PlayStation Now: The Future is Now?
Par kwyxz • le 2/4/2015 • Entre nous •Après son acquisition en 2012 pour 380 Millions de dollars, Gaikai a développé pour Sony deux technologies de streaming. La première, le remote play, permet de jouer sur sa PlayStation Vita à des titres tournant depuis une machine de salon PlayStation 3 ou PlayStation 4 à la manière de la tablette de la Wii U. La deuxième, le PlayStation Now, propose de directement afficher les jeux sur un périphérique compatible estampillé Sony. Après plus d’un an de Beta (fermée et ouverte), le service est disponible officiellement aux USA depuis le 13 janvier 2015, et sa disponibilité en Europe toujours annoncée pour cette année, même si le détail par pays n’a pas été annoncé.
Concrètement, l’accès au PlayStation Now pour un résident américain peut se faire de différentes manières : via l’une des consoles du constructeur bien sûr, depuis le PS Store sur PS3 et PS4 ou depuis une app dédiée sur Vita. Mais le PlayStation Now est aussi directement accessible, et ce sans console, depuis les téléviseurs Bravia vendus dès Juillet 2014. Une intégration future dans les lecteurs BluRay Sony et même les téléviseurs Samsung est prévue pour le courant de l’année.
Dans le cadre de ce test, l’accès au service se fait en premier lieu via un téléviseur Bravia W600B dont l’emballage clame fièrement qu’il est “PlayStation Now ready”. La page d’accueil du téléviseur propose un onglet dédié au service en haut de l’écran, aux côtés des plus classiques offres de VOD, de musique, et d’applications. La première étape consiste à associer une manette de jeu ; pour ce faire, il suffit de brancher une DualShock 3 via un cable USB et presser le bouton PS, le périphérique est reconnu et utilisable pour naviguer dans les menus.
Au lancement de l’application Now, un menu s’ouvre et affiche deux offres bien distinctes du service.
La première est l’offre sur abonnement, dont les tarifs sont à l’heure actuelle de $19.99 pour un mois et de $44.99 pour un trimestre. Tout nouvel acheteur d’une télé Sony se voit offrir royalement une semaine d’accès au service, et il est possible de récupérer des codes d’essai via un simple compte PSN. Cette offre donne accès à volonté à une centaine de titres, majoritairement, pour ne pas dire exclusivement, issue du catalogue PS3.
Parmi ceux-ci, on trouve un assortiment un peu disparate de gros jeux AAA et de petits indés, parfois de genre très particuliers tandis que d’autres brillent par leur absence.
Les jeux de sport ou de course y sont très rares par exemple — pas le moindre jeu de foot / soccer à l’horizon, mais pour les USA est-ce une surprise ? — tandis que trois épisodes différents de BlazBlue sont disponibles immédiatement.
La deuxième offre ne nécessite pas d’abonnement, et propose donc une location à la demande. Pour une poignée de dollars, il est possible d’accèder à un jeu pendant quelques heures, voire une journée, une semaine, jusqu’à un mois. Il faudra procéder avec précautions lors de la location car la politique tarifaire appliquée peut sembler parfois assez injuste.
Si $1.99 pour quatre heures de Raiden IV sont honnêtes, $29.99 pour un mois de Ultra Street Fighter IV tiennent carrément de la mauvaise plaisanterie, puisqu’il s’agit du prix du jeu à l’achat. La location hors abonnement peut être une bonne idée lorsque seuls un ou deux jeux de l’offre sont attirants, ou alors pour se faire une idée d’un titre avant un achat éventuel, mais à terme il est un peu difficile de voir à qui la location sur une longue durée s’adresse, et surtout ce que le client peut avoir à y gagner.
Avec près de 300 titres contre seulement 100 pour la formule à abonnement, on constate toutefois que Sony privilégie les titres récents dans cette offre à la demande et que les derniers épisodes d’une série s’y trouvent ostensiblement, même si énormément de très gros titres manquent à l’appel. Ultra Street Fighter IV n’est disponible qu’en location tandis que l’abonnement ne propose que Super Street Fighter IV Arcade Edition 2012. La série Uncharted est présente par abonnement mais le troisième épisode manque à l’appel. Seul le troisième épisode de KillZone est disponible, et ce dans les deux offres. Des choix éditoriaux parfois un peu étranges, même si le catalogue s’étoffera dans le futur.
