faire une déclaration et de s’excuser pour ce qu’elle avait dit. Non seulement ça, mais en plus, elle a admis qu’elle ne savait rien de Mass Effect avant le reportage de FOX, et qu’elle avait simplement reçu une brève description par les producteurs. Ce n’est que quand les gamers ont riposté en descendant au niveau de FOX que Cooper a effectivement fait des recherches sur le contenu sexuel de Mass Effect, et a admis que ce n’était même pas la moitié de ce qu’elle croyait. […]

Vous pouvez ne pas aimer ça, mais ce n’est que quand les gamers ont décidé de se comporter en petits connards que Cooper Lawrence s’est effectivement conduite comme une adulte.

Et effectivement, cette détestable « affaire » a donné à certains « gamers » le sentiment qu’il ne fallait plus essayer de discuter de manière raisonnable avec le « camp d’en face ». La preuve : seuls le lynchage et l’intimidation ont produit des résultats en ce qui concerne Mass Effect (et ce n’était pas la gueulante tardive d’Electronic Arts qui allait changer quoi que ce soit). Mais à quel prix, si ce n’est celui de se donner tort alors qu’on avait à la base raison ?

Tout d’abord, c’est Cooper Lawrence qui a pris le plus cher, alors que c’était loin, très loin, d’être la pire. Cathy Ruse, qui a lancé les accusations initiales de « pornographie vendue à des mineurs » et qui proposait carrément d’attaquer BioWare en justice, n’a jamais été inquiétée de quelque manière que ce soit. Kevin McCullough, tout de suite après ses pseudo-excuses, s’en est retourné vaquer à ses affaires alors qu’il proposait tout de même initialement de voter une loi tellement répressive contre les créateurs de jeux vidéo à contenu sexuel « qu’ils ne s’en relèveraient jamais ». Cooper Lawrence a certes des torts, le premier étant de ne pas avoir voulu écouter Geoff Keighley et de l’avoir traité avec mépris. Mais elle n’a jamais proposé d’interdire Mass Effect ou d’attaquer BioWare ou Electronic Arts en justice. Or, c’est celle qui a subi le pire traitement… et elle le subit encore aujourd’hui, six ans plus tard ! (en témoignent les plus récents commentaires Amazon de son livre Cult of Perfection) Alors qu’elle ne s’est pratiquement plus jamais exprimée sur les jeux vidéo depuis cette débâcle. Quelle est la justification d’une aussi longue punition ? Quel est l’intérêt, cette fois ?

Par ailleurs, dire qu’elle ne s’est rétractée qu’après que certains joueurs aient descendu son livre en flammes est un sophisme. Oui, chronologiquement parlant, c’est ce qui s’est passé. Mais n’était-il pas possible qu’ils la contactent par email (accessible publiquement sur son site), en masse certes, mais courtoisement, en lui pointant son erreur loin des caméras et de FOX News ? C’est ce qui s’est produit fin 2006 en pleine polémique sur Rule of Rose, avec succès : quand Bernard Depierre, alors député, a calomnié le jeu de la pire des manières, de nombreux joueurs l’ont contacté pour lui faire remarquer son erreur; il l’a reconnue, et a adopté, en conséquence, un ton beaucoup plus conciliant. Pour en revenir à Cooper Lawrence, la mise au pilori de son livre sur Amazon n’avait certes aucune chance de convaincre le « camp d’en face », puisqu’il s’agissait seulement de l’intimider. Mais qu’en était-il des indécis, de tous ceux qui n’avaient pas pris connaissance du débat, et qui ne pouvaient retenir qu’une seule chose : qu’une femme ayant osé critiquer le contenu d’un jeu vidéo avait été traînée dans la boue en représailles ? Et qu’en était-ils de tous ceux qui, à l’intérieur de la « communauté », n’étaient pas partisans d’une telle vendetta, et qui ont malgré tout été compromis par sa frange la plus radicale ? Au point de vouloir se détacher du concept de « gamer » ? (parce qu’on parlait, déjà à l’époque, de la « fin des gamers »… sauf qu’à l’époque, on pouvait encore en discuter calmement).