Afin de pouvoir juger de la réactivité du service, certains types de jeux sont bien entendu privilégiés : il ne fait aucun doute que The Walking Dead de Telltale ne posera pas trop de soucis de lag, de même que la plupart des JRPGs. Mais les jeux d’action nécessitant des temps de réponse courts mettent le Now à l’épreuve. Avant de se lancer dans l’aventure, il est évident que comme tout service de streaming en ligne, le PlayStation Now nécessitera une bande passante importante et un ping le plus bas possible. Les recommandations officielles de Sony se limitent à 5 Mbps ce qui est relativement bas, et peut-être un peu optimiste, mais conseillent également d’utiliser un réseau filaire dans la mesure du possible. Voici les caractéristiques de la ligne utilisée pour ce test, qui devrait donc largement suffire.
Pour l’anecdote, au lancement du jeu un écran de chargement PlayStation 3 apparaît indiquant que quelques données sont copiées sur le disque dur.
Avant le lancement, un avertissement note que certains éléments du jeu ne seront pas disponibles : en fonction des jeux choisis, certains DLC seront inclus ou non. Dans le cas d’Arkham City, le DLC Catwoman, offert aux acheteurs du jeu via un Online Pass, ne l’est pas… alors que Catwoman est présente sur l’artwork accompagnant le titre.
Une fois le jeu lancé, l’écran-titre apparaît dans une qualité d’image correcte même si la compression est visible ici ou là. L’aliasing prononcé peut surprendre mais n’a, finalement, rien de choquant pour un titre PS3.
On remarque toutefois un léger flou autour de certains textes.
Au coeur de l’action, pas de surprise, on se retrouve devant strictement le même titre que la version “classique” de Arkham City. Le jeu se joue exactement de la même manière, et aucun lag spécifique n’est à déplorer. Les contrôles répondent bien et le titre conserve tout son punch. Les teintes sombres du jeu fonctionnent bien et évitent d’afficher de façon trop criante les artefacts de compression.
Deuxième titre testé et pas des moindres, KillZone 3 a le bon goût de proposer le choix de la langue lors de son lancement. Une fois propulsé sur le champ de bataille, là encore rien à signaler, les contrôles répondent bien et le titre de Guerilla n’a rien perdu de sa superbe.
On remarque toutefois beaucoup plus d’artefacts de compression, nettement visibles dès lors que les environnements sont largement éclairés.
Ces artefacts sont encore plus visibles sur le texte sur fond clair des défis de Super Street Fighter IV. S’ils ne constituent qu’une gène mineure, on ne peut s’empêcher d’espèrer dans le futur une meilleure définition d’image restituant le plus fidèlement possible celle du jeu d’origine.
Afin de tester au mieux la fluidité de l’action, une session sur Motorstorm Apocalypse a permis d’apprécier certains choix techniques : le jeu est bien fluide et les impressions de vitesse sont présentes, mais la compression est largement visible sur les textures du sol en raison des déplacements rapides. On pouvait en effet craindre des saccades mais le titre était très jouable sans donner d’impression de lenteur particulière, la techno semblant privilégier la fluidité à la qualité d’image. En cas de surcharge de la bande passante, les graphismes virent à la bouillie de pixels digne d’une vidéo RealPlayer de la grande époque sans trop perdre en fluidité… jusqu’à une certaine limite.
Sur un jeu de combat, même si le framerate est loin d’être négligeable, ces quelques considérations visuelles sont plus accessoires : plus que tout autre critère, dans un genre où le lag d’un écran peut altérer l’expérience de jeu, le temps de réponse des contrôles est primordial. Il n’y a pas de miracle : un joueur de jeu de baston surentraîné capable de déceler l’input lag en trente secondes manette en main sera vraisemblablement dans l’incapacité de trouver son bonheur sur le Now. Qu’il s’agisse de Super Street Fighter IV ou de King of Fighters XIII, les deux jeux testés, un lag léger mais perceptible rend la réalisation de combos assez ardue. Nul doute qu’avec de la pratique un joueur aguerri y parviendra, mais autant le dire tout net, ces jeux étant essentiellement intéressants en multi, ils n’ont que peu d’intérêt via un service de streaming comme le Now, à part évidemment pour du jeu en local à deux sur la même machine. Pour l’anecdote, une tentative de jeu online sur KoF XIII s’est soldée par un échec cuisant, le ping étant naturellement beaucoup trop élevé pour permettre de jouer confortablement à cause du streaming simultané.