Enfin, le fruit le plus pourri de cette mentalité vengeresse a été son caractère automatique et systématique. Puisque ça « avait marché » avec Cooper Lawrence, on allait pouvoir l’appliquer à n’importe qui, pas vrai ? Peu importe si c’étaient les bonnes cibles, peu importe la piètre gravité ou l’absence de gravité de l’offense : à la moindre, la plus petite critique, pas question de réfléchir, tout ce beau monde au bûcher ! C’est ainsi que la psychologue Carole Lieberman a partagé le sort de sa collègue, à savoir des messages d’insultes et le déluge de commentaires négatifs sur Amazon. Chez nous, ce sont Laure Manaudou et Natacha Polony qui ont subi les représailles des gamers à cause de quelques pauvres déclarations (la première a dû fermer temporairement son compte Twitter). En Allemagne, ce sont les parents des victimes de la tuerie de Winnenden, ainsi que le comédien Christian Berg qui ont eu droit à ce traitement « spécial ». A chaque fois, le résultat est au mieux inexistant (la victime ne réplique pas ou ne s’excuse pas), au pire préjudiciable pour la « communauté », qui passe de plus en plus pour une meute sectaire et intolérante. A terme, on n’attend plus rien d’elle qu’une réaction épidermique, de meute. De même qu’on n’attendait plus rien de Jack Thompson si ce n’est des vociférations incompréhensibles, des trolls gratuits et des menaces dans le vent. Au passage, ce n’était pas très malin de prendre Thompson pour modèle, parce que même si « son attitude l’a aidé à le rendre célèbre », c’est également son attitude qui, comme je l’ai dit plus haut, a fini par entraîner sa chute et gangréner le débat sur la violence vidéoludique de manière irrémédiable.

Et même en considérant qu’on n’a pas à se préoccuper de ce que pensent « les autres » (ce qui confirmerait à leurs yeux le cliché du « cyberautiste »), cette stratégie du lynchage a des conséquences « internes » qu’on ne peut pas ignorer.

J’ai évoqué précédemment la nécessité de m’appeler « gamer », et d’intégrer une « communauté » qui s’organisait pour faire entendre sa voix. Pour bien s’organiser, il fallait rester informé de toutes les manoeuvres du « camp d’en face ». C’est ainsi que les moindres faits et gestes de Jack Thompson étaient rapportées, notamment par GamePolitics, dont j’avais rejoint le forum. Dès que j’avais une info sur « nos » adversaires, que ce soit un nouveau nom (de personnalité ou d’association), un projet de loi, un discours, un article, etc… je partageais cette info avec mes camarades gamers. C’était ma manière à moi de contribuer à l’organisation de ma « communauté », et j’en étais fier.

Toutefois, après ce qui est arrivé à Cooper Lawrence, quelque chose a changé. De plus en plus, dans les commentaires d’articles relatant une action ou une prise de parole étiquetée comme « anti-jeux », j’ai vu se multiplier les appels aux représailles. Dès qu’une personne osait émettre la moindre critique sur un aspect de notre loisir, il n’était pas question d’argumenter, de réfléchir, de contacter la personne en question pour lui demander des éclaircissements : il valait mieux « brûler virtuellement » son livre sur Amazon, comme on l’avait fait pour Cooper Lawrence. Pas question de convaincre ou de contredire, il fallait attaquer, intimider, réduire au silence, exorciser la menace, comme pour les comic books ou le jeu de rôle. Cette attitude m’a dégoûté autant qu’elle m’a fatigué. Cette fois, je n’ai pas eu besoin de me mettre à la place d’un adversaire : il suffisait juste de me mettre à la place d’un observateur extérieur, débarquant au beau milieu de la polémique, et constatant que les gamers ne savaient pas se défendre, juste aboyer et lyncher sans souci de la nuance. J’avais à nouveau honte d’être l’un des leurs.

Gary Cross et son livre Men to Boys

Mais la véritable prise de conscience a eu lieu après la parution du livre Men to Boys de Gary Cross, l’un des quelques ouvrages qui avaient prétention à analyser l’infantilisation des adultes modernes. Evidemment, pour beaucoup de ces ouvrages, les jeux vidéo étaient l’un des principaux vecteurs de cette régression infantile, les auteurs n’arrivant décidément pas à comprendre comment des adultes pouvaient continuer à s’adonner à un tel loisir. Il y avait matière à critiquer cette vision méprisante et condescendante, aussi bien du jeu vidéo que de ses pratiquants, et sur ce point, j’estime avoir fait ma part. Mais il y a quelque chose que pour une fois, je n’ai pas fait. Je n’ai pas parlé du livre à mes camarades de forum. En effet, je ne voulais pas qu’ils aient le réflexe d’aller lyncher son auteur, ce qui aurait validé son argumentation de la pire des manières, et attiré sur lui une punition qu’il ne méritait en rien (même si j’estimais sa vision faussée, elle méritait une discussion, pas une attaque aveugle). En réalité, j’ai voulu protéger Gary Cross de ma propre « communauté ».

Ce fut ma deuxième pilule rouge. Je me suis rendu compte que j’appréhendais de livrer des informations à mes camarades de forums, parce que j’étais convaincu qu’ils allaient en faire un usage qui me dégoûterait de partager quoi que ce soit avec eux. J’ai réalisé que quand mes « adversaires » nécessitaient une protection contre « mon » propre camp, c’était le signe que je ne voulais plus en faire partie. J’ai donc progressivement cessé de contribuer au forum. Je suis parti sur la pointe des pieds, pour ne plus revenir. Et j’ai définitivement cessé de m’appeler « gamer », parce que je ne voulais plus me compter parmi des lyncheurs haineux et aveugles. C’est l’une des conséquences « internes » de l’attitude belliqueuse d’une partie de la « communauté » : elle entraîne la désolidarisation, voire la désertion, de ceux qui ne veulent pas hurler avec les loups.

Encore qu’il s’agisse là d’une attitude volontaire. Dans mon cas, personne ne m’a poussé vers la sortie. D’autres n’ont pas eu cette chance. En effet, l’autre conséquence « interne » du lynchage comme réaction systématique à la critique, c’est qu’elle se pratique aussi à l’intérieur de la « communauté » contre toutes les voix différentes ou dissidentes. En d’autres termes, quand la menace extérieure se tarit, quand la critique se meurt, quand il n’y a plus d’adversaires dignes de ce nom à se mettre sous la dent, on finit par se bouffer entre nous. On cherche de nouveaux boucs émissaires, et il est inutile d’aller bien loin pour les trouver. On part à la chasse aux « traîtres », on instruit des procès en sorcellerie contre les « faux geeks », on dresse des bûchers contre les « ennemis de l’intérieur », coupables d’altérer la « pureté » du loisir.

Ce qui nous amène à la situation actuelle, ainsi qu’à ma troisième « pilule rouge ».

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est joueur depuis les années 80, et joueur passionné depuis 1990. Ouais, à peu près comme tout le monde ici, quoi. Sauf qu'en plus, il cause. Beaucoup. Mais alors beaucoup. C'est pas sain pour lui qu'il cause autant. Faudrait plutôt qu'il joue.
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Un commentaire »

  1. Trés intéressant, merci. Et je partage ton point de vu, je refuse d’être identifié à ces gens qui réagissent de façon aussi agressive et aveugle. Même si ce Jim Sterling a semble t’il théorisé cette idée de la riposte bête et méchante, au final ça reste un appel à la facilité, aux bas instincts. Intellectualiser et justifier la bêtise, au risque de se retrouver avec au final une meute de chiens enragés sur les bras, il a joué avec le feu…

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