Autrement plus intéressant, le PlayStation Now profite de la synchronisation du compte PSN pour non seulement donner l’accès aux trophées mais aussi à la messagerie du joueur. De plus, le détenteur d’un abonnement PS Plus (vendu à part, bien sûr) pourra réutiliser ses sauvegardes dans le PS Now une fois celles-ci uploadées dans le Cloud.
Concrètement, une partie, au hasard, de God of War Ascension démarrée sur PS3 pourra être poursuivie sur Vita via le Now et inversement, même si la procédure (manuelle) de transferts de sauvegardes est un peu pénible.
Puisque l’on parle de la Vita, celle-ci est handicapée par son chip Wifi beaucoup trop faiblard. À moins d’un coup de chance et d’une compatibilité parfaite entre la console et l’access point, il vaudra mieux rester à proximité de son routeur pour garantir un service sans déconnexions. C’est d’autant plus dommage que l’écran plus petit de la Vita masque parfaitement les artefacts de compression et que les jeux PS3 sont visuellement magnifiques dessus. Ceux qui streament déjà leur jeux entre les deux consoles pourront le confirmer. On notera toutefois que l’appli PSNow sur Vita est toujours en beta, et qu’une amélioration de la stabilité du netcode est toujours envisageable.
Prometteur donc, doté d’une ludothèque un peu faiblarde toutefois et aux choix éditoriaux un peu étranges, le PlayStation Now est aux jeux l’exact pendant de Netflix pour la vidéo, si ce n’est qu’il est encore peut-être un peu cher (enfin sauf quand on le compare à Tidal, ah ah ah). La technique utilisée est perfectible mais suffisamment au point pour permettre un accès correct à des jeux pas si anciens via un simple téléviseur, ce qui renforce de belle manière l’offre de Sony. Si certains genres de jeux risquent de ne jamais être pleinement exploitables via le streaming, le catalogue gagnera à s’étoffer de titres adaptés au format et surtout en clarté via un éventuel abonnement cumulé Now + PS Plus. À l’heure actuelle, le choix de s’abonner ou non dépend surtout de votre façon de “consommer” les jeux, et de votre attirance personnelle pour la ludothèque présentée. Sans oublier le principal point noir d’une technologie de ce genre…
Addendum
La liste des jeux disponibles sur abonnement
La liste des jeux disponibles à la location
Très bon article. Etant fan de street fighter, je trouve dommage que l’édition Ultra Street Fighter IV soit uniquement en location.
La résolution sur the last for us, à l’air vraiment très bonne.
Je test ça au plus vite.
A très vite
Très intéressant en effet. Tout ce qui permet de s’émanciper des consoles mérite d’être surveillé.
Mais du coup, je me demande un truc tout bête : est-ce que cela signifie qu’on peut jouer aux jeux PS3 qu’on possède déjà, mais sans PS3 ? Genre, et complètement au hasard, sur une PS4 ?
Je ne suis pas certain de comprendre ta question, mais si c’est « est-ce qu’un jeu acheté devient disponible automatiquement sur le PS Now » la réponse est à ma connaissance non. Ce qui est bien dommage puisqu’effectivement celà assurerait une rétrocompatibilité à la PS4.
Je pense que je suis trop un ayatollah de la perfection des contrôles pour pouvoir utiliser ce genre de service. Il me faut une manette qui me plait et il faut que celle ci réagisse suffisamment correctement. alors, ça dépend du jeu, je joue notamment a fifa, et bien sur dans ce jeu, il y a une inertie dans les joueurs déjà bien présente, mais d’un, une certaine partie du jeu se situe dans le 10eme de seconde juste avant un evenement et d’autres part, rajouter a cette inertie la rendrait tout simplement pire et j’imagine plus chiante a jouer.
Bref, en un mot comme un mille, j’imagine qu’avec un ping honete mais pas non plus transcendant (je ping à genre 15/20ms, je ne sais pas pour les serveurs ps now) ca doit rajouter tout de suite un ‘input lag’ qui devrait rendre certains jeux nettement moins pratique a jouer, sans que ceux ci soient pourtant des jeux d’actions a la milliseconde.
En ce qui concerne l’article, la comparaison a Netflix souffre d’un probleme a mon gout : il n’y a pas l’equivalent de l’input lag chez Netflix ;p c’est juste de la ‘télé’ sans contrepartie sur sa qualité. Et surtout Netflix propose de l’originalité, exemple : ma femme vient de prendre un mois pour regarder une serie et c’est clairement le meilleur rapport qualité / prix pour voir cette serie originale. Tandis que le ps now propose que des vieilleries